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Grève de la construction : une loi spéciale demain, s'il n'y a pas d'entente

Grève de la construction : une loi spéciale demain, s'il n'y a pas d'entente

Les députés sont convoqués à l'Assemblée nationale dimanche matin pour adopter « une loi spéciale » concernant la grève dans le secteur de la construction, a expliqué la première ministre Pauline Marois. Elle souhaite que le travail reprenne mardi matin sur tous les chantiers du Québec.

En visite au Mexique, Mme Marois a refusé d'y voir un échec du médiateur spécial nommé par le gouvernement pour tenter de mettre fin au conflit. Elle a expliqué que deux ententes ont déjà été conclues entre la partie patronale et les travailleurs du secteur résidentiel, ainsi que ceux du secteur du génie civil et de la voirie.

« J'ai insisté depuis le début du conflit dans l'industrie de la construction pour que les parties négocient et arrivent à convenir d'une entente, ce qui a été le cas pour au moins deux grandes centrales sur trois, et pour les associations patronales concernées », a expliqué Mme Marois, pendant d'un court point de presse, lors de sa visite au Mexique.

« J'ai donc demandé au président de l'Assemblée nationale de convoquer pour demain matin, à 9 h 45, l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale, pour que nous procédions à l'adoption d'une loi spéciale », a-t-elle indiqué.

Impasse dans les négociations, dit Maltais

De son côté, la ministre du Travail, Agnès Maltais, a indiqué que le médiateur spécial nommé par le gouvernement lui a expliqué vendredi soir qu'il y avait une « impasse » dans les négociations. Toutefois, Mme Maltais a expliqué que l'Association de la construction du Québec et l'Alliance syndicale pouvaient encore tenter de trouver une entente, avant l'adoption éventuelle d'une loi spéciale, dimanche.

« Il reste encore plusieurs heures avant le dépôt de la loi spéciale [...] le médiateur est toujours en fonction », a-t-elle fait savoir, lors d'un point de presse, samedi matin. Les deux parties doivent d'ailleurs se rencontrer à midi, selon Mme Maltais.

Vendredi soir, l'Association de la construction du Québec (ACQ) a lancé un cri d'alarme à l'Alliance syndicale, estimant qu'il n'y avait pratiquement plus de communication entre les parties et que celles-ci n'avaient plus que « quelques heures » pour s'entendre, faute de quoi le gouvernement du Québec imposerait une loi spéciale.

L'ACQ affirme que le syndicat refuse de répondre aux demandes de la partie patronale concernant des modifications à l'organisation du travail.

Quant au président de l'ACQ, Jean Pouliot, il a envoyé vendredi une lettre à la première ministre Marois réclamant l'adoption d'une loi spéciale qui inclurait des demandes de la partie patronale.

Par voie de communiqué, le directeur général de la FTQ-Construction, Yves Ouellet, a affirmé par la suite que l'Alliance syndicale avait déposé une offre en après-midi et que l'ACQ n'y avait pas donné suite. Il a ajouté que les syndicats continuaient de parler avec le médiateur spécial et que la balle était maintenant dans le camp de la partie patronale.

Pendant ce temps, sur le terrain, les 77 000 syndiqués du secteur institutionnel, industriel et commercial (ICI) de l'industrie de la construction ont tenu vendredi une 12e journée de grève. En début de soirée, ils ont reçu le soutien du Bureau canadien du Département des métiers de la construction, pour qui les demandes patronales « ont pour unique objectif d'augmenter les profits des entreprises, et ce, au détriment des travailleurs ».

Le Conseil du patronat en faveur d'une loi spéciale

Le président du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Yves-Thomas Dorval, a invoqué les coûts de la grève pour réclamer l'imposition d'une loi spéciale.

M. Dorval a écrit aux élus de l'Assemblée nationale pour leur rappeler que la valeur des investissements dans ce secteur de la construction s'élevait à 10 milliards de dollars en 2012 et que les pertes dues à la grève risquent d'être importantes. « Bien qu'elles soient pour l'instant difficilement chiffrables, les pertes encourues jusqu'à ce jour s'avèrent sans doute considérables, d'autant plus que la majorité des chantiers sont particulièrement en activité pendant la saison estivale », explique la lettre du CPQ à l'intention des députés.

Le dernier bastion

Les travailleurs de la construction du secteur résidentiel sont, quant à eux, retournés sur les chantiers mercredi matin, après la conclusion d'une entente de principe, mardi après-midi, dans ce secteur qui embauche plus de 57 000 salariés dans la province.

Avec les 41 000 travailleurs de la voirie et du génie civil rentrés au travail mardi dernier à la suite d'une entente conclue avec leur employeur, la moitié des travailleurs de la construction sont maintenant sortis du conflit de travail.

Les négociations achopperaient plus sur les conditions de travail - notamment le travail à temps simple le samedi - que sur la question salariale.

Le communiqué de presse du gouvernement: