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Financement libyen: Sarkozy désigné par l'interprète de Kadhafi (VIDÉO)

Kadhafi aurait versé «une vingtaine de millions de dollars» à Sarkozy
AFP

Alors que Nicolas Sarkozy attend le verdict du Conseil constitutionnel sur le remboursement de ses frais de campagne de 2012, une autre affaire de financement politique pourrait venir perturber sa retraite.

L'émission Complément d'enquête, diffusée ce jeudi 20 juin sur France2 et dont Mediapart a obtenu un extrait en avant-première , a retrouvé le diplomate Moftah Missouri qui fut aussi l'ancien interprète francophone de Kadhafi. Face caméra, celui-ci révèle avoir appris de la bouche du "Guide" que le régime libyen avait versé "une vingtaine de millions de dollars" à Nicolas Sarkozy, à l'occasion de sa campagne présidentielle de 2007.

Le diplomate confirme également l’authenticité du document officiel libyen dévoilé par Mediapart le 28 avril 2012 [lien payant]. Datée du 10 décembre 2006 et paraphée par Moussa Koussa, l’ancien chef des services de renseignements extérieurs de la Libye, cette note interne mentionnait le financement de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy à hauteur de 50 millions d'euros.

Moussa Koussa et Bachir Saleh, ex-directeur de cabinet de Kadhafi, ont démenti avoir été respectivement l'auteur et le destinataire de la note publiée à l'origine par Mediapart.

Le témoignage de l'ancien interprète du "guide" n'apporte pas de preuve matérielle sur le versement effectif des sommes évoquées. "Normalement chez nous, à la présidence, quand on donne de l’argent à quelqu’un, il n’y a pas un transfert bancaire, il n’y a pas de chèque, c’est de l’argent liquide dans des mallettes", explique-t-il, selon des propos rapportés par Mediapart. En clair, celui-ci n'a jamais assisté à un échange de valises.

Mais, après les accusations de Ziad Takieddine et de Jacques Dupuydauby, l'authentification du document pourrait alimenter l'information judiciaire ouverte contre X le 19 avril dernier sur le financement de la campagne électorale de 2007, même si pour l'heure les juges n'enquêtent pas encore sur ce document.

D'autres anciens dignitaires libyens pourraient toutefois corroborer les soupçons des juges Serge Tournaire et René Grouman qui enquêtent sur des faits de "corruption active et passive", "trafic d'influence", faux et usage de faux", "abus de biens sociaux", "blanchiment, complicité et recel de ces délits".

Bachir Saleh, soupçonné d'avoir été l'intermédiaire entre l'ancien président français et le colonel Kadhafi, pourrait être un de ceux-là. Recherché par Interpol, celui-ci a été exfiltré de France avec le soutien de l'entourage de Nicolas Sarkozy.

Parmi les anciens responsables libyens susceptibles de parler, une enquête du journal Le Monde, publiée début juin, évoquait Abdallah Mansour, un autre ancien conseiller du dictateur Kadhafi, aujourd'hui réfugié au Niger, le général Abdelhafid Massoud, haut responsable de l'armée de Kadhafi, aujourd'hui en Algérie, et Sabri Shadi, ex-patron de l'aviation civile libyenne.

A moins que le clan Kadhafi lui-même ait gardé des éléments compromettants. En mars 2011, Saïf al-Islam, le fils de Mouammar Kadhafi, aujourd'hui détenu par le nouveau pouvoir libyen, avait lui aussi exigé que Nicolas Sarkozy "rende l'argent" qui lui avait été prêté pour financer sa campagne de 2007. "On a tous les détails tous les documents et on révélera tout prochainement", avait-il menacé à l'époque.

L'avocat tunisien de l'ex-Premier ministre libyen al-Baghdadi al-Mahmoudi, emprisonné en Tunisie, avait également porté des accusations similaires: "Mouammar Kadhafi, son régime et les responsables qui travaillaient avec lui ont financé la campagne électorale de Sarkozy en 2007", avait déclaré Me Bechir Essid, évoquant quelque 50 millions d'euros.

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