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Les États-Unis ciblent maintenant le tabagisme en plein air

Les États-Unis ciblent maintenant le tabagisme en plein air
BORIS HORVAT / AFP

ATLANTA - Ça a commencé par les bars, les restaurants et les bureaux. Maintenant, la ligne de front de la campagne «Défense de fumer» s'est déplacée à l'extérieur.

Les parcs municipaux, les plages publiques, les campus universitaires et d'autres endroits extérieurs à travers les États-Unis sont de plus en plus nombreux à demander aux fumeurs d'aller griller leur cigarette ailleurs. On compterait environ 2600 interdits du genre aujourd'hui, soit deux fois plus qu'il y a cinq ans, et d'autres seraient en préparation.

Mais certains experts questionnent la logique de la mesure, rappelant qu'aucune preuve médicale solide ne démontre que la fumée secondaire puisse nuire à la santé des passants ou des enfants en plein air.

«Les preuves d'une menace à la santé des gens en plein air sont très, très minces», a affirmé Ronald Bayer, de l'université Columbia.

Des centaines d'études associent la fumée secondaire respirée à l'intérieur à des problèmes de santé comme les maladies coronariennes. Il est maintenant interdit de fumer dans près de la moitié des bars, des restaurants et des lieux de travail aux États-Unis.

En revanche, l'impact sur la santé de la fumée secondaire respirée en plein air n'a pas été mesuré adéquatement. Cela n'a pas empêché les affiches «Défense de fumer» de proliférer depuis cinq ans, que ce soit sur les terrains de jeu, dans les jardins zoologiques, sur les plages, sur les terrains de balle, sur les terrasses, aux arrêts de bus ou encore devant l'entrée des édifices.

Les études scientifiques ont clairement démontré que même une exposition très brève à la fumée secondaire, à l'intérieur, peut provoquer un épaississement du sang et augmenter le risque de caillots. Les responsables de la santé publique affirment que rien ne permet de croire que l'effet puisse être différent à l'extérieur.

«Il n'y a pas de niveau sécuritaire d'exposition à la fumée secondaire», a dit Brian King, un expert de la fumée secondaire au Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis.

Il est plus difficile de mesurer le problème à l'extérieur, mais une dizaine d'études se sont intéressées au problème. Certaines ont décelé des niveaux comparables à ceux retrouvés à l'intérieur, dépendant de la direction du vent ou de la présence d'un abri qui empêche la fumée de s'échapper. D'autres ont détecté des émanations importantes à près de 15 mètres du fumeur.

«Si on peut la sentir, alors elle est évidemment là», a résumé James Repace, un chercheur du Maryland qui a effectué certaines de ces études.

M. Repace croit néanmoins que deux groupes sont plus à risque que les autres — les gens souffrant d'asthme grave ou les employés de terrasses où il est permis de fumer. D'ailleurs, certains militants ont choisi de cibler ces endroits, estimant qu'une victoire serait plus difficile sur les plages ou dans les parcs en plein air.

«Nous nous impliquons uniquement là où il y a un risque réel pour la santé», a dit Flory Doucas, la codirectrice de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac.

Certains, comme M. Repace, estiment que le simple facteur «incommodant» de la fumée secondaire, son odeur déplaisante, justifie son interdiction des endroits publics.

Pas si vite, rétorque le chercheur australien Simon Chapman, qui a déjà remporté un prix prestigieux de l'Association américaine du cancer pour ses efforts antitabagisme. Depuis quelques années, il compte parmi les détracteurs les plus virulents d'un interdit trop large sur le tabagisme en plein air.

«Ensuite on pourrait dire, 'N'arrêtons pas là. Interdisons aux gens de fumer partout où on risque de les voir', a-t-il dit. Et ensuite, ça devient légitime de dire que tout comportement que les gens n'apprécient pas devrait être interdit parce que les gens risqueraient d'en être témoins.»

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