Le duo Amadou & Mariam offrira un grand concert gratuit pour conclure la 34e édition du Festival international de jazz de Montréal, ce dimanche, à la place des Festivals. Avec sa musique qu'il qualifie d'«universelle», le couple malien naviguera entre différents styles, mais surtout tentera de partager au public son amour pour la vie. Entrevue.
Au bout du fil, Amadou Bagayoko raconte comment il entrevoit sa présence au festival: « Peu importe si les gens nous connaissent ou nous découvrent, on présentera des pièces africaines avec des influences blues, rock et jazz. Bien sûr, il y aura de bonnes rythmiques pour faire bouger les uns et les autres. C'est un spectacle qui enverra aussi quelques messages ».
Les chansons d'Amadou & Mariam voyagent. Un peu de funk, un peu de blues, un peu de rock hendrixien, le tout mélangé avec des sonorités ouest-africaines... Amadou explique pourquoi sa recette musicale contient une si grande quantité d'ingrédients: « On a toujours aimé différents styles, étant musiciens depuis l'enfance. Quand on veut percer, il vaut mieux souhaiter une carrière internationale et ainsi, s'intéresser à tout ce qui s'appelle 'musique' », affirme-t-il. Assez impressionnante, cette détermination, surtout lorsqu'on sait que ces deux musiciens sont aveugles depuis l'enfance. « Notre musique est africaine, mais elle est loin d'être traditionnelle. Elle est beaucoup plus moderne et universelle », précise l'artiste qui respire la bonté.
Ambassadeurs du bonheur
Au fil du temps, les deux Maliens ont acquis un rôle d'ambassadeur pour leur pays d'origine. Grande responsabilité certes, mais ils l'ont toujours voulu. « Dans nos textes, nous traitons du Mali et de l'Afrique. Les gens ne connaissent pas les bons et les mauvais côtés de l'Afrique. En nous promenant à l'étranger, nous voulons transmettre une envie de changement », dit l'interviewé. Qu'est-ce que les gens ne connaissent pas de l'Afrique? En réponse à cette question, le musicien souligne le manque de moyens physiques, mais l'abondance de moyens humains. « Il y a la solidarité, la chaîne humaine, l'entraide. On n'a pas beaucoup d'assistants sociaux, mais on trouve toujours quelqu'un pour nous assister ou nous conseiller parmi nos amis. Il y a une telle scène de solidarité au Mali, c'est ce qu'on essaie de partager aux autres », poursuit-il.
Serein et heureux dans leur vie comme dans leur musique, Amadou et Mariam laissent de côté les paroles trop engagées pour faire place à des réflexions sociétales. « Nous ne voulons pas être trop engagés politiquement. Toutefois, les gens attendent un certain comportement de la part des politiciens et on appuie cela...comme on rejette aussi l'hypocrisie. On veut la démocratie. On veut que les gens aux commandes respectent le public et l'amour du peuple », indique-t-il.
Toujours engagé et passionné par les actions humanitaires, le couple planche sur différents projets, dont l'élaboration d'un concert dans le noir où il jouera dans une salle fermée, sans lumière, avec bruits et odeurs. Ambassadeurs du Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour le Mali, le duo se dévoue aussi pour Afrique Mon Afrique, où il joue dans les banlieues et villes défavorisées, là où les habitants ne peuvent avoir accès à des grandes salles.
Noblesse inspirante
Si Amadou et Mariam sont définitivement une source d'inspiration pour leur pays, cette entraide les inspire énormément au moment de composer. Le duo et couple, passant la majorité de son temps ensemble, essaie de trouver des moments de solitude. « Mariam est bien dans la nuit lorsqu'elle veut faire des chansons, sans ma participation, sans même que je sois au courant ». Son mari trouve plutôt son inspiration très tôt le matin, guitare sous le bras... ses esprits se ravivant par le bonheur. « Le bonheur de bonne heure », dit-il.
Au Festival de jazz, le couple proposera aux festivaliers montréalais des pièces de ses différents albums, dont le plus récent, Folila, sorti il y a un an.
Amadou & Mariam - 7 juillet, 21h30 - Scène TD
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