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FrancoFolies 2013 : Dead Obies et leur énergie post-rap (ENTREVUE)

FrancoFolies 2013 : Dead Obies et leur énergie post-rap (ENTREVUE)
Équipe Spectra

MONTRÉAL - Ils sont cinq rappeurs et un faiseur de beats originaires du «sud sale» de la province [de la Rive-Sud de Montréal pour faire plus simple] à faire un « post-rap » assez unique au Québec. Dead Obies est le nom de ce tout nouveau collectif découvert récemment pour plusieurs à la finale des Francouvertes, en mai. Ce soir, ils remettent ça, mais cette fois-ci aux FrancoFolies de Montréal.

D’abord propulsé par les World Up ! Battles, Dead Obies exprime quelque chose de nouveau dans le paysage de la musique hip-hop: « Nous cherchons encore notre lanscape sonore. Nous adorons les vieilles consoles qui donnent du corps à la musique, comme dans les années 1960-70 », explique Yes Mccain, sorte de porte-parole officiel de la formation. « Oui nous travaillons en numérique (notamment avec MIDI), mais il faut que ça gratte, que les sonorités soient marquées d’un grain, qu’elles aient de la personnalité. Je pense au travail de Beastie Boys ou encore de Public Enemy. »

Ainsi, la musique de Dead Obies est inspirée du rap, mais le rendu, l’esprit autant que les motivations sont différents. Les membres ne se revendiquent pas du gangstérisme, des nanas, des grosses bagnoles ou encore de l’illégalité, de la pauvreté ou de la rébellion. Nés d’un monde différent, moins noir (prendre le terme à différents degrés) et surtout 2013, ces jeunes parlent de ce qu’ils vivent, notamment de leur environnement de banlieusards. Ils proposent un rap de leur génération, plus près de leurs préoccupations.

Avec originalité, conviction et un flair certain pour la musique, ils balancent sur scène un flow de paroles franglaises. Boom! Énergie débridée, mais oh combien efficace. Véritables bêtes de scène les gars veulent décaper et en mettre plein la face. D’ailleurs, ce collectif métissé de rap old school et traficoté aura certainement été la vraie surprise des Francouvertes 2013. Une ombre au tableau, l’utilisation répétée de la langue de Shakespeare. Un choix artistique qui a notamment offusqué plusieurs spectateurs en mai. Ainsi soit-il, comme l’explique Mccain : « Le milieu est étiqueté de préjugés. Cette histoire de langue est quant à moi complètement ridicule. Nous chantons en français et empruntons un peu à l’anglais, qui est en effet plus mélodique, plus fluide parfois pour le genre. Nous utilisons aussi l’anglais, car c’est une réalité et en quelque sorte notre réalité. »

« On doit et on veut se libérer des carcans. Je refuse, comme les autres cinq membres fondateurs, de me laisser imposer des limites ou un style. C’est ce que nous aimons et c’est ce que nous faisons. Je suis un jeune blanc né de classe pauvre-moyenne dans une ville périphérique de Montréal. Je ne peux faire la même musique que les rappeurs classiques. Nous essayons de s’éloigner des valeurs conservatrices. »

« Nous sommes un peu comme Alaclair Ensemble », poursuit-il. « Nous essayons autre chose. Parce que nous sommes différents. Nous parlons de nos frustrations, du complexe d’infériorité québécois, d’évasion, de conflits générationnels, d’enjeux politiques, linguistiques, l’apparence, l’éternelle absurdité de la consommation, la folle compétition de ma pelouse est plus verte que la tienne… »

Avec leur touche éclatante et hallucinatoire à la sauce Alaclair Ensemble (moins fou et moins «intellectuel» toutefois) justement, ils bougent sur des rythmes franchement bien foutus par leur beat maker. Peut-être que la folie de chacun est légèrement à calmer et que la présentation «yo man» est à polir aussi, mais ce bébé de l’underground est vraiment à surveiller. De toute évidence, les Dead Obies sont un choix made au Québec judicieux pour clore les FrancoFolies 2013.

Dead Obies : Samedi le 22 juin, 22h – Scène La Presse+. Concours gratuit.

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