Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Un dirigeant de Dessau, Frédéric Sauriol, craint pour la firme

Un dirigeant de Dessau, Frédéric Sauriol, craint pour la firme
PC

MONTRÉAL - La firme d'ingénierie Dessau affirme qu'elle se retrouvera en «situation critique» si elle ne peut accélérer le processus devant mener à sa réhabilitation afin de pouvoir recommencer à soumissionner sur des contrats publics.

Elle prévient que le rythme des mises à pied pourrait être soutenu et même croissant.

En entrevue avec La Presse Canadienne, jeudi, la vice-présidente principale et chef de l'exploitation chez Dessau, Isabelle Jodoin, a indiqué que la firme ne pouvait tout simplement pas attendre durant les 90 jours imposés par l'Autorité des marchés financiers (AMF) avant de refaire une demande de réhabilitation.

«C'est très, très grave. Quatre-vingt-dix jours, c'est dramatique pour nous. Ce n'est pas un 'show de boucane' qu'on fait», a-t-elle déclaré.

Lorsque nous avons insisté quant à savoir si la survie même de l'entreprise serait en jeu au bout de 90 jours, Mme Jodoin s'est bornée à répondre: «on ne veut pas regarder ce scénario-là actuellement».

Elle a toutefois reconnu que l'inquiétude était déjà palpable au sein des employés, des fournisseurs et des clients. Quant aux institutions financières qui font affaire avec Dessau et qui lui fournissent les liquidités lui permettant de fonctionner au jour le jour, Mme Jodoin a nié les informations selon lesquelles ces institutions auraient commencé à se montrer plus réticentes à allonger l'argent.

«Nous n'avons pas de problème, aujourd'hui, à faire face à la situation, a-t-elle affirmé. Ce qui nous inquiète, c'est la vitesse avec laquelle les choses vont évoluer. À chaque jour où cette situation se poursuit, ça devient de plus en plus inquiétant.»

Dessau, qui emploie 5000 personnes dont 3700 au Québec, a mis 80 employés à pied depuis son inscription au Registre des entreprises non admissibles aux contrats publics (RENA), le 20 juin dernier, et rien n'indique que ce rythme va ralentir.

«Si tout se met à ralentir et dépendamment de la réaction des clients, on pourrait en ajouter 80, 100 par semaine, peut-être même plus. C'est très difficile à prévoir», a dit Mme Jodoin.

Dessau se défend, toutefois, de vouloir faire chanter les autorités avec ces mises à pied afin d'accélérer le processus de révision.

«Ce n'est pas une question de chantage. C'est malheureusement la réalité. Nos employés sont là pour réaliser des projets. Quand je n'ai pas de projets, je ne peux pas me permettre d'avoir des employés en attente», a-t-elle dit.

Bien que la loi permette à Dessau de poursuivre les contrats déjà amorcés — quoique sous haute surveillance — Mme Jodoin a expliqué que les employés qui se consacrent à préparer des soumissions publiques doivent graduellement être remerciés et qu'ils seront suivis par ceux qui réalisent les études, ceux qui oeuvrent sur des petits contrats lorsque ceux-ci sont terminés et ainsi de suite.

Pas moins de 75 pour cent du chiffre d'affaires de Dessau repose sur des contrats publics.

L'AMF a inscrit Dessau au RENA sur recommandation de l'Unité permanente anticorruption (UPAC). L'interdit de soumissionner est d'une durée de cinq ans mais la firme peut demander une révision dans 90 jours.

La direction de Dessau dit collaborer sans réserve avec l'AMF afin d'accélérer ce processus. «Nous avons bon espoir de pouvoir démontrer que ce qu'on a mis en place actuellement correspond à leurs attentes rapidement», a dit Mme Jodoin.

Elle soutient que de multiples mesures ont été mises en place afin non seulement d'écarter les personnes douteuses mais aussi de revoir en profondeur l'ensemble des pratiques d'affaires, de gestion et de gouvernance.

«J'entends des gens dire: ils n'ont rien appris, ils n'ont rien compris. C'est tellement faux. Ça fait longtemps qu'on réalise que les exigences du public et du gouvernement sont à tolérance zéro», a-t-elle affirmé.

Lettre

Ces précisions sont venues après que l'un des dirigeants de Dessau, Frédéric Sauriol, eut expédié une lettre ouverte à la première ministre Pauline Marois dans laquelle il disait craindre un effondrement de la compagnie d'ici quelques jours si elle ne pouvait décrocher de nouveaux contrats.

Isabelle Jodoin a toutefois précisé que M. Sauriol avait écrit cette lettre de sa propre initiative et que ses propos ne représentaient pas une position officielle de la direction.

Frédéric Sauriol, qui est vice-président du secteur institutionnel de Dessau et cousin des ex-dirigeants Rosaire et Jean-Pierre Sauriol qui ont démissionné dans la foulée des révélations embarrassantes à la Commission Charbonneau, soutient dans sa lettre que la compagnie ne pourrait verser les salaires de ses 5000 employés.

Frédéric Sauriol écrit à Mme Marois que la Loi 1 de son gouvernement, quoique bonne en principe, va trop loin car dans le cas de Dessau, le remède emportera le malade.

INOLTRE SU HUFFPOST

Tony Accurso

La commission Charbonneau en bref

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.