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Dépendance à Internet: peut-on vraiment se désintoxiquer de la Toile?

Peut-on vraiment se désintoxiquer d'Internet?
Getty

L'information a fait le tour du web car, forcément, c'est le premier concerné. Aux États-Unis: un hôpital privé propose une cure de désintoxication pour accros à Internet.

Durée: 10 jours, dont 72 heures de sevrage total, période pendant laquelle le patient sera privé d'accès à Internet, mais aussi de tablette et de smartphone, bref, de tout vecteur d'Internet. Suivent ensuite des séances de thérapie, séminaires et autres traitements. Coût total de la cure: 14 000 dollars.

Une addiction comme les autres

Excessive, l'idée d'une cure de désintox? Pas forcément. L'année dernière, une équipe de chercheurs chinois avait repéré de nombreuses similitudes dans le développement des cerveaux d'individus accros aux réseaux, et ceux d'alcooliques et de joueurs.

Certains pays qui dénombrent un grand nombre d'individus dépendants ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps. Au Japon, le gouvernement a récemment annoncé qu'il voulait mettre en place des camps de désintox pour ses ados les plus accros. Il en existe déjà en Corée, ou encore Chine.

Au Massachussets Institute of Technology (MIT), deux étudiants ont même mis au point un système délivrant des chocs électriques à ceux qui passeraient trop de temps sur Facebook.

Autant dire qu'à côté, la cure de désintox américaine fait figure de promenade de santé. Mais, outre son coût exorbitant, peut-elle être vraiment efficace?

Trop court

"Dix jours, c'est beaucoup trop court, répond l'addictologue Laurent Karila, quant à la période de sevrage, elle n'a pas réellement de sens tant Internet fait aujourd'hui partie intégrante de nos vies".

Autre question: accro à Internet, qu'est-ce que cela signifie? "Le plus souvent, on utilise Internet dans la quête ou le besoin d'autre chose," continue-t-il. Sexe, jeux d'argent ou jeux vidéos, une addiction peut en cacher une autre qui mérite souvent d'être affrontée à beaucoup plus long terme.

Internet ne serait donc rien de plus qu'un vecteur, dont l'impact est renforcé par les nouveaux outils. "Les smartphones agissent comme des doudous pour adultes, ils nous aident à lutter contre le vide, l'ennui, la souffrance", analyse Laurent Karila.

Et c'est bien dans ce contexte que les addictions au web doivent être traitées. Problème: l'usage d'Internet est désormais tellement intégré à notre quotidien que le comportement addictif peut-être perçu comme normal.

Identifier ce besoin à la source

Comme un pied de nez au web 2.0, les critères de "dépistage" de dépendance au web datent pourtant du milieu des années 1990 et n'ont rien perdu de leur validité.

Débordement de l'usage d'Internet sur la vie privée, syndrome de manque, répercussions sur la vie de famille ou de couple, plaintes de l'entourage, altération des performances scolaires ou professionnelles, dépression ou encore irritabilité, ils rappellent évidemment d'autres addictions.

Une fois la dépendance à internet avérée, que faire? "Commencer par réduire les temps de connexion," répond Laurent Karila.

Plus facile à dire qu'à faire, évidemment, c'est pourquoi il est important de repérer les éléments déclencheurs de la connexion. Pourquoi ai-je envie de me connecter? À quoi ai-je envie d'échapper? Qu'est-ce que je viens chercher? L'une des astuces que l'addictologue propose à ses patients est de noter dans un carnet ou directement sur son smartphone ses temps de connexion.

Se faire aider

"Quelqu'un qui sent qu'il déborde doit se faire aider," explique-t-il. Objectif: développer une stratégie personnelle pour contenir sa dépendance, identifier ces schémas de pensée qui pourraient nous induire en erreur, apprendre à dire non, analyser ses motivations à se connecter et apprendre à généraliser ces stratégies à différents problèmes de la vie.

Peut-on se désintoxiquer d'Internet? La réponse est donc oui, mais mieux vaut prévenir que guérir. Et rien de tel que de s'appliquer ces conseils à l'attention des enfants, ces digital natives, forcément plus vulnérables. L'addictologue les évoque dans son livre Accro! (co-écrit avec la journaliste au Huffington Post Annabel Benhaiem, ndlr.).

Au programme: mettre en avant les avantages d'une vie réelle par rapport à une vie virtuelle, encourager son enfant à sortir, à appeler ses ami(e)s, l'encourager à avoir des activités sportives collectives, individuelles ou artistiques, développer ses capacités créatrices, limiter le temps passé sur Internet, éviter les smartphones ou encore y limiter son accès. Comme une évidence.

Découvrez alors dans le diaporama ci-dessous nos conseils pour déconnecter simplement mais efficacement :

Préparez-vous un bon petit plat

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