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Charte des valeur: Stephen Harper prédit son échec, Thomas Mulcair aiderait financièrement les victimes

Charte: Harper prédit son échec

OTTAWA - Stephen Harper prédit que la charte des valeurs québécoises est tout simplement vouée à l'échec, compte tenu du caractère minoritaire du gouvernement de Pauline Marois. Bref, pas la peine de s'emballer pour une initiative qui risque «d'aller nulle part».

Le premier ministre, qui répondait pour la première fois à des questions sur le texte controversé mis de l'avant par le gouvernement du Parti québécois, a assuré que si une province devait adopter une législation discriminatoire, le fédéral agirait.

Mais si, à ses yeux, Ottawa aurait le «devoir» d'intervenir, il croit qu'il n'aura pas à le faire.

«Malgré, évidemment, le désir du gouvernement péquiste d'avoir des confrontations dans la société, avec Ottawa, avec d'autres provinces, la réalité est que trois des quatre partis de l'Assemblée nationale s'opposent à cette charte», a insisté M. Harper en point de presse à Vancouver, lundi.

«Et avec un gouvernement minoritaire, c'est impossible de faire adopter une telle charte dans une telle situation.»

Selon M. Harper, les priorités des Québécois, comme du reste des Canadiens, tournent autour de l'économie, de la création d'emploi et de la lutte contre le crime. Et son analyse est que l'opinion publique sur la question est «en train de changer».

«Moi j'ai beaucoup de confiance sur le gros bon sens des Québécois dans ce débat», a-t-il noté.

À Québec, le ministre responsable du dossier, Bernard Drainville, a répliqué en demandant au premier ministre Harper «de respecter le droit des Québécois de décider d'une façon démocratique des règles communes et des valeurs communes qu'ils souhaitent se donner».

À l'entrée d'une réunion du caucus des députés péquistes, M. Drainville a lancé un appel au calme, en demandant à tous de respecter le point de vue de l'autre.

Il a réaffirmé rechercher le plus large consensus possible, «et on pense qu'on va y arriver à force de discuter», a-t-il dit à propos de la charte, qui fera l'objet d'un projet de loi cet automne.

Le débat autour du projet de charte «est bien lancé», a-t-il ajouté en point de presse, notant que depuis la publication, la semaine dernière, des orientations gouvernementales, pas moins de 80 000 visiteurs avaient consulté le site Internet de la charte et que 8000 personnes avaient laissé un commentaire.

Un sondage publié lundi dans le Journal de Montréal suggère que les Québécois sont fortement divisés sur la charte, 43 pour cent se disant en faveur et 42 pour cent s'y opposant, le reste n'ayant pas d'opinion.

NPD

La déclaration de M. Harper survient le même jour où le chef de l'opposition officielle, Thomas Mulcair, a indiqué que le Nouveau Parti démocratique (NPD) n'hésiterait pas à financer les recours légaux d'éventuelles victimes de discrimination, advenant l'adoption de la charte.

Le chef néo-démocrate a pris vigoureusement position contre le document lorsqu'il a été dévoilé la semaine dernière, arguant que la charte allait instaurer une discrimination mandatée par l'État québécois.

En point de presse à Ottawa lundi, il est allé plus loin en affirmant avoir discuté avec son ami et conseiller Julius Grey, avocat spécialisé dans les libertés individuelles, qui lui a indiqué son intention de défendre devant les tribunaux les victimes de cette charte.

«Julius Grey et moi avons parlé de ça dès que ça a été publié la semaine dernière. Il est d'accord pour prendre toute cause de toute personne qui sera éventuellement affectée par ça», a dit M. Mulcair.

Questionné à savoir si le NPD serait prêt à contribuer financièrement à des causes légales en ce sens, il a indiqué qu'il le ferait «sans aucune hésitation».

«Dans mon expérience, le public aime bien un parti politique qui se tient debout et qui dit qu'on a des principes et qu'on va les défendre», a dit M. Mulcair.

Il n'a toutefois pas été précisé quels frais son parti accepterait de rembourser.

Joint au téléphone, Me Grey a souligné que la question des recours légaux était hypothétique parce qu'on ne savait pas si la charte serait adoptée ou sous quelle forme.

«Prenant pour acquis que c'est cette forme-là, je serais prêt à défendre avec M. Mulcair et les autres les gens qui risqueraient de perdre leur emploi à cause d'une prohibition», a noté Me Grey, citant en exemple «quelqu'un qui est avocat ou médecin à qui on dirait: pas de kippa, pas de hijab, pas de turban».

Me Grey pourrait accepter de travailler bénévolement, mais l'évaluation se ferait au cas par cas.

«J'ai mentionné très, très brièvement (à M. Mulcair) qu'on comprend qu'il n'y aurait pas de profit à faire. Ce serait largement pro bono.»

Prorogation

Le débat sur la laïcité fait rage alors que le Parlement aurait dû recommencer ses travaux sur la colline à Ottawa. M. Harper a toutefois choisi de le proroger, remettant le début de la session d'automne au 16 octobre.

Pour M. Mulcair, cette situation est inadmissible. Ainsi, au cours du prochain mois, à l'heure de la traditionnelle période de questions en Chambre, le NPD posera au gouvernement ses questions «virtuelles» sur Twitter. L'exercice a été lancé lundi, mais le parti n'a récolté pour l'instant que peu de réponses de ses adversaires conservateurs.

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