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Procès de Hosni Moubarak: l'audience ne pouvait pas plus mal tomber

Le procès de Moubarak ne pouvait pas plus mal tomber
AFP

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le hasard du calendrier a très mal fait les choses. Alors que les affrontements sanglants se multiplient en Egypte ces derniers jours entre manifestants et forces de l'ordre, faisant déjà plus de 650 morts, samedi 17 août se tiendra une nouvelle audience du procès en appel de l'ancien président Hosni Moubarak.

Lors de la dernière audience, le 6 juillet, ses avocats avaient plaidé en son nom "non coupable". Hosni Moubarak est jugé avec ses fils Alaa et Gamal pour corruption et avec d'autres anciens responsables de sécurité pour complicité de meurtre de manifestants lors de la révolte qui a provoqué sa chute en février 2011. La cour criminelle du Caire avait entendu les plaidoiries des avocats de la défense avant de suspendre le procès jusqu'au 17 août.

Si cette dernière audience s'était tenue malgré le renversement de Mohamed Morsi, qu'en sera-t-il samedi? Le pouvoir en place prendra-t-il le risque de devoir surveiller un nouveau point chaud? La question reste pour l'instant en suspens. L'AFP n'a en tout cas pas de nouvelles concernant un éventuel report.

Un sombre air de déjà-vu

Accusé d'avoir été à l'origine de la mort de 850 manifestants, le motif de jugement de Moubarak fait tristement écho à ce qui se passe aujourd'hui en Égypte. Vendredi, le bilan des manifestants actuelles atteignait déjà près de 600 personnes, essentiellement lors la dispersion sanglante au Caire de partisans de Mohamed Morsi, destitué et arrêté par l'armée début juillet.

Selon un dernier bilan du ministère de la Santé, mercredi a été, la journée la plus meurtrière en Egypte depuis... la révolte ayant chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak en février 2011.

La fermeté avec laquelle réagit l'armée face aux manifestants donne l'impression à certains que le pays opère un retour en arrière et prend des airs d'anciens régimes.

"Les Frères musulmans ne représentent certes pas l'idéal des combattants de la liberté, certains - peu nombreux - étaient armés, mais l'essentiel des victimes restent des civils, abattues les mains nues. Le général Al-Sissi, le véritable homme fort du pays, a montré la vraie nature du régime qu'il entend instaurer par la force en Egypte. Une dictature militaire à la Moubarak", n'hésite pas à écrire Libération dans son édito.

Le retour de l'état d'urgence

A la suite des violences de mercredi, l'état d'urgence a d'ailleurs été décrété pour un mois et un couvre-feu est imposé dans la moitié du pays. La levée de l'état d'urgence avait été un des acquis de la révolte de 2011.

Son retour ne peut être interprété que comme un recul. "Avec la levée de l'état d'urgence l'an dernier, l'Egypte pensait tourner définitivement la page des années Moubarak... Aujourd'hui, elle fait de nouveau face à ses anciens démons", souligne Le Figaro. En effet, l'état d'urgence avait été en vigueur sans discontinuer de 1981 en 2011, et avait permis au régime de Moubarak de procéder à des milliers d'arrestations non motivées, ou à des détentions sans jugement.

Pour l'instant, le nouveau président egyptien Adli Mansour n'a pas étendu les mesures d'urgence à tout le pays et n'a pas mis en vigueur toutes les mesures que permettent l'instauration de l'état d'urgence. Pour l'instant...

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L'évolution de la situation vendredi 16 août:

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Alors que de nombreux pays occidentaux ont condamné ce bain de sang, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont appelé jeudi soir les différentes parties en Egypte à faire preuve d'un "maximum de retenue". Les Etats-Unis ont de leur côté annulé des exercices militaires communs et incité leurs ressortissants à quitter l'Egypte, sans aller jusqu'à interrompre l'aide annuelle (1,5 milliard de dollars) versée en grande partie à la toute-puissante armée de leur grand allié.

Le président Barack Obama a "condamné avec force les mesures prises par le gouvernement intérimaire", comme la ré-instauration de l'état d'urgence. La présidence égyptienne a estimé que des telles déclarations risquaient "d'encourager les groupes armés violents".

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Les manifestations au Caire

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