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Centre commercial de Nairobi: d'où viennent les images de la prise d'otages (PHOTOS)

D'où viennent les images de la prise d'otages de Nairobi
AFP

L'attaque du centre commercial de Nairobi est l'une des rares prises d'otages que le public a pu vivre en images de l'intérieur. Depuis les premiers tirs des islamistes shebab samedi, les photos affluent. Elles sont prises aux alentours du Westgate Mall, à la morgue de la capitale kenyane, mais aussi à l'intérieur du centre commercial.

Certaines images viennent directement des otages qui ont pu s'échapper. C'est le cas de cette vidéo amateur prise dans un supermarché du centre, avant que l'otage ne soit extrait par les forces spéciales.

D'autres clichés montrant des otages cachés derrière des comptoirs, des clients fuyant par les escalators et se dérobant dans des couloirs semblent être des captures d'écran de caméras de surveillance. Il n'en est rien: ces photos ont été prises par les photographes qui ont réussi à pénétrer dans le centre commercial.

Un couple de reporters sur place

Les images du New York Times et de l'Agence France Presse sont l'œuvre d'un couple de reporters: Nichole Sobecki, vidéaste pour AFP TV à Nairobi, et son mari, Tyler Hicks, photographe pour le quotidien américain.

Samedi en début d'après-midi, Tyler Hicks se trouve chez un encadreur à deux pas du Westgate Mall pour récupérer ses photos de mariage lorsqu'il a aperçu une foule se précipiter hors du centre commercial. Le photographe se rend sur place, sans son matériel professionnel, mais muni d'un simple appareil dont il ne se sépare jamais.

"Je voyais des gens qui avaient reçu des balles dans la jambe ou dans le ventre (...), d'autres civils les aidaient. Cela a duré une trentaine de minutes", raconte-t-il sur le blog du New York Times.

Tyler Hicks a ensuite récupéré son équipement: un casque en Kevlar et ses appareils photos. C'est sa femme, Nichole Sobecki, qui lui apporte son matériel car elle aussi se rend sur place pour couvrir la prise d'otages.

Le couple connaît le centre commercial et sa configuration, mais Tyler Hicks est contraint de rester aux côtés des forces de police pour savoir où se trouvent les tireurs et éviter de se retrouver seul dans cet immense complexe. Le photographe du New York Times a passé la journée sur le site et deux heures entières à l'intérieur du Westgate Mall. Durant ce laps de temps, il confie n'avoir croisé aucun tireur mais une dizaine de civils morts.

L'unique reporter de télévision dans Westgate

Son épouse, la vidéaste de l'AFP Nicole Sobecki est l'unique reporter de télévision a être entrée dans le Westgate Mall. Elle aussi a confié ses impressions:

"J'ai couvert plusieurs conflits dans ma carrière et je suis habituée aux scènes de violence. J'ai entendu des coups de feu et vu des cadavres en Libye, en Somalie, en Afghanistan... Mais c'est une toute autre impression, totalement surréaliste, que de couvrir une scène de guerre qui éclate brusquement à quelques minutes de la maison, dans un grand centre commercial connu pour ses boutiques de luxe et ses cafés à l'ambiance décontractée où l'on a l'habitude de flâner, de faire ses courses, ou de dîner au restaurant le weekend...", confie-t-elle à l'AFP.

"Sur place, je débarque en pleine débandade. Des dizaines de gens fuient désespérément, se tenant par la main, en larmes. Ceux qui sont indemnes aident à porter les blessés. De simples voitures qui passaient par là se transforment en ambulances improvisées. Devant l'entrée principale du centre commercial, un petit groupe de journalistes s'est formé à côté des équipes de secours", poursuit-elle. "Mon mari et moi nous apercevons vite que rester à l'entrée n'est pas suffisant. Nous comprenons que quelque chose de très grave est en train de se passer, mais nous n'avons aucune idée précise des événements en cours à l'intérieur. Alors, après avoir pesé le pour et le contre, nous décidons d'entrer dans ce centre commercial où un commando d'islamistes somaliens shebab, nous n'allons pas tarder à l'apprendre, est en train de perpétrer une des attaques terroristes les plus sanglantes de l'histoire de l'Afrique."

Le sol "parsemé de cadavres"

"Nous choisissons une rampe d'accès qui mène directement au troisième étage du complexe. Des ambulances y sont stationnées et évacuent des blessés par dizaines. Peu de temps plus tard, l'accès au centre sera bouclé par la police mais pour l'heure, dans le feu de l'action, personne ne songe à nous barrer le chemin. Nous rejoignons une équipe de la police qui s'affaire à bloquer les ascenseurs pour empêcher les attaquants de les utiliser. Juste avant qu'ils ne les désactivent, les portes d'une des cabines s'ouvre et une femme d'une cinquantaine d'années en jaillit en rampant. Elle pousse un long cri avant d'être rapidement escortée à l'extérieur par un policier."

"Depuis l'endroit où nous nous trouvons, je peux voir les étages inférieurs du centre commercial. Le sol est parsemé de cadavres. Au premier étage, une femme s'est aplatie derrière le comptoir d'un café. Elle attend qu'on vienne la secourir, enveloppant dans ses bras deux jeunes enfants. Tous trois seront secourus par la police quelques instants plus tard."

photo nairobi

La vidéaste suit elle aussi l'équipe d'intervention dans une "ambiance irréelle": "La sono du centre commercial continue à émettre ses chansons pop fatiguées. De temps en temps, une rafale d'arme automatique éclate. Une rumeur invérifiable se propage: certains des assaillants porteraient des ceintures d'explosifs."

"Les policiers sécurisent les accès vers les sorties de secours et évacuent les survivants terrifiés. Dans un restaurant de sushis, une jeune serveuse et deux hommes ont échappé au massacre en se cachant dans une bouche d'aération.

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Dans un magasin de jouets, un téléviseur allumé diffuse les dernières nouvelles de l'attaque. Dans un cinéma, les agents lourdement armés prennent position sous une affiche du dernier film d'action avec Matt Damon. Etrange juxtaposition de la réalité et de la fiction...", raconte la reporter.

Nichole Sobecki est restée près de trois heures dans le centre-commercial, sans jamais voir les attaquants.

Près de 48 heures après, le bâtiment est sous contrôle a affirmé le ministre de l'Intérieur kényan ce lundi. Selon le dernier bilan, 62 personnes ont trouvé la mort dans cette prise d'otage, il s'agit de l'attaque la plus meurtrière à Nairobi depuis l'attentat suicide d'Al-Qaïda contre l'ambassade américaine en 1998 ayant fait 200 morts.

» Découvrez les images de l'attaque (les images les plus violentes ne figurent pas dans ce diaporama):

Les images de lattaque du centre commercial de Nairobi

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