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Le gouvernement Chrétien a failli éliminer le serment à la reine

Le gouvernement Chrétien a failli éliminer le serment à la reine
Canadian Press

TORONTO - Les nouveaux citoyens prêteraient allégeance au Canada, plutôt qu'à la reine, si l'ancien premier ministre Jean Chrétien n'avait pas hésité au dernier moment, a affirmé vendredi son ancien ministre de la Citoyenneté.

Alors que trois résidents permanents et le gouvernement fédéral débattent de la question en cour, Sergio Marchi soutient qu'il devait éliminer le serment d'allégeance à la reine il y a deux décennies.

«Je crois fermement que bien que nous soyons une monarchie constitutionnelle, nous devrions prêter allégeance au Canada», a déclaré M. Marchi à La Presse Canadienne.

«Nous étions près (d'effectuer ce changement).»

En vertu des lois sur la citoyenneté, les Canadiens en devenir doivent jurer d'être «fidèles et de porter sincère allégeance à Sa Majesté la reine Elizabeth II, reine du Canada, à ses héritiers et successeurs».

M. Marchi, qui a été ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration sous Jean Chrétien de 1993 à 1995, se rappelle de gens survolant le texte alors qu'ils récitaient le serment, plaidant ainsi allégeance aux cheveux («hairs»), plutôt qu'aux héritiers («heirs»).

Plus sérieusement, dit-il, changer pour un serment d'allégeance envers le pays — l'Australie l'a déjà fait — représenterait une étape importante dans la croissance du pays amorcée dix ans auparavant avec le rapatriement de la Constitution.

Le ministre de l'époque avait consulté son patron à ce sujet.

«Je crois fondamentalement que le serment est dépassé, mais, encore plus, que l'amendement du serment représenterait une étape de plus en direction de la pleine indépendance et maturité du Canada», aurait dit M. Marchi à M. Chrétien.

«Il semblait aimer l'idée», confie-t-il en entrevue.

La menace d'un nouveau référendum au Québec avait toutefois fait reculer Jean Chrétien, selon M. Marchi, malgré le fait que des sondages démontraient qu'une majorité de Canadiens était en faveur du changement.

«Je ne suis pas sûr que je veux m'en prendre aux séparatistes et aux monarchistes en même temps», aurait dit M. Chrétien à son ministre.

Celui-ci avait alors répondu qu'avoir un serment canadien bénéficierait aux forces fédéralistes québécoises, même si plusieurs Canadiens n'aimaient pas l'idée.

M. Chrétien n'a pas pu être rejoint dans l'immédiat pour commenter.

En Cour supérieure de l'Ontario, vendredi, les trois résidents permanents ont argué que le serment d'allégeance à la reine était discriminatoire et portait atteinte à leurs droits constitutionnels.

Ils rejettent le serment pour des raisons religieuses ou des principes personnels. Selon eux, prêter allégeance au Canada suffit.

Le gouvernement estime quant à lui que ce serment est un symbole du patrimoine national.

Aux yeux du député conservateur Peter Goldring, la solution est simple: respecter les voies du pays d'accueil ou «rentrer chez soi».

M. Marchi regrette de son côté que le changement n'ait jamais été effectué.

«L'histoire et les traditions doivent être respectées, mais l'avenir doit lui aussi être bâti.»

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