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Elliot Lake : rapport maquillé et compagnie-écran

Elliot Lake : rapport maquillé et compagnie-écran

L'administrateur en chef du centre commercial Algo d'Elliot Lake, qui s'est effondré partiellement il y a plus d'un an, faisant deux morts, poursuivra son témoignage mardi à l'enquête publique sur le drame, après avoir admis qu'il avait demandé à un ingénieur de modifier son rapport sur la solidité de l'édifice pour le rendre « plus présentable ».

Levon Nazarian a réclamé qu'un passage sur une fuite permanente et des photographies illustrant de sérieux problèmes de rouille soient retirés.

L'homme de 29 ans a aussi raconté à la barre lundi que sa famille avait cherché désespérément des fonds pour rénover le toit du centre commercial, qui servait aussi de terrain de stationnement. Mais les travaux en question n'ont jamais été effectués. Les Nazarian ont plutôt créé une société-écran pour faire croire à leur créancier, la Banque RBC, que les rénovations de trois millions de dollars seraient faites. RBC menaçait alors de leur retirer l'hypothèque consenti.

Levon Nazarian s'était présenté lundi devant la commission Bélanger accompagné de son père, Robert. Il travaillait pour le groupe Eastwood Mall et d'autres entreprises de la famille, qui appartenaient aussi à son père. Ce dernier doit témoigner après son fils avant la fin du mois.

La famille Nazarian, qui a été propriétaire du Centre Algo durant ces sept dernières années, a été montrée du doigt par nombre de témoins à la commission Bélanger qui l'ont accusée de négligence relativement à l'infiltration d'eau chronique au centre commercial.

États financiers douteux

Deux ans avant l'effondrement partiel du toit du centre Algo, les Nazarian ont tenté, sans succès, de vendre l'édifice. Les documents, présentés à l'enquête publique, montrent des irrégularités dans les états financiers de l'entreprise, parfois réduits et d'autres fois gonflés. Ces chiffres n'étaient pas vérifiés. En 2009, par exemple, trois états financiers présentent des chiffres différents.

Lorsque Levon Nazarian a été interrogé à ce sujet, il a répondu qu'il avait remarqué ces différences, mais qu'il ne pouvait pas les expliquer. C'est lorsque la Banque RBC a soulevé la problématique que le comptable de l'entreprise a été remplacé. RBC menaçait d'annuler le prêt accordé à la famille pour acheter le centre Algo, en raison du piètre entretien du bâtiment.

La Commission a aussi révélé, qu'avant 2010, toutes les entreprises des Nazarian cumulaient des profits d'environ 10 millions de dollars, pour des dépenses de 3 millions. Il est cependant impossible de savoir exactement quel était l'état financier du Centre Algo, puisque les documents comptables de l'entreprise ne sont pas fiables.

Société-écran?

Un employé de Robert Nazarian a créé une entreprise du nom d'Empire Roofing and Restoration, à qui a été octroyé un contrat fictif de réparation du toit du centre Algo. Levon Nazarian a admis avoir signé le contrat de 1,7 million de dollars, qui a ensuite été envoyé à la Banque RBC pour lui démontrer que des réparations seraient faites.

La compagnie n'a cependant jamais effectué de travaux et les fuites d'eau ont continué jusqu'à ce le toit de l'édifice ne s'effondre en juin 2012. Selon des témoignages précédents, Empire Roofing and Restoration aurait plutôt été une société-écran, qui aurait produit de fausses factures. Levon Nazarian n'a pas confirmé cette version des faits.

De son côté, l'employé d'entretien John Beaudin a témoigné que M. Nazarian n'était pas au courant de tous les problèmes d'étanchéité du Centre Algo lorsqu'il a acheté le centre commercial en 2005. « Ils (vendeurs) ont maquillé le tout », a-t-il dit.

Toutefois, l'ingénieur Bob Wood a témoigné à l'enquête publique que les Nararian l'avaient pressé de falsifier son rapport d'inspection pour minimiser l'impact des infiltrations d'eau dans les semaines précédant l'effondrement mortel du Centre Algo. Levon Nazarian a affirmé devant la commission que son père et lui avaient tout fait pour réparer les fuites du toit, mais qu'ils n'avaient pas 3 millions de dollars nécessaire.

Les témoignages de Levon et Robert Nazarian concluront la première partie de l'enquête publique. Par la suite, à partir du 31 juillet, la commission s'intéressera à la gestion de la crise par les services d'urgence. L'ancien premier ministre Dalton McGuinty doit témoigner le 2 octobre.

L'ingénieur Bob Wood est quant à lui accusé dans cette affaire en vertu des lois sur la santé et la sécurité au travail.

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