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Armes chimiques en Syrie: comment le régime d'Assad complique le contrôle de son arsenal

Armes chimiques: comment Assad complique le contrôle de son arsenal
Reuters

SYRIE - La bonne volonté apparente de Bachar al-Assad ne serait-elle qu'un écran de fumée? Alors que l'ONU a annoncé jeudi avoir reçu la demande d'adhésion de la Syrie à la convention de 1993 sur l'interdiction des armes chimiques, le Wall Street Journal affirme ce vendredi 13 septembre que Damas a commencé à disséminer son arsenal chimique sur une cinquantaine de sites différents. Le but? Compliquer la mise sous contrôle international de cet arsenal.

Le journal, qui cite des responsables américains anonymes, affirme qu'une unité militaire spécialisée, l'unité 450, déplace depuis des mois, y compris la semaine dernière, ces stocks d'armes chimiques, qui dépassent le millier de tonnes, selon des experts.

Ces armes chimiques ont commencé il y a environ un an à être déplacées depuis l'ouest de la Syrie où elles sont normalement stockées, vers deux douzaines de sites importants à travers le pays. L'unité 450 a également commencé à avoir recours à des dizaines de sites plus petits, pour un total de quelque 50 sites disséminés à travers tout le pays, selon le journal.

En dépit de cette stratégie, les services de renseignement américain et israélien pensent toujours savoir où se trouvent l'essentiel de ces stocks d'armes chimiques, ajoute le quotidien américain des affaires. "Nous en savons nettement moins qu'il y a six mois quant à la localisation de ces armes chimiques", a toutefois reconnu l'un de ces responsables, cité par le journal.

Mise en garde d'Assad

De nouvelles informations qui font donc douter de la bonne foi de Damas. D'autant que la veille le président syrien, interrogé par un média russe, a émis des conditions au placement sous contrôle international de ses armes chimiques. Bachar al-Assad a exigé des Etats-Unis qu'ils ne menacent plus son pays et cessent de livrer des armes aux rebelles.

"C'est un processus bilatéral [...]. Quand nous verrons que les Etats-Unis veulent effectivement la stabilité dans la région, cesseront de menacer et de chercher à attaquer, et de livrer des armes aux terroristes, alors nous considérerons que nous pouvons mener le processus jusqu'au bout et qu'il sera acceptable pour la Syrie", a-t-il prévenu.

La Russie, à la manœuvre dans les tractations diplomatiques autour de la Syrie, a toutefois appelé à faire confiance à Bachar al-Assad au deuxième jour de discussions russo-américaines tendues sur les armes chimiques à Genève. "Je pense que nous devons saluer cette décision de la direction syrienne" de rejoindre la convention sur l'interdiction des armes chimiques et "je veux exprimer l'espoir que ce sera un pas important vers le règlement de la crise", a déclaré le président russe Vladimir Poutine.

"Tromper" le monde

Des déclarations jugées peu convaincantes par l'opposition syrienne qui a affirmé vendredi que la demande d'adhésion de Damas à la Convention sur les armes chimiques était destinée à "tromper" le monde. La Coalition nationale de l'opposition syrienne a exprimé, dans un communiqué, des "doutes sur la volonté réelle du régime d'adhérer à la Convention".

"Les promesses faites par le régime syrien ne sont que de nouvelles tentatives pour tromper la communauté internationale et l'empêcher de le punir pour ses crimes", a ajouté l'opposition, en référence à l'attaque aux armes chimiques du 21 août qui a fait des centaines de morts près de Damas et qui a été imputée par l'opposition et plusieurs pays, dont les Etats-Unis, au régime de Bachar al-Assad.

"Il ne peut y avoir de progrès que si la communauté internationale décide de contraindre le régime syrien à respecter ses engagements selon un calendrier précis et lui signifie qu'une action militaire reste d'actualité s'il ne coopère pas", a ajouté la Coalition.

Un processus très long et très cher

À la lumière des révélations du Wall Street Jounal, la destruction de l'arsenal chimique du régime syrien apparaît comme une tâche de plus en plus ardue. "Ce sera probablement l'affaire de quelques années avant de pouvoir faire l'inventaire de l'arsenal chimique syrien, de le mettre sous contrôle et ensuite de le démanteler et de le détruire", a expliqué à l'AFP Olivier Lepick, spécialiste de la Fondation pour la recherche stratégique. Un inventaire d'autant plus difficile à réaliser si le régime s'échine à disséminer ses armes.

À titre de comparaison, "la Russie, qui possédait 40.000 tonnes d'armes chimiques et les Etats-Unis, qui en possédaient 30.000 tonnes, ont commencé à détruire leur arsenal chimique à la fin des années 90. Aujourd'hui, ce processus n'est toujours pas fini...", précise-t-il.

Et au-delà de la question du temps que prendra un démantèlement éventuel, se pose aussi celle du financement. "La destruction des plusieurs centaines de tonnes d'agents chimiques de l'arsenal syrien coûtera probablement plusieurs centaines de millions de dollars", estime Olivier Lepick qui souligne que "personne ne sait aujourd'hui qui va payer" cette somme. Mais avant d'en arriver là, encore faut-il que le régime syrien tienne ses engagements.

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