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L'ONU appelle à la retenue les parties en Égypte (PHOTOS / VIDÉO)

L'ONU appelle à la retenue les parties en Égypte (PHOTOS / VIDÉO)

Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU se sont réunis d'urgence jeudi soir, à New York, où ils ont réclamé que les « parties en Égypte fassent preuve d'un maximum de retenue » après la répression sanglante des partisans du président déchu Mohamed Morsi.

S'exprimant après la réunion à huis clos, l'ambassadrice argentine Maria Cristina Perceval a ajouté que les 15 pays membres avaient « déploré les pertes humaines » et souhaitaient la fin de la violence ainsi que des progrès vers la « réconciliation nationale ». La réunion a été organisée à l'appel de la France, du Royaume-Uni et de l'Australie.

À Washington, le président américain Barack Obama a décidé d'annuler l'exercice militaire conjoint que les armées américaine et égyptienne devaient tenir le mois prochain dans le Sinaï, sans toutefois couper l'aide financière et militaire qu'il apporte à l'État égyptien.

Ces annonces surviennent alors que le bilan violences de mercredi, opposant les partisans des Frères musulmans à l'armée et aux policiers, s'élève à plus de 600 morts et 3500 blessés, selon le gouvernement. Les Frères musulmans, eux, font état de 2600 morts et 10 000 blessés.

Dans une déclaration faite depuis Martha's Vineyard, où il est en vacances, le président Obama, commandant en chef de l'armée américaine, a dit avoir annoncé sa décision jeudi matin aux nouveaux maîtres de l'Égypte.

L'exercice militaire conjoint, baptisé Operation Bright Star, se tient normalement tous les deux ans. Il avait cependant été annulé en 2011, étant donné la situation qui régnait dans le pays dans la foulée de la chute du président Hosni Moubarak.

L'Égypte est un important allié des États-Unis au Moyen-Orient, particulièrement depuis que Le Caire a conclu un traité de paix avec Israël en 1979. Outre Israël, l'Égypte est le seul pays qui a une frontière commune avec la bande de Gaza, l'enclave palestinienne actuellement gouvernée par les islamistes du Hamas.

Washington verse une aide militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars à l'armée égyptienne. L'administration Obama se garde d'ailleurs de présenter le renversement du président Mohamed Morsi comme un « coup d'État », puisque cela entraînerait la suspension automatique de l'aide militaire américaine.

Quelques heures après l'annonce du président Obama, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a fait savoir dans un communiqué qu'il s'était entretenu avec l'homme fort du régime égyptien, le général Abdel Fattah al-Sissi.

« Le département de la Défense maintiendra sa relation militaire avec l'Égypte, mais j'ai été clair sur le fait que la violence et les mesures inadéquates en direction d'une réconciliation mettent en danger des éléments importants de notre ancienne coopération de défense », a-t-il indiqué.

« Les Égyptiens méritent mieux », dit Obama

Barack Obama a par ailleurs renvoyé dos à dos les militaires et les Frères musulmans, principaux acteurs de l'épreuve de force qui déchire le pays de 85 millions d'habitants, qui est considéré comme le phare du monde arabe. « Les Égyptiens méritent mieux », a-t-il fait valoir.

Le président a « condamné avec force » l'utilisation de la violence par le gouvernement intérimaire et les forces de sécurité. Il s'agit d'une « voie dangereuse » pour l'avenir du pays, a-t-il dit, puisqu'elle ne fait qu'alimenter « le cycle de polarisation » actuel.

L'état d'urgence décrété mercredi pour une durée d'un mois devrait être levé, a-t-il ajouté, et des négociations devraient être entreprises le plus tôt possible pour sortir le pays de la crise actuelle, et trouver le chemin vers le retour d'un gouvernement civil démocratiquement élu.

« Nous déplorons la violence contre les civils. Nous soutenons les droits universels essentiels à la dignité humaine, y compris le droit de manifester pacifiquement », a-t-il déclaré, en condamnant du même souffle les attaques perpétrées mercredi contre des églises coptes.

Le président américain a toutefois critiqué la façon dont le président renversé Mohamed Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans, avait géré la situation après avoir été démocratiquement élu.

Son gouvernement, estime-t-il, n'a pas réussi à inclure les différents courants de la société et ne respectait pas le point de vue de tous les Égyptiens. « Des millions d'Égyptiens, peut-être même une majorité, demandaient un changement de cap », a-t-il noté.

Barack Obama a d'ailleurs exprimé le souhait que les voix des femmes et des minorités du pays soient mieux écoutées à l'avenir. « Toutes les parties doivent avoir une voix en Égypte », a-t-il déclaré.

Il a assuré que les États-Unis n'appuyaient aucun parti ni aucun personnage politique particulier en Égypte, mais que son administration demeurait « engagée » aux côtés du peuple égyptien.

Le président a précisé que les valeurs qui guidaient son administration aujourd'hui étaient les mêmes qu'à l'époque de la chute de Hosni Moubarak, soit la non-violence, le respect des droits universels et la mise en oeuvre d'un processus devant engendrer des réformes politiques et économiques.

Les progrès démocratiques « ne se mesurent pas en semaines ou en années, mais parfois en générations », a-t-il mis en garde, en évoquant au passage les luttes intestines qui ont aussi marqué l'histoire politique américaine.

Des ambassadeurs convoqués

Devant ces violences, Ottawa a annoncé la fermeture de son ambassade au Caire. La situation sera réévaluée dans les prochains jours pour décider d'une réouverture au plus tôt dimanche, a précisé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Le Canada a du même coup rappelé son chargé de mission en Égypte, emboîtant le pas à Ankara, Paris, Londres, Rome, Berlin et Madrid.

De hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères ont aussi convoqué le chargé d'affaire de l'ambassade égyptienne à Ottawa, pour lui exprimer « de vive voix [leurs] préoccupations à propos de la situation actuelle en Égypte ».

Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a exhorté « toutes les parties à s'engager dans un dialogue constructif pour calmer les tensions ». Il dit être préoccupé « par les récentes attaques contre des institutions religieuses en Égypte, en particulier les attaques inadmissibles à l'endroit d'églises coptes orthodoxes et anglicanes et d'institutions baptistes et franciscaines ».

« Le Canada croit fermement que la mise en place d'un système démocratique transparent à l'écoute de tous les Égyptiens, y compris les membres de tous les groupes religieux, est le meilleur moyen de rétablir le calme et de donner à tous les Égyptiens un rôle à jouer dans la stabilité et la prospérité futures de leur pays », a-t-il déclaré par voie de communiqué.

« Tout doit être mis en œuvre pour éviter la guerre civile », a fait savoir le président français François Hollande à l'ambassadeur Mohamed Moustafa Kamal, selon un communiqué de l'Élysée. « L'état d'urgence doit être levé rapidement », a-t-il ajouté.

Le pape François a pour sa part prié jeudi pour les victimes des violences sanglantes en Egypte, ainsi que « pour la paix, le dialogue et la réconciliation ».

« Des nouvelles trop douloureuses arrivent malheureusement en provenance d'Egypte: je désire adresser mes prières aux victimes, à leurs familles, aux blessés et à ceux qui souffrent », a-t-il dit lors de son Angélus sur la place centrale de Castel Gandolfo, un petit village près de Rome où se trouve la résidence estivale des papes.

Des conséquences économiques

Les violences de mercredi et la situation délétère qui règne en Égypte inquiètent aussi de grandes compagnies étrangères.

La pétrolière Royal Dutch Shell dit avoir fermé ses bureaux égyptiens jusqu'à dimanche « afin d'assurer la sécurité [du] personnel ». Les déplacements vers le pays seront aussi limités. Le géant de l'électroménager Electrolux a pour sa part suspendu sa production en Égypte, où il emploie environ 7000 personnes.

La situation économique en Égypte, déjà difficile lors du règne d'Hosni Moubarak, s'est détériorée encore davantage après sa chute. Le président Morsi, renversé par un coup d'État de l'armée le 3 juillet, était notamment critiqué pour son incapacité à rétablir la situation.

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