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Tout ce que vous pensiez savoir sur le clitoris est probablement faux

La vérité sur le clitoris

L’artiste new-yorkaise Sophia Wallace veut clittéralement vous éduquer – vous, et tous ceux que vous connaissez.

« Il est affligeant et choquant de penser que scientifiquement, le clitoris n’a été découvert qu’en 1998, a-t-elle déclaré au Huffington Post, dans son studio de Brooklyn, la semaine dernière. Mais en réalité, quand on voit l’ignorance qui règne au sujet du corps de la femme, on aurait tout aussi bien pu ne jamais le découvrir du tout. »

Le clitoris, décrit comme la seule partie du corps humain uniquement dédiée au plaisir, n'est pas qu'un simple petit « bouton » caché entre les cuisses des femmes, mais un organe principalement interne dont les gens ne savent pas grand-chose, nous explique Sophia Wallace.

D'après un post de 2011 de Ms. M, bloggueuse du Musée du sexe, le clitoris interne (en jaune sur le schéma ci-dessus) est une structure érectile complexe composée de deux corps caverneux ( qui s'enroulent autour du vagin lorsqu'ils sont stimulés), deux « crus » (corps érectiles reliés au corps du clitoris), deux bulbes vestibulaires et du gland du clitoris (partie que l'on peut voir).

En 1998, l'urologue australienne Helen O'Connell a publié un article dans le Journal of Urology qui décrit purement et simplement la taille et l'étendue du clitoris. Elle écrit que le clitoris au repos, qui est en grande partie interne, peut mesurer jusqu'à 9cm de long, plus long donc qu'un pénis au repos.

Comme Robert King, professeur à l'University College de Cork (Irlande), l'expliquait dans un article paru au mois de juillet dans Psychology Today, la véritable anatomie du clitoris est apparue dans la littérature dès le milieu du XIXe siècle. Cependant, il affirme que les recherches d'Helen O'Connell éclairent le sujet du clitoris comme jamais auparavant.

Robert King, en citant des preuves anecdotiques, ajoute que l'ignorance semble très répandue dans notre société moderne.

« Il est étrange de constater le paradoxe suivant, d'un côté le corps de la femme est la toute première métaphore de la sexualité, on en abuse dans la publicité, l'art et l'imaginaire érotique traditionnel. Pourtant, le clitoris, le véritable organe sexuel féminin, est virtuellement invisible, » a confié Sophia Wallace au magazine Creem en début d'année.

La vaginite

Les infections féminines les plus courantes

« Même dans le milieu de la pornographie, le clitoris est traité comme une option, quasiment effrayante, « Ah, il lui rend un grand service » a-t-elle affirmé au Huffington Post, avant d'ajouter que les femmes ont souvent peur de demander à leur partenaire de leur donner du plaisir. « Je trouve ça incroyable que ce soit toujours le cas en 2013. »

L'année dernière, pendant son mandat à la Art & Law Residency, Sophia Wallace a travaillé sur un projet multimédia qui, espère-t-elle, contribuera à faire disparaître ces idées fausses et soulever la voile sur l'ignorance qui entoure le corps de la femme.

Subtilement intitulé « Cliteracy » [mélange des mots clitoris et literacy], ce projet, qui est en cours, inclut « les 100 lois de la cliteracy » de Sophia Wallace, de l'art de rue sur l'organe, ainsi qu'un « rodéo clitoridien », composé de d'une installation interactive d'un immense clitoris doré.

Qu'est-ce que la cliteracy ?

« Je voulais aborder les organes féminins d'une manière qui n'existait pas jusqu'à présent », explique Sophia Wallace. « Pour moi, le terme « cliteracy » resume tout à fait le concept du projet. Cette formulation lapidaire et magique illustre de façon aussi rapide que simple le projet. Il illumine l'idée de total illetrisme qui règne lorsqu'il s'agit du corps féminin. »

Les 100 lois naturelles de la cliteracy

Trois mètres de large sur quatre, un néon lumineux « Cliteracy » de six mètres pendu au plafond, l'installation « 100 lois naturelles » de Sophia Wallace, comme elle la décrit elle-même, est « monumentale par sa taille et son envergure ».

« Je voulais créer quelque chose de si grand que même un joueur de football américain ou de basketball se sentirait petit à côté », explique-t-elle. « On ne peut pas simplement y jeter un coup d'oeil et s'attendre à tout comprendre. Il faut prendre son temps et y penser. »

A l'aide de données scientifiques, d'information historiques, ainsi que de références à l'architecture, la pornographie, la culture pop et les droits de l'homme, les « 100 lois » ont été un moyen pour Sophia Wallace de poser les bases de son « combat pour le clito », affirme-t-elle.

« J'ai choisi d'utiliser les lois naturelles car leur autorité est supérieure à celle des états, des pays et des religions. Les lois naturelles sont inaliénables. Dans la plupart du monde, les femmes ne sont pas maîtres de leur propre corps, et même aux Etats-Unis, les femmes acceptent trop souvent d'avoir des rapports sexuels qui ne leur apportent aucun plaisir, » confie-t-elle à Creem.

L'une des anecdotes les plus fascinantes des « 100 lois » est celle d'un médecin français du nom de Pierre Foldes qui, grâce à des découvertes récentes en anatomie du clitoris, a inventé une méthode pour réparer les dommages causés par la mutilation génitale des femmes. En ôtant des tissus cicatriciels de la vulve et en abaissant (ainsi révélant) une partie du clitoris interne, il a ainsi pu permettre à plusieurs milliers de femmes qui avaient été excisées d'avoir à nouveau du plaisir.

Jusqu'à récemment, Pierre Foldes semblait être le seul médecin au monde à pratiquer ce genre d'opération. Depuis, de nombreux médecins ont adopté sa technique.

« Lorsque je suis rentré en France pour traiter la mutilation génitale, j'ai été effaré par le fait que personne n'ait jamais essayé, » soutient-il, d'après un article de 2011 sur le clitoris interne du blog du Musée du sexe. « La littérature médicale nous montre notre mépris envers les femmes. Pendant trois siècles, il y a eu des miliers d'ouvrages sur les chirurgies du pénis, aucun sur le clitoris, à l'exception de quelques cancers et cas dermatologiques, et rien du tout sur la restauration de sa sensibilité. L'existence même d'un organe du plaisir est niée, médicalement. »

L'art de rue

Afin que les gens parlent du clitoris, Sophia Wallace a couvert les murs de New York City de posters et de slogans de cliteracy.

« Il s'agit d'une campagne de pub pour le clitoris, définit-elle son installation d'art de rue illégale. Après tout, qui, plus que le clito, a besoin de publicité ? ».

« Ce projet n'a jamais été pensé pour se retrouver sur les murs blancs d'une galerie. Je veux que le clito devienne un symbole et soit à l'origine d'un nouveau langage pour le corps et la sexualité », confie Sophia Wallace avant d'ajouter qu'elle veut que son projet d'art de rue devienne mondial.

Rodéo clitoridien

Grâce à l'aide du sculpteur Kenneth Thomas, l'artiste a créé un clitoris doré anatomiquement juste (et chevauchable !) qui a fait ses débuts au Wassaic Project Summer Festival à New York au début du mois. L'organe géant était la star du « Rodéo clitoridien », une performance interactive avec la participation de membres du public pour jouer et dancer avec le clitoris géant dans le but de gagner des prix.

« [C'était] une invitation lancée au public de goûter à un espace dépourvu de la honte, des tabous et du silence qui entourent habituellement les conversations sur la sexualité, et plus particulièrement les organes génitaux féminins » décrit Sophia Wallace, qui prévoit d'envoyer son rodéo clitoridien dans d'autres régions des Etats-Unis.

« Les gens ne pouvaient pas s'empêcher de regarder [le clitoris], de le toucher, de monter dessus, de s'en approcher. Il a une certaine aura. Il n'y avait pas que des femmes sur le clito, pas que des hommes non plus, tout le monde participait. »

T-shirt cliteracy

« Si vous voyez un homme marchant dans la rue avec un t-shirt « Solid Gold Clit » [Clito en or massif], le but est de créer une expérience sociale : que signifie avoir un « clito » sur son t-shirt ? C'est intéressant de voir ces mots au grand jour et de voir comment ils agissent et comment les gens répondent », explique Sophia Wallace au sujet de sa ligne de vêtements qui portent des slogans de cliteracy.

« C'est génial de voir à quel point le dialogue peut s'ouvrir. Le but ultime est en effet d'ouvrir la conversation. »

Wallace affirme que son projet est devenu viral depuis son lancement, déclenchant de nombreuses réactions du public aussi bien physiques, aux expositions, que virtuelles sur les plateformes de médias sociaux tels que Tumblr.

« C'est un vrai succès partout où elle a eu lieu. Les gens ont envie de pouvoir aborder le sujet. Je suis ravie que ce soit devenu viral et j'espère que la diffusion va continuer. Je veux absolument que les gens en parlent et sérieusement, ce n'est que le début. »

D'après Sophia Wallace, tout le monde devrait parler de la cliteracy.

Bien que le sujet puisse sembler être limité aux discussions sur le corps et la sexualité de la femme, Sophia Wallace insiste sur le fait que c'est beaucoup, beaucoup plus vaste.

Le projet n'est pas seulement universel (« J'aime voir des hommes défendre le clitoris », confie-t-elle, cette conversation libère les gens de leur genre), le clitoris peut être perçu comme une « métaphore de la liberté, de la souveraineté du corps et de la citoyenneté ».

« La cliteracy, c'est de ne pas voir son corps contrôlé ou réglementé. Ne pas avoir accès au plaisir, qui est un droit de naissance, est un acte politique fort. »

« Pour moi, cela a toujours été plus profond. Il faut faire tomber les murs. »

Pour en savoir plus sur la cliteracy, regarder Sophia Wallace expliquer son projet en détails dans la vidéo ci-dessus et parcourer ce powerpoint reprenant quelques unes des « 100 lois ».

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