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«Le Music-Hall de la Baronne» : cabotinage d'une époque révolue (CRITIQUE/PHOTOS/VIDÉO)

«Le Music-Hall de la Baronne» : cabotinage d'une époque révolue (CRITIQUE/PHOTOS/VIDÉO)

C’est mercredi le 3 juillet dernier que s’ouvrait officiellement le festival Montréal Complètement Cirque, avec la parade et la première médiatique du Music-Hall de la Baronne, le seul spectacle à tenir l’affiche tout au long de l’événement, du 3 au 14 juillet. Si la 4e édition du festival est encore remplie de promesses, la création du trio formé par Rémy Girard, Denis Bouchard et Jeannot Painchaud commence bien mal la dizaine.

Quiconque a eu la chance d’assister au cabaret La Soirée, spectacle phare du festival à l’été 2012, se souvient d’une œuvre suave, surprenante et délirante. Même si les organisateurs de Montréal Complètement Cirque semblent vouloir attirer les spectateurs en leur vendant le Music-Hall comme une production sexy, délurée et décapante, force est d’admettre que la plupart de ses numéros feraient office d’amuse-gueules, comparés à ceux de La Soirée.

Tenancière d’une salle de spectacle où se produisent supposément «les meilleurs numéros de cirque à travers le monde», la Baronne (Catherine Pinard) évolue aux côtés de Désirée (Geneviève Beaudet), une serveuse maladroite, et de Monsieur Renaud (Paradis), le maître de cérémonie. Pinard est dotée d’une énergie contagieuse, d’une voix chaude et d’un réel talent d’interprétation, Beaudet est candide et sincère, alors que Paradis impressionne par son talent vocal et ses habiletés de danseur de gumboots.

Pourtant, malgré tous leurs efforts, les trois hôtes de la soirée n’arrivent pas à faire oublier l’énorme faiblesse des textes écrits par le tandem Girard/Bouchard. Jeux de mots boiteux, sketch ô combien troublant de malaises, cabotinage digne d’une autre époque: artiste Européen qui pense faire son drôle en récitant un chapelet de sacres, opposition entre les VIP et le reste du public, blague de Viagra qui tombent à plat, etc. Bien que les interventions parlées ne plombent pas complètement le spectacle, elles l’empêchent pourtant de prendre ses aises et de se déployer.

Aucun des numéros de cirque n’est mauvais, mais le nouveau bébé de Jeannot Painchaud est très loin des splendeurs qui ont fait son succès avec le Cirque Éloize. L’Autrichienne Christine Gruber nous offre un solide numéro d’anneaux aériens, qui n’apporte pourtant rien de nouveau à la foisonnante scène circassienne. Même impression du côté de l’Américain Michael Landphear (sangles) et du couple finlandais Pasi Nousiainen et Katerina Repponen (main à main, antipodisme), un duo talentueux et charmant, mais fort peu original.

Le Québécois Frédéric Lemieux-Cormier a tout ce qu’il faut pour attirer la faveur des spectateurs: une belle gueule, un charisme timide, mais non moins efficace, ainsi qu’une polyvalence impressionnante. En plus d’un sympathique numéro de trapèze offert en duo, il a relevé le défi d’un numéro de roue allemande sur la petite scène centrale de l’Olympia. Quand les spectateurs ne sont pas en train d’évaluer si l’énorme accessoire va leur tomber en plein visage, ils en profitent pour admirer le contrôle et l’agilité de Lemieux-Cormier. Celui-ci maîtrise sa roue allemande à la perfection, mais il n’arrive pas à nous faire oublier qu’un tel objet est fait pour être utilisé dans un espace bien plus grand.

Peu de temps après que le Cubain Rony Gomez ait trouvé le moyen de surprendre le public avec un numéro de jonglerie effervescent, un duo de Québécois est venu clore le spectacle de façon magistrale. Lorsque Camille Tremblay et Louis-Marc Bruneau Dumoulin sont entrés en scène, la grâce les a suivis. Avec leur jeunesse, leur complicité et leur solidité, ces deux jeunes artistes ont réussi à soulever la foule avec un numéro d’équilibre fluide, sexy, captivant et constitué d’une série de positions aussi surprenantes qu’émouvantes.

En réalité, Le Music-Hall de la Baronne est un peu comme une vieille émission enregistrée sur VHS: on y retrouve plusieurs bons souvenirs, on s’étonne à quelques reprises, mais on avance les intermèdes ennuyeux et accrochés à un passé révolu.

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