Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Construction : l'Alliance syndicale accuse l'opposition de parler pour les patrons

Construction : l'Alliance syndicale accuse l'opposition de parler pour les patrons
PC

L'Alliance syndicale déplore l'adoption de la loi spéciale, dans la nuit de dimanche à lundi, à Québec, pour forcer le retour au travail dans le secteur industriel, institutionnel et commercial de l'industrie de la construction, et estime qu'elle bafoue le droit de grève.

Les travailleurs rentreront au travail dès mardi sur les chantiers désertés depuis maintenant deux semaines.

« Extrêmement déçu », a commenté le porte-parole de l'Alliance syndicale, Yves Ouellet. « Écoutez, la loi spéciale avait pour but d'enlever le droit de grève à des travailleurs, c'est ça, une loi spéciale. On ne peut donc pas être content d'une loi spéciale. »

M. Ouellet a accusé les députés de l'opposition de se faire les porte-voix de la position patronale. « On a regardé avec attention, hier, le débat à l'Assemblée nationale. C'est le pire spectacle de ventriloque que j'ai vu de ma vie parce qu'on s'apercevait bien que ce n'est pas l'opposition qui parlait, mais le Conseil du patronat et l'ACQ [l'Association de la construction du Québec]. »

Le porte-parole de l'Alliance syndicale précise que le langage utilisé par les députés était identique à celui de la partie patronale à la table de négociations. M. Ouellet déplore également la démagogie dont ont fait preuve, selon lui, certains députés. Il s'est dit particulièrement indigné qu'un député prétende que le chantier de la Romaine - qui relève pourtant du secteur du génie civil, dont les travailleurs sont de retour à l'ouvrage depuis jeudi dernier - souffrirait de la grève dans le secteur institutionnel, commercial et industriel. « Quand tu es un député qui s'apprête à imposer une loi qui va toucher les familles de nos travailleurs et travailleuses, j'espère que tu es au courant de ton dossier », a déploré M. Ouellet. « Et il ne l'était pas. »

M. Ouellet avance que les syndiqués retourneront à la table de négociation, mais il demeure pessimiste. « Des reculs, c'est non, soutient-il. S'ils reviennent avec les mêmes demandes [...] ça va être encore ça. On va tout faire pour que les conditions de travail de nos travailleurs s'améliorent, c'est notre rôle [...] »

La négociation s'annonce donc ardue puisque le Conseil du patronat a souligné l'importance des demandes patronales sur le plan de la productivité, des demandes qui se traduisent par des reculs syndicaux sur lesquels les travailleurs demeurent inflexibles.« Ils [les travailleurs] ne se baisseront pas devant des demandes rétrogrades qui ne feront que les appauvrir », conclut M. Ouellet.

De son côté, l'Association de la construction du Québec (ACQ) s'est contentée d'envoyer un communiqué invitant « tous les employeurs à respecter la loi spéciale ».

Soulagement au Conseil du patronat et à la FCEI

Plus tôt, le Conseil du patronat du Québec et la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) se sont dits soulagés après l'adoption de la loi spéciale.

« L'hémorragie économique est stoppée », a déclaré le directeur des affaires juridiques du Conseil du patronat du Québec, Guy-François Lamy, en entrevue à RDI lundi matin.

Pour la FCEI, le retour au travail est d'autant plus apprécié, considérant que « les petits entrepreneurs de ce secteur et ceux qui y sont liés indirectement étaient frappés de plein fouet par ce conflit », apprend-on dans un communiqué.

Le Conseil du patronat est également rassuré de voir que les travailleurs pourront conserver leur pouvoir d'achat. L'augmentation de 2 % consentie aux travailleurs est supérieure à l'augmentation de l'indice des prix à la consommation, mais le Conseil respecte la décision des parlementaires, explique-t-il. « On ne voulait pas qu'ils subissent de préjudices économiques de ces négociations-là », ajoute-t-il.

Le Conseil du patronat est également soulagé que la durée du contrat de travail votée par l'Assemblée nationale ait été réduite sous l'impulsion des partis d'opposition. Le projet de loi initial, proposé par le Parti québécois, prévoyait un contrat de travail d'une durée de quatre ans. Une durée trop longue, selon M. Lamy, surtout « que le projet de loi ne prévoyait aucune mesure relative aux questions de productivité qui sont l'enjeu principal pour la partie patronale dans ces négociations-là ».

M. Lamy convient que le problème de la négociation ne s'en trouve ainsi que reporté d'un an, mais il croit que les parties mettront cette année à profit afin de parvenir à une entente négociée.

Productivité et flexibilité

En outre, M. Lamy souligne que les questions de productivité - comme la sixième journée de travail à temps et demie plutôt qu'à temps double et la reprise d'une journée de travail perdue à temps simple le samedi - constituent des enjeux importants pour la partie patronale. Selon lui, la grève de l'industrie dans le secteur institutionnel, commercial et industriel de la construction n'est pas une simple grève au sein d'une entreprise. Il s'agit de tout un secteur de l'économie, qui représente par ailleurs 3 % du PIB de l'économie québécoise, qui se trouvait paralysé.

La FCEI abonde en ce sens, rappelant que « les PME québécoises demandent depuis longtemps des changements pour rendre l'industrie de la construction moins rigide ».

Les travailleurs de la construction du secteur résidentiel sont, quant à eux, retournés sur les chantiers mercredi matin, après la conclusion d'une entente de principe, mardi après-midi, dans ce secteur qui embauche plus de 57 000 salariés dans la province. Leurs 41 000 collègues de la voirie et du génie civil étaient pour leur part rentrés au travail mardi dernier. La moitié des travailleurs de la construction étaient ainsi de retour au travail avant l'imposition de la loi spéciale.

INOLTRE SU HUFFPOST

Le chantier des urgences du CUSM

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.