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Université de Montréal: explosion des coûts pour l'implantation d'un logiciel de gestion

Université de Montréal: explosion des coûts pour l'implantation d'un logiciel de gestion
man lying down on bamboo floor...
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EXCLUSIF - Alors que plusieurs universités du Québec crient au sous-financement, l’Université de Montréal a déboursé 61% de plus que le budget initial alloué pour l’acquisition d’un logiciel de gestion qui connaît des ratés. Une somme qui équivaut à près de la «moitié de la dette de l’université», dénoncent les syndicats.

«On est tombé en bas de notre chaise quand nous avons appris le coût, critique Jean Portugais, président du Syndicat général des professeurs de l’Université de Montréal (SGPUM). C’est un beau cas de mauvaise gestion des dépenses publiques, surtout pour un système qui ne fonctionne pas.»

Même son de cloche pour la présidente du Syndicat des employés (SEUM), Margaret Lapointe. «C’est énorme comme dépense, s’insurge-t-elle. C’est une dépense discutable, d’autant plus qu’il y a eu d'importants problèmes d’implantation.»

Un système difficile à implanter

C’est en 2008 que l’Université de Montréal décide de changer son système informatique de gestion pour implanter le logiciel Peoplesoft, alias SYNCHRO, propriété d’Oracle. Le budget initial prévu était alors de 52,7 M$.

Or, en 2011, le Conseil de l’Université révise le budget, qui grimpe ainsi à 84,7 M$. Ce nouveau chiffre a été présenté par Louise Béliveau, vice-rectrice aux affaires étudiantes et au développement durable lors de l’Assemblée universitaire du 13 mai 2013, a fait savoir à ses membres le SGPUM dans un article.

«Il s’agit d’une hausse de 61% du budget alloué au déploiement des trois volets du PGI, soit Finances, Ressources humaines et Académique», écrit le SGPUM le 3 juin 2013 dans l'article dont Le Huffington Post Québec a obtenu copie.

«À titre de repère, signalons que ce montant représente plus de la moitié de la dette de l’Université de Montréal, évaluée à 162,5 M$, poursuit le SGPUM. Voilà qui constitue une dépense énorme aux yeux des membres de la communauté universitaire touchés par maintes restrictions».

Incompatibilité de culture

Parmi les problèmes d’implantation, les syndicats dénoncent notamment des «erreurs dans les salaires, des contraintes relatives à l’intitulé des cours, des difficultés d’interprétation des dossiers du cheminement des étudiants, des traductions incomplètes et le non-respect du français».

Une partie des problèmes d’implantation serait attribuable à une incompatibilité de langue et à la difficulté de comprendre le système d’éducation québécois, explique le président du SGPUM. «Ils ont acheté un système anglais (américain) alors qu’il existait des systèmes francophones. Ce n’est pas surprenant qu’il y ait des problèmes», pense Jean Portugais.

Le logiciel aurait également commis des erreurs dans les notes et les moyennes cumulatives des étudiants. Informée de la situation, la vice-rectrice a confirmé au SGPUM que «les étudiants ont été dûment informés et que les correctifs requis seraient effectués», lit-on dans l’article du SGPUM.

Une affirmation dont doute le SGPUM. «Depuis deux ans qu’on nous dit la même chose et les problèmes sont toujours là», dénonce le président, indiquant que le logiciel a causé également des maux de tête lors de la rentrée scolaire 2013.

Mauvaise évaluation des coûts

Conseiller principal pour le bureau des communications et des relations publiques pour l’Université de Montréal, Mathieu Fillion convient que le logiciel SYNCHRO a occasionné des coûts supplémentaires.

«Plusieurs choses n’avaient pas été évaluées dans le budget initial, dont les coûts pour la formation des employés pour l’utilisation du logiciel ainsi que la fusion avec l’ancien et le nouveau logiciel», a-t-il donné comme exemple.

Du côté du SEUM, on se demande pourquoi ne pas avoir utilisé les ressources de l’université. «Des étudiants auraient pu être mis à contribution au lieu d’aller chercher l’expertise à l’extérieur», estime Margaret Lapointe.

«On parle de sous-financement dans les universités. Mais pourquoi le gouvernement n’intervient pas pour faire, par exemple, un seul modèle de gestion informatique, surtout que la majorité des universités du Québec ont eu d’importantes dépenses pour des systèmes similaires?», s’interroge Jean Portugais, professeur en didactique des mathématiques.

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