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«Se mettre dans l'eau chaude» : et si on prenait un spa au théâtre? (PHOTOS/VIDÉO)

«Se mettre dans l'eau chaude» : et si on prenait un spa au théâtre ? (PHOTOS/VIDÉO)

L’Espace Libre termine sa saison en mettant à l’affiche une performance de l’Action Terroriste Socialement Responsable (ATSA), qui fait une première incursion engagée au théâtre, après des années à occuper l’espace public afin de conscientiser la population aux diverses causes altermondialistes qui lui tiennent à cœur.

« Se mettre dans l’eau chaude » est une expérience théâtrale incomparable. Avant de se présenter au théâtre de la rue Fullum, les spectateurs doivent remplir un questionnaire sur diverses thématiques (cynisme, bonheur, avenir du Québec et de la planète). Une fois rendus sur place, ils ont le choix de vivre la soirée selon le forfait « Mouillez-vous » ou « Restez au sec ». Inévitable métaphore d’une frange de la population qui n’hésite pas à se mouiller afin de défendre ses idéaux, pendant que les autres protègent leur confort, la proposition est avant tout très charmante. Après avoir enfilé son maillot de bain dans les vestiaires aménagés pour les circonstances, on reçoit un peignoir (un carré rouge est accroché aux peignoirs de ceux qui ont choisi de se mouiller), ainsi qu’une petite phrase qui nous sera utile un peu plus tard. De retour à l’extérieur, on arrive face à face avec des chaises longues et trois bains-tourbillon, où nous pouvons nous prélasser avant et après la production.

Tout au long du spectacle, l’ATSA nous invite à nous questionner sur notre rapport au confort, à notre sacro-saint besoin de décrocher, d’accroitre notre bien-être et de calmer notre désordre intérieur, au lieu de prendre nos responsabilités en tant que citoyen. En plus clair : pendant nos cours de yoga, nos séances de méditation, nos journées au spa et nos lectures de croissance personnelle, qui se préoccupe de la misère du monde, de la famine, de la guerre, de la corruption, de l’environnement et des multiples problèmes économiques ? La quête absolue de béatitude est-elle une démonstration de notre manque d’humanité ou plutôt une façon de nous protéger de tout ce qui nous entoure ? Le bonheur du « je » est-il uniquement source d’égoïsme ou n’est-il pas plutôt une façon de mieux s’accueillir soi-même afin d’interagir plus adéquatement envers les autres ?

Les comédiens (Mylène Roy, Geneviève Rochette et Jean-François Nadeau) dirigent une séance de méditation-yoga avec les spectateurs pendant que la tristesse du monde est projetée sur grand écran ; tentent de décortiquer les raisons qui poussent les gens à ne pas s’impliquer et les sources d’agrément de ceux qui plongent pour la cause ; invitent les spectateurs à s’entasser dans une pièce légèrement suffocante afin qu’ils puissent ressentir un instant ce que provoquent ces situations de survie au quotidien pour des millions d’êtres humains ; analysent les questionnaires (anonymes) remplis par les spectateurs ; invitent les membres du public à discuter entre eux et concluent avec un élan – légèrement hésitant – de prise de position.

Soulignées à très (trop) gros traits par l’ATSA, les thématiques abordées et les contradictions soulevées sont pourtant très à propos. Toutefois, il serait naïf de croire que les spectateurs attirés par ce genre de spectacle ne soient pas déjà conscientisés par les causes défendues. L’idée est bonne, mais la portée est résolument moins grande qu’une action sur l’espace public.

Se mettre dans l’eau chaude

10 au 15 juin 2013 – Espace Libre

http://www.espacelibre.qc.ca/se-mettre-dans-l-eau-chaude

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