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Égypte : signaux contradictoires de Washington

Égypte : signaux contradictoires de Washington

Plus d'une semaine après l'éviction par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi, les États-Unis adoptent toujours une ligne prudente et parfois contradictoire face à l'Égypte.

Washington verse 1,5 milliard de dollars annuellement à l'Égypte, mais la loi américaine interdit d'aider des pays dont le gouvernement démocratique a été renversé par un coup d'État. Jusqu'ici, les États-Unis déclaraient qu'il était prématuré de dire si les derniers événements correspondaient à cette définition.

Mercredi, le département d'État a toutefois affirmé que le gouvernement de Mohamed Morsi « n'était pas un régime démocratique ». « Ce que je veux dire, c'est que [...] 22 millions de personnes sont sorties pour exprimer leur opinion et dire clairement que la démocratie ne se réduit pas à gagner une élection dans les urnes », a expliqué la porte-parole Jen Psaki.

Les nouveaux dirigeants égyptiens ont accueilli jeudi favorablement ces « encouragements » des États-Unis, alors que le porte-parole des Frères musulmans, Gehad Haddad, a lui estimé que ces déclarations montraient l'hypocrisie américaine.

Dans les jours qui ont précédé la chute de Mohamed Morsi, l'ambassadeur des États-Unis au Caire avait été très critiqué par le camp libéral et laïc pour avoir souligné le caractère démocratique de l'élection de l'ex-chef de l'État, investi le 30 juin 2012, et dissuadé ses opposants de manifester.

La Maison-Blanche a cependant refusé lundi de qualifier la destitution du président de coup d'État militaire et déclaré qu'elle se donnait du temps pour étudier la question.

L'arrestation d'islamistes mal vue par Washington

Le département d'État américain a néanmoins estimé jeudi que les mandats d'arrêt contre des militants islamistes, notamment le dirigeant des Frères musulmans Mohamed Badie, recherchés pour incitation à la violence lors de heurts qui ont fait 53 morts lundi, laissent difficilement espérer une sortie de la crise politique dans laquelle le pays est plongé depuis huit jours.

« Les arrestations observées au cours des derniers jours, qui visent des groupes particuliers, ne correspondent pas à la réconciliation nationale que le gouvernement de transition et l'armée disent rechercher », a déclaré la porte-parole du département d'État, Jen Psaki.

Dans la rue, le climat reste tendu. Des islamistes ont appelé à de nouvelles manifestations vendredi, tout comme le mouvement Tamarod (rébellion), à l'origine des manifestations de masse qui ont mené à la destitution du président Morsi.

En attendant la formation d'un nouveau gouvernement

Entre-temps, le nouveau premier ministre égyptien réfléchit toujours à la composition de son gouvernement, qu'il espère former d'ici le début de la semaine prochaine. Contacté par l'Agence France-Presse, Hazem Beblawi a affirmé ne pas exclure la participation des Frères musulmans, la confrérie dont est issu Mohamed Morsi.

« Je ne me préoccupe pas de l'appartenance politique », a encore assuré cet ancien vice-premier ministre et ministre des Finances, ajoutant que si « quelqu'un est proposé par le Parti de la liberté et de la justice [de l'ex-président Morsi] et que cette personne est qualifiée », sa nomination pourra être envisagée.

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