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Les adeptes du roller derby de retour et tentent de faire une place aux hommes à Montréal (VIDÉO)

Les adeptes du roller derby de retour

MONTRÉAL - Tout droit sortis des années 1960 les adeptes du roller derby ont fait renaître les belles années des épreuves de poursuite sur huit roues. Ils sont jeunes, moins jeunes aussi, parfois punk, parfois gipsy, issus de tous les milieux, de toutes les classes et ils roulent.

Basés dans le quartier Mile-End à Montréal, les partisans des patins «vintages» se font relativement discrets jusqu'à ce qu'ils s'engouffrent dans le petit aréna Saint-Louis où l'ambiance éclatée peut laisser dubitatifs les non initiés.

S'ils entrent dans ce cercle par divers chemins, une fois sur l'anneau de compétition, ils poursuivent une passion commune: rouler et pousser à fond leurs limites physiques.

En fait, ces adeptes, ce sont d'abord des femmes. Ce sport, popularisé, remis en piste depuis le début des années 2000, est encore dominé par des femmes avec six équipes à Montréal. C'est d'ailleurs avec fierté qu'elles s'attribuent le crédit d'avoir redéveloppé l'engouement pour ce sport qui n'en est pas à sa première réincarnation.

Les hommes, quant à eux, sont venus s'y greffer et sont encore parrainés par les filles.

Les Mount Royals tentent de démarrer la machine, de recruter des joueurs et d'apprendre des stratégies offensives et défensives. Actuellement, l'équipe des hommes est entraînée par des filles qui sont actives dans la ligue de roller derby canadienne.

Certaines joueuses sourcillent un peu en voyant les hommes empiéter sur leur terrain, mais la très grande majorité accepte de les inclure dans leur arène, notamment parce que l'inclusion est une valeur chère au roller derby. À un point tel, d'ailleurs, que les filles prêtent même leur public et leurs supporters aux hommes pour encourager l'expansion du volet masculin.

Le 20 juillet, les équipes québécoises La Racaille et les Filles du roi s'affronteront en duel à l'aréna Saint-Louis et offriront, en prélude, une compétition entre les hommes des Mount Royals de Montréal et le Death Quad du Connecticut.

Valérie Desjardins, membre de l'équipe canadienne de roller derby, a adopté le surnom de Smack Daddy sur la piste. Pour elle, l'arrivée des hommes étonne et flatte à la fois.

«Dans tous les sports masculins, les femmes ont voulu jouer mais n'ont pas toujours été supportées par les équipes d'hommes. C'est un peu le monde à l'envers», a indiqué Valérie Desjardins, une des meilleures jammeuses canadiennes.

Les jammeuses sont de véritables meneuses des équipes de roller derby. Elles sont reconnues pour leur agilité, leur cardio et leur jeu stratégique. Ces aptitudes leur permettent de se détacher du peloton, de dépasser les tentatives de bloquage de leurs adversaires et de propulser leur équipe sur le tableau de pointage. Dans le groupe des patineuses, ce sont celles qui possèdent une étoile distinctive sur leur casque et qui procurent des points à leur équipe.

Les règles sont les mêmes pour les hommes et les femmes, mais le style de jeu masculin diffère. À l'instar du hockey, les hommes plaquent davantage alors que les femmes utilisent tout leur corps.

«Les hommes travaillent moins les jambes, les cuisses et les fessiers qui sont davantage les outils des femmes. Donc les hommes tombent de plus haut et plus fort. Ils donnent de gros coups et jouent davantage de façon individuelle que les filles», a analysé Valérie Desjardins.

Dans sa forme, le roller derby a conservé un petit côté irrévérencieux, dans le nom des joueurs notamment. N'en déplaise toutefois aux nostalgiques, l'image rustre et agressive fait surtout partie du spectacle. L'arbitrage est sévère, les coups illégaux réprimandés et, hors piste, une franche camaraderie règne.

L'ambiance de compétition tend davantage à la fête qu'à la rivalité. L'aspect sportif et la notion de communauté prennent beaucoup d'espace.

«C'est ce qui est différent avec le roller derby. L'intégration s'inscrit dans la culture d'ouverture d'esprit qui caractérise le sport», a tenu à souligner Valérie Desjardins.

Sans s'être totalement raffiné, le roller derby aspire à ses lettres de noblesse et ne se résume donc plus à des combats de chats de ruelle.

«C'est très différent des années 1960 où le sport était complètement scripté d'avance, un peu comme la lutte. Aujourd'hui, c'est plus athlétique», affirme Jeff Post, un Américain venu s'installer à Montréal, «Les équipes qui réussissent sont celles qui prennent les choses au sérieux et se dévouent vraiment pour leur équipe», insiste le fondateur de l'équipe masculine des Mount-Royals.

Même constat pour Frédéric De Matos, alias Tank, président de la ligue de Montréal masculine qui enfile les patins et le kilt pour disputer ses matchs.

«On essaie de faire évoluer l'image du roller derby. Les gens pensent aux coups de coudes au visage, mais c'est beaucoup plus réglementé aujourd'hui, et moins violent», soutient-il, caressant le désir de voir naître un club à Québec pour ramener une rivalité entre les deux grandes villes. En attendant, les rivaux proviennent de l'Est des États-Unis, et des villes ontariennes d'Ottawa, de Toronto et de London.

Les femmes ont beau faciliter la participation des hommes, reste que pour eux, la perception extérieure ne se veut pas toujours aussi facile.

«Dans l'entourage, les gens rient un peu de toi, mais quand ils viennent voir les matchs ils voient comme c'est physique et ils changent d'idée», confie Tank.

Thierry St-Arnaud a été initié dans l'équipe des Mount Royals il y a 10 mois. Il n'avait pas vraiment planifié intégrer l'équipe, c'est plutôt l'équipe qui a cherché à le convaincre.

«J'allais voir les parties des filles et quelqu'un de l'équipe des gars m'a dit 'Toi, tu as l'air d'un gars qui veut jouer au roller derby'. Je suis entrée dans l'équipe comme ça», explique celui qui porte le nom de «Tasse-Toé».

Du haut de ses 6 pieds 3 pouces, Thierry St-Arnaud soutient que l'art du derby implique d'importantes doses de patience et de persévérance. Il avoue aussi avoir été étonné de l'énergie à investir dans un sport où les patineurs sont continuellement en mouvement.

«Il faut de la persistance et pas trop d'orgueuil au début parce que la courbe d'apprentissage est assez dure! Mais tu ne te sens pas à part dans cette communauté là, que tu sois avec des gars ou des filles. Ce sont des gens qui ont une belle passion, qui sont éclatés et qui ont une belle ouverture d'esprit», ajoute Thierry St-Arnaud.

«On joue avec des gens de toutes les orientations sexuelles. Au début c'était vraiment l'environnement punk-rock, avec des filles plus marginales, mais ça s'est atténué, comme l'époque où on prenait un «shooter» entre les périodes. Aujourd'hui, nous sommes vraiment axées sur le sport», tient à préciser Valérie Desjardins qui affirme avoir retrouvé dans le roller derby le sentiment d'appartenance des équipes sportives en milieu scolaire.

La faune déjantée des «derbistes» constitue une partie de l'attrait de cette communauté qui refuse de se fermer sur elle-même.

«Ce qui fait la magie de ce sport, c'est qu'il y a de très nombreuses possibilités et que tout le monde est bienvenu», a insisté Jeff Post, toujours alerte pour recruter de nouveaux joueurs.

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