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Syrie: les 4 raisons d'un non à la guerre dans le monde

La galaxie paradoxale des opposants à l'intervention en Syrie
AFP

Intervenir ou ne pas intervenir? Alors que l'imminence d'une frappe militaire en Syrie semblait inéluctable au vu des déclarations des membres de l'Otan, le parlement britannique a infligé un sévère camouflet à David Cameron, se positionnant contre une intervention en Syrie. Et ce vendredi 30 août, c'est l'Allemagne qui a annoncé son refus d'une intervention militaire.

De quoi donner un élan de motivation aux partisans du "non". Mais ils n'avaient pas attendu de voir les gouvernements de l'Otan se déchirer sur la question. Depuis quelques jours, les opposants à une guerre contre la Syrie se font entendre partout dans le monde, qu'ils soient connus ou non, sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Ainsi, depuis le début de la semaine, plusieurs hashtags (mots-clés) sont utilisés sur Twitter pour dire #NonALaGuerreEnSyrie, et ce dans de nombreuses langues, comme le rappellent nos collègues du HuffPost Maghreb.

Si le slogan, "non à la guerre" est repris par tous, les arguments sont eux très diversifiés. Et ceux qui les tiennent viennent de tous bords. Cette constellation d'opposants réunit effectivement le FN, l'Iran et Angelina Jolie. Retour sur les 4 arguments les plus défendus à travers le monde.

Les pacifistes purs et durs

Cette position est simple à comprendre: non à la guerre, à toutes les guerres. Sur le sujet syrien, les tenants de cette ligne affirment qu'il faut stopper les massacres et l'utilisation d'armes chimiques, mais réfutent toute intervention militaire occidentale et prônent un engagement de l'ONU afin de parvenir, par la diplomatie, à l'arrêt des violences. On trouve ainsi de nombreuses pétitions, en français comme en anglais, appelant à faire parler la diplomatie.

Plusieurs associations et groupes activistes, comme Occupy Wall Street, ont ainsi lancé des messages contre une intervention:

Très présente sur les réseaux sociaux, ce point de vue est aussi soutenu par de nombreux hommes politiques de l'opposition dans le monde, mais aussi par quelques célébrités. Ainsi, Angelina Jolie déclarait: "Je lance un appel aux dirigeants du monde: laissez de côté vos différences, unissez vous pour mettre fin à la violence et faire gagner la diplomatie".

Le précédent de l'Irak

C'est un des arguments qui a fait pencher le parlement britannique en faveur du "non". C'est aussi la raison numéro 1 invoquée par les médias pour expliquer la frilosité des dirigeants occidentaux.

Derrière, deux prises de positions: d'un côté, ne pas partir en guerre avant une décision globale de l'ONU (en 2003, les Etats-Unis avaient envahi l'Irak alors que l'ONU n'avait trouvé aucune preuve d'armes de destructions massives) et ne pas s'embourber dans un pays pendant des années.

C'est avec cet argument que Richard Branson, le fondateur de Virgin, a affirmé que les Etats-Unis ne devaient pas réitérer l'erreur de 2003:

C'est aussi ce qu'estime Lawrence Wilkerson, un homme politique américain qui a participé au rapport de Colin Powell en 2003 qui avait affirmé que des armes de destructions massives étaient détenues par Sadam Hussein. Une information qui s'était révélée fausse quelques années après l'invasion. "Il semblerait que ce soit la même chose encore une fois", a-t-il déclaré à propos du conflit syrien.

En France, le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon a lui aussi appelé à la prudence. Dans un communiqué, il affirme que "le rôle de la France n'est pas de suivre les États-Unis dans leur nouveau délire guerrier, alors qu'ils sont coutumiers du fait d'utiliser n'importe quelle sorte d'argument pour justifier une intervention militaire, comme par le passé en Irak, puis en Libye".

Contre le droit d'ingérence

Autre argument, qui se superpose avec celui des pacifistes: le "non" au droit d'ingérence. Ainsi, si Alain Juppé appelle à "l'ingérence" en Syrie, plusieurs pays s'opposent à une intervention pour la raison inverse.

La Russie, alliée du régime de Bachar el-Assad, n'en finit pas d'appeler les pays occidentaux à ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures de la Syrie. Récemment, en fournissant des missiles à Damas. "Nous estimons que de telles démarches dissuadent certaines têtes brûlées d'envisager le scénario selon lequel le conflit syrien pourrait revêtir un caractère international avec la participation de forces extérieures", a déclaré le vice-chef de la diplomatie russe, cité par l'agence Ria Novosti mercredi 28 août.

Aux côtés de la Russie sur cette position, on trouve bien sûr les autres alliés de Damas, tel la Chine et l'Iran, mais aussi... l'Egypte et Israël.

Toujours selon Ria Novosti, le gouvernement égyptien est opposé à de possibles frappes militaires, "conformément à sa position de principe contre toute intervention militaire étrangère dans ce pays", a déclaré le ministère des Affaires étrangères.

Le président israélien Shimon Peres a de son côté déclaré jeudi 29 août qu'Israël n'était pas impliqué en Syrie. Pour autant, si l'Etat hébreux se positionne contre le droit d'ingérence, le président précise que "si quiconque essaie de nous blesser, nous répliquerons de toute notre force".

Plutôt Assad que les rebelles

Comme en Libye, la question de qui récupérera le pouvoir si Bachar el-Assad tombe est problématique. En effet, de nombreux éléments indiquent qu'une partie des groupes rebelles qui ont pris les armes en Syrie seraient affiliés à Al-Qaïda et à différents groupes extrémistes radicaux.

C'est en partie sur ce point que le Front National a justifié son refus d'une intervention en Syrie et son soutien à Damas. Dans une interview au début de l'année, Marine Le Pen dénonçait "la récupération des révolutions par des islamistes" et parle d'un "hiver islamiste".

Des propos quelle a réitéré jeudi 29 août, en demandant à ses followers et abonnés de changer leur photo de profil sur les réseaux sociaux. L'ancienne candidate à la présidentielle se refuse "à soutenir des rebelles islamistes" et met en garde contre "l'engrenage" qui pourrait découler d'une telle action.

L'identité des rebelles est aussi un des arguments développés par l'Iran, allié indéfectible de Damas. Mais c'est ici une question de religion. L'Iran est dominée par les chiites, l'une des trois branches de l'Islam. Le régime syrien est lui majoritairement composé d'alaouites (un groupe ethnique et religieux du nord de la Syrie dont est issu Bachar el-Assad).

A l'inverse, les rebelles syriens sont majoritairement sunnites (une autre branche de l'Islam) et supportés par l'Arabie Saoudite et le Qatar, deux pays où les sunnites sont majoritaires. L'Iran n'a donc aucun intérêt à voir le régime pro-Assad tomber aux mains de rebelles aidés par ses ennemis.

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