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Armée syrienne : ce à quoi seront confrontés les occidentaux en cas d'intervention militaire

Armée syrienne : ce qui attend les occidentaux
Russian air defense missile system Buk-M2 is on display at the opening of the MAKS Air Show in Zhukovsky outside Moscow on Tuesday, Aug. 27, 2013. Russia has supplied similar missiles to Syria. (AP Photo/Ivan Sekretarev)
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Russian air defense missile system Buk-M2 is on display at the opening of the MAKS Air Show in Zhukovsky outside Moscow on Tuesday, Aug. 27, 2013. Russia has supplied similar missiles to Syria. (AP Photo/Ivan Sekretarev)

"Nous avons des moyens de défense qui vont surprendre les autres", a indiqué mardi 27 août le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem. Une allusion aux États-Unis et à ses alliés, qui envisagent de plus en plus sérieusement des frappes contre le régime de Bachar al-Assad. Puissant allié de la Syrie, la Russie a également mis en garde les capitales occidentales menées par les Etats-Unis. "Ce ne sera pas une victoire facile", a ainsi déclaré une source militaro-diplomatique russe, citée mardi par l'agence Interfax.

De quels moyens militaires dispose le régime Syrien? La réponse à cette question explique en partie pourquoi la communauté internationale n'a pas réagi jusqu'alors. "On disait que l'armée syrienne allait rapidement perdre le conflit. C'était il y a deux ans et elle est en passe de le gagner", indique au HuffPost Philippe Migault, spécialiste des conflits armés et directeur de recherches à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), en France.

Selon lui, il ne faut surtout pas sous-estimer la force de frappe syrienne, sans commune mesure avec les moyens dont disposait la Libye de Mouammar Kadhafi avant l'intervention militaire de l'OTAN en 2011. Même si elle reste sur le papier l'une des plus importantes du monde arabe, derrière la Jordanie notamment, l'armée syrienne a vu ses capacités largement entamées par deux ans de guerre civile.

DES EFFECTIFS DIMINUÉS MAIS FIDÈLES

armee syrienne

L'armée syrienne compte en théorie 178.000 hommes dont 110.000 dans les forces terrestres, 5000 dans la marine, 27.000 dans l'armée de l'air et 36.000 dans la défense aérienne. Par ailleurs, une partie des 314.000 réservistes à disposition de l'armée de terre au début du conflit a déjà été mobilisée. 4000 hommes peuvent également venir grossir les rangs de la marine, 10.000 ceux de l'armée de l'air et 20.000 autres ceux des forces de défense aérienne.

A cause de la désorganisation due à la guerre civile, l'IISS ne s'estime plus en mesure d'estimer avec précision les effectifs des forces paramilitaires (qui ne font pas partie de l'armée). Or, ces troupes jouent un grand rôle dans les affrontements contre l'insurrection depuis deux ans. En 2009, elles étaient estimées à 108.000 dont 8000 pour la gendarmerie, sous l'autorité du ministère de l'Intérieur, et 100.000 dans la milice populaire du parti Baas, au pouvoir depuis 1963.

Ces chiffres impressionnants (l'armée de terre française compte à peine 100.000 hommes) doivent toutefois être revus à la baisse après deux années de conflit. "Les capacités nominales d'avant guerre de l'armée ont probablement été divisées par deux en raison des défections, des désertions et des pertes subies", écrivent les experts de l'IISS.

"Faire carrière dans l'armée syrienne avait quelque chose de déshonorant" et de nombreux Sunnites se sont refusés à l'intégrer, indique Philippe Migault. En conséquence, les alaouites, la minorité dont est issue Bachar al-Assad, ont récupéré les postes les plus importants. Après deux ans de conflit face aux sunnites radicaux et aux islamistes qui leur promettent la mort, alaouites et chrétiens n'auront d'autre choix, même en cas d'intervention occidentale, que de rester fidèles à Bachar al-Assad. "Leur survie en dépend", estime le chercheur.

L'IISS estime que les forces d'élite sur lequel le régime est sûr de pouvoir compter sont au nombre d'environ 50.000 hommes. "Des forces solides et disciplinées", juge Philippe Migault.

UN EQUIPEMENT LOURD ET PERFORMANT

armee syrienne

L'armée syrienne est équipée d'un matériel essentiellement d'origine russe voire soviétique et comptait avant le début des affrontements 4.950 chars. "Ce chiffre a été réduit de façon significative pendant la guerre civile", précise l'IISS. Le régime dispose également d'un important arsenal de missiles, dont le commandement se trouve à Alep (nord).

L'armée de l'air a en principe 365 appareils de combat (555 en 2009, deux fois plus qu'en France), la plupart d'origine soviétique. Là aussi, ces chiffres d'avant-guerre sont certainement aujourd'hui bien inférieurs, et selon l'IISS "le niveau de capacité opérationnelle d'une importante partie de la flotte aérienne est probablement faible". L'aviation de combat syrienne, même diminuée, offre toutefois un avantage crucial au régime. "Détruire l'aviation et la marine syrienne ne serait pas un soucis pour les occidentaux, indique néanmoins Philippe Migault, il suffit de viser les pistes d'atterrissage et les ports". Trois navires et 24 avions de combat suffiront pour rendre les forces aériennes syriennes incapables de combattre l'opposition, estimait début août un analyste militaire américain.

Les forces de défense aérienne ont semble-t-il été moins affaiblies par les combats et disposent de plusieurs milliers de missiles sol-air de fabrication russe, dont certains sont récents et potentiellement efficaces. "En tirant des missiles à 1200 ou 1300 kilomètres de la cible, les alliés ne prendraient aucun risque mais leurs frappes n'auront qu'un impact relatif, note ainsi le chercheur de l'IRIS. En revanche, des frappes aériennes les exposeraient à de lourdes pertes."

Par ailleurs, pousuit Philippe Migault, le régime de Damas a largement eu le temps de déplacer ses armes dans des zones résidentielles. Des frappes, même ciblées, entraîneraient de lourdes pertes civiles.

UN MYSTERIEUX ARSENAL CHIMIQUE

L'arsenal chimique syrien est considéré comme l'un des plus importants au Moyen-Orient. Les données publiques étant quasi-inexistantes, il reste difficile d'en mesurer l'ampleur. Le pays dirigé par la famille al-Assad depuis le début des années 70 est l'un des rares à ne pas avoir signé la Convention sur l'interdiction des armes chimiques et n'est donc pas membre de l' OIAC, chargée de contrôler son application.

Débuté dans les années 1970, avec l'aide de l'Egypte puis de l'ex-URSS, le prgramme chimique syrien a notamment été créé dans le but de contrebalancer le programme nucléaire d'Israël. "La Russie dans les années 1990 puis l'Iran depuis 2005 lui ont également fourni un soutien", affirme la Nuclear Threat Initiative, une organisation indépendante recensant les données disponibles sur les armes de destruction massive.

De la dernière génération d'armements chimiques (gazs sarin et VX) aux agents plus anciens comme le gaz moutarde, l'armée syrienne disposerait de "centaines de tonnes" d'agents chimiques selon un expert au centre d'études sur la non-prolifération à l'Institut Monterey aux Etats-Unis. "Leur panoplie d'agents chimiques est assez robuste", estime aussi un spécialiste français à la Fondation pour la recherche stratégique.

A titre de comparaison, le régime du colonel Mouammar Kadhafi (qui avait rejoint en 2004 l'OIAC), devait encore éliminer 11,5 tonnes de gaz moutarde, soit 45 % de son stock initial, lorsque la rébellion s'est déclenchée en février 2011.

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