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Les défis du prochain patron de Microsoft

Les défis du prochain patron de Microsoft

Le prochain directeur général de Microsoft devra trancher: poursuivre la stratégie engagée par Steve Ballmer pour transformer l'entreprise en un groupe présent à la fois dans les matériels et les services, ou renoncer à cette ambition pour concentrer les ressources sur les logiciels qui ont fait son succès.

Le projet de transformation initié par Steve Ballmer - dévoilé six semaines seulement avant l'annonce surprise, vendredi, de son départ à la retraite dans un an au plus tard - prévoit de fonder l'avenir de Microsoft sur les matériels et les services en s'appuyant sur le « cloud », l'informatique dématérialisée.

Mais les ventes décevantes des tablettes Surface, après les tentatives infructueuses pour dégager des bénéfices dans la recherche sur Internet ou dans les téléphones multifonctions, alimentent les doutes sur la viabilité de ce choix.

Depuis des années, des investisseurs appellent Microsoft à distribuer à ses actionnaires les liquidités qu'il investit pour l'instant dans des projets déficitaires ou annexes, et à concentrer ses efforts sur le système d'exploitation Windows, la suite logicielle Office et les activités de serveurs.

L'investisseur activiste ValueAct Capital Management, dont les initiatives récentes pourraient avoir joué un rôle dans la décision de Steve Ballmer de se retirer plus tôt que prévu, passe pour être favorable à une telle stratégie.

Sur les deux derniers exercices, Microsoft a perdu près de 3 milliards de dollars dans le moteur de recherche Bing et d'autres projets Internet, sans compter la dépréciation de 6 milliards liée à l'acquisition de la régie publicitaire en ligne aQuantive. Le groupe a aussi passé une charge de 900 millions liée aux tablettes Surface au cours du dernier trimestre.

Du sang neuf

Pour l'instant au moins, la stratégie de Steve Ballmer n'est pas remise en cause. John Thompson, administrateur indépendant du groupe choisi pour piloter le comité chargé de trouver le prochain directeur général, a assuré vendredi que le comité était « engagé » par le projet de transformation. Mais le choix du comité en dira sans doute long sur la pérennité de cet engagement et sur son ouverture à d'autres options.

« Le choix d'un candidat interne, comme Satya Nadella, le patron des serveurs, ou d'un autre membre de l'équipe Windows, irait dans le sens de cette réorganisation et de ce virage

stratégique », estime Norman Young, analyste de Morningstar. Mais les arguments ne manquent pas pour convaincre que la société a besoin de sang neuf, de quelqu'un qui peut mettre en oeuvre la stratégie, mais aussi apporter un point de vue extérieur. »

Un tel changement d'approche pourrait conduire le groupe à se désengager du jeu vidéo, à abandonner Bing ou à réduire ses investissements dans les tablettes ou d'autres matériels.

Du point de vue financier, les partisans d'une nouvelle stratégie ne manquent pas non plus d'arguments: le cours de l'action Microsoft stagne depuis 10 ans et les actionnaires activistes réclament leur part des 77 milliards de dollars de liquidités accumulées par le groupe, dont 70 milliards détenus hors des États-Unis.

Prochain rendez-vous: 19 septembre

Pour Rick Sherlund, analyste de Nomura, le départ annoncé de Steve Ballmer signifie que le groupe commence à écouter les actionnaires activistes comme ValueAct, ce qui pourrait se traduire par des initiatives en matière de dividende et de rachats d'actions dès le 19 septembre, date de la réunion annuelle entre la direction et les analystes financiers.

Selon une source au sein du groupe, Steve Ballmer a commencé à réfléchir sérieusement à sa succession il y a 18 mois à deux ans, après un avertissement reçu en 2010 lorsque le conseil d'administration avait réduit son bonus à la suite de l'échec cinglant du téléphone portable Kin et l'incapacité du groupe à riposter rapidement au lancement de l'iPad par Apple.

C'est il y a deux ou trois mois que Steve Ballmer est parvenu à la conclusion que le « bon moment pour engager le processus » de succession était arrivé, a précisé la source. Soit peu après l'investissement de 2 milliards de dollars de ValueAct au capital du groupe.

Les résultats mitigés publiés en juillet pourraient avoir scellé sa décision d'annoncer son départ, qu'il n'a communiquée au conseil d'administration que mercredi dernier. On ignore toutefois si le conseil lui a spécifiquement demandé de partir.

Quel que soit son successeur, celui-ci sera confronté à des choix difficiles voire impossibles: engager un mastodonte dans un processus de mue délicat ou le recentrer sur quelques activités rentables centrées sur l'ordinateur individuel.

« Je ne suis pas sûr que quelqu'un puisse faire mieux le boulot de Steve » Ballmer, explique Brad Silverberg, ancien cadre dirigeant de l'activité Windows et cofondateur de la société de capital-investissement Ignition Partners. « C'est un boulot incroyablement difficile, voire infaisable. Peut-être faudra-t-il changer la définition même du poste, ce qui sera le prélude à des changements bien plus importants. »

Reuters

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