Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Phonebloks: le concept de ce téléphone fait le tour du web, mais est-il réalisable? (VIDÉO)

Le Phonebloks a-t-il une chance de voir le jour? (VIDÉO)

C’est le concept qui a fait le tour du Web cette semaine: Phonebloks, un téléphone composé de petits blocs interchangeables qui permet d’éviter de jeter son mobile lorsqu’une seule pièce lâche et de le personnaliser à volonté.

Imaginé par Dave Hakkens, un designer néerlandais de 25 ans, Phonebloks a été présenté le 10 septembre avec une vidéo publiée sur YouTube. Généralement, les vidéos de ce petit inventeur récoltent quelques milliers de vues, pas plus. Pour Phonebloks, c’est différent...

En trois jours, la vidéo de présentation (voir ci-dessus) a été vue près de 7 millions de fois sur YouTube et 300.000 internautes ont déjà affiché leur soutien à ce projet sur les différents réseaux sociaux. En France, Phonebloks a fait partie des sujets les plus mentionnés sur Twitter et il est difficile de trouver un site d’information n’ayant pas parlé de ce “portable écolo” que l’on imagine déjà en concurrent de l’iPhone. Ça n’est d’ailleurs pas un hasard si Dave Hakkens a présenté son concept le jour même où Apple annonçait ses nouveaux smartphones.

Aucun doute, Phonebloks a trouvé son audience. Mais ce projet a-t-il seulement une chance de voir le jour? Le HuffPost a posé la question à des experts.

Technologiquement, c’est faisable

Pour Bruno Salgues, directeur des études à l’Institut Mines-Télécom, Phonebloks “n’a rien d’aberrant”. L’auteur de 30 ans de téléphonie mobile rappelle même que ce système “en Lego” est fréquemment utilisé dans les laboratoires. Pouvoir changer les pièces et faire évoluer son appareil, c’est d’ailleurs ce qui se fait avec les PC depuis de nombreuses années. Ouvrir son unité centrale pour remplacer un composant, ajouter de la mémoire ou même changer la carte graphique est courant.

Selon lui, ce mobile ne serait pas plus grand que les autres, ni même plus cher que ce qui existe aujourd’hui sur le marché. “On pourrait imaginer un téléphone de base pour 100 euros et un prix pour chaque nouvel élément et un téléphone complet reviendrait au même prix que les smartphones actuellement sur le marché”, affirme le spécialiste.

Des défis techniques à relever

Malgré tout, le concept de Phonebloks soulève quelques interrogations chez les experts. “Comment connecter les différents éléments entre eux?, se demande Bruno Salgues. La connectique a toujours été une source d’ennuis, c’est d’ailleurs pour cela que l’on a créé les microprocesseurs, des processeurs dans lesquels tous les composants ont été miniaturisés pour être regroupés dans un même circuit, rappelle le chercheur. Actuellement, on préfère intégrer plutôt que de multiplier les connecteurs. Ce que propose Phonebloks c’est une autre stratégie, qui peut poser problème.”

Puis il y a la question des logiciels. “Dans un smartphone, il existe les logiciels gravés dans la puce de l’appareil et ceux qui sont dans sa mémoire, rappelle Bruno Salgues. Avec Phonebloks, comment faire en sorte que les logiciels permettant d’activer les différents composants soient compatibles avec la puce du téléphone?”, se demande-t-il.

Selon cet expert, ce modèle de téléphone poserait donc de gros problèmes de mise à jour et de compatibilité entre les divers éléments, notamment sur le long terme. “Les nouvelles options de votre téléphone nécessiteront peut-être une nouvelle brique… mais aussi une nouvelle puce, prévoit le chercheur. Je ne suis pas convaincu que cela soit écologique et économique.”

Un nouveau modèle économique

Pour Thierry Isckia, enseignant chercheur chez Télécom École de Management, “ces défis technologiques seront certainement réalisables à terme, peut-être pas dans les mois à venir mais c’est possible.” Selon cet expert du management de l’innovation, le vrai défi de Phonebloks c’est le “business” car ce téléphone “propose un tout autre modèle”. Une stratégie ouverte contrairement aux géants du marché tels qu’Apple qui a verrouillé à l’extrême son écosystème.

“Pour que Phonebloks marche, il va d’abord falloir un OS ouvert [système d'exploitation, comme Android ou iOS, ndlr], explique Thierry Isckia. Puis il va falloir convaincre les industriels du secteur de jouer le jeu. Un défi de taille dans ce secteur oligarchique.”

Selon Thierry Isckia, ce “beau projet” s’oppose au système en place, mais il existe assez de petits acteurs sur ce marché pour que Phonebloks puisse trouver des collaborateurs, des fabricants de composants intéressés, et que le projet se concrétise. Ils ont tout pour créer un business model qui fonctionne”, poursuit le chercheur convaincu que ce nouveau modèle pourrait faire entrer de nouveaux acteurs sur le marché. “Imaginez un fabricant d’appareils photos se lançant dans la fabrication d’objectifs pour Phonebloks…”

À en croire les experts, Phonebloks pourrait bien devenir réalité... à condition de relever ces défis et de trouver les financements. Pour l’instant le projet a seulement été mis en ligne sur la plateforme Thunderclap pour lui donner de la visibilité sur les réseaux sociaux. La prochaine étape pourrait être une campagne de financement participatif, mais Dave Hakkens n’a pas encore associé son projet à une plateforme de crowdfunding, peut être pour se laisser de temps de trouver un industriel intéressé.

Phonebloks en images

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.