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En Grèce, un néo-nazi tue un rappeur antifasciste après une rixe à propos du match Olympiakos-PSG

En Grèce, un néo-nazi tue un rappeur antifasciste

Cette affaire rappelle beaucoup la mort de Clément Méric. Pavlos Fryssas alias Killah P, rappeur grec sympathisant d'extrême gauche âgé de 34 ans (voir la vidéo en haut de cet article), est décédé des suites de blessures au couteau. Elles lui ont été infligées dans la nuit de mardi 17 à mercredi 18 septembre près d'Athènes par un membre du parti néo-nazi Aube dorée, qui a reconnu être l'auteur des coups, a-t-on appris de source policière.

Selon plusieurs médias, la bagarre a éclaté à l'extérieur d'une cafétéria pour un différend lié au soccer, encore à éclaircir, qui aurait dégénéré en raison de l'appartenance politique des protagonistes. Comme le rapporte le quotidien grec Avgi citant des témoins sur place, le militant d'Aube Dorée, supporteur de l'Olympiakos, aurait avec une "vingtaine d'autres personnes" vêtues de noir pourchassé et attaqué le rappeur et ses amis à la fin du match de Ligue des champions perdu par le club grec contre le PSG, retransmis dans l'établissement.

La victime est décédée à l'hôpital où elle a été transportée, grièvement blessée. Le jeune homme était un militant antifasciste et sympathisant d'un petit mouvement d'extrême gauche, Antarsya, selon les premiers éléments de l'enquête.

Vous pouvez écouter l'un de ses morceaux dans cette vidéo diffusée en 2011:

Comme l'écrivait L'Express avant le match, l'Olympiakos est connu pour ses nombreux supporteurs "ultras" mais aussi ses hooligans, notamment d'extrême-droite. Il existe par ailleurs de très vives tensions entre le club du Pirée et le grand rival du Panathinaïkos d'Athènes, qui donnent lieu à des affrontements récurrents.

Le suspect reconnaît l'homicide

Le suspect, interpellé en possession d'un couteau, a reconnu l'homicide et admis "appartenir à un parti politique". Il s'agit, selon la police, du parti néo-nazi Aube dorée. Une perquisition était en cours mercredi matin dans les locaux du parti, non loin du centre d'Athènes. Aube dorée a réfuté toute implication dans les faits, dénonçant une "exploitation politique".

Aube dorée, qui compte 18 députés au Parlement grec, est soupçonné d'avoir orchestré plusieurs attaques contre des immigrés et des militants de gauche, ce qu'il dément, et plusieurs de ses députés sont poursuivis pour violences. Keratsini, à l'ouest d'Athènes, où a eu lieu l'agression, est une commune voisine de Perama, près du port du Pirée, où huit jeunes communistes avaient été blessés vendredi 13 septembre lors d'une attaque attribuée à un groupe du parti néo-nazi alors qu'ils collaient des affiches.

Appel à manifester

"Les fascistes ont tué Pavlos Fryssas pour son action antifasciste", a réagi Antarsya, appelant à des rassemblements à 15h sur les lieux du drame et dans tout le pays. Le "Front uni contre le fascisme et la menace raciste" a décrit dans un communiqué une véritable "embuscade" tendue à la victime et un "groupe de jeunes antifascistes" par une quarantaine de militants néo-nazis "vêtus de noir", portant des gants et armés de gourdins.

Le porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglou, a "dénoncé" ce meurtre à la radio Alpha et a promis de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir de tels faits.

La journée de grève du secteur public assombrie

Les observateurs politiques estiment que la Grèce n'est pas à l'abri d'incidents au cours des manifestations prévus ce mercredi 18 septembre dans le cadre d'une journée de grève du secteur public qui pourrait faire basculer le fragile équilibre de la coalition gouvernementale.

Du fait de l'explosion du chômage depuis le début de la crise en 2010, et les mesures drastiques d'austérité, Aube dorée est sur la pente ascendante. Il a gagné environ quatre points dans les sondages ces derniers mois, à environ 13%.

Deux manifestations étaient prévues dans la matinée a Athènes, à partir de 7h30. Grévistes et manifestants, dont le mouvement a démarré en début de semaine avec une grève des enseignants, protestent contre une réforme de l'administration qui concerne des milliers d'emplois, menacés de changements d'affectations ou de suppressions pure et simple.

Au total 25 000 fonctionnaires doivent être mis en disponibilité, et 4000 licenciés, d'ici la fin de l'année, pour réduire la dépense publique.

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