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Washington récolte secrètement des millions de registres d'appels téléphoniques

Les Américains sont tous espionnés

WASHINGTON - Des Américains ont été scandalisés d'apprendre, jeudi, que le plus grand opérateur téléphonique du pays fournissait au gouvernement les registres d'appels de tous ses clients, mais des politiciens ont rejeté leurs inquiétudes en affirmant que le programme de surveillance existait depuis sept ans et qu'il avait pour seul but d'attraper des terroristes.

La présidente de la commission du renseignement du Sénat, la démocrate Dianne Feinstein, a confirmé jeudi que le gouvernement récoltait les registres d'appels de millions de clients américains de l'opérateur Verizon en vertu d'une ordonnance judiciaire secrète.

L'information avait été rapportée plus tôt par le quotidien britannique «The Guardian».

Dans une ordonnance judiciaire de quatre pages obtenue par le quotidien, l'agence nationale de sécurité (National Security Agency) exige que Verizon lui remette tous les registres contenant les appels entrants et sortants effectués sur tous les numéros de téléphone du pays, de même que le lieu des appels, leur heure et leur durée. L'agence demande aussi que l'ordonnance soit gardée secrète.

L'ancien vice-président Al Gore a qualifié ce programme de «scandaleux», tandis que des clients de Verizon se sont servis des réseaux sociaux pour critiquer le géant des télécommunications, subitement pris dans un cauchemar de relations publiques.

«Alors, qui a manqué de courage moral et d'honneur pour se lever devant notre gouvernement et lui dire de ne pas collecter de données sur vos clients?» a écrit Julie Morgia Duchene sur la page Facebook de Verizon. «Qui servez-vous, Verizon? Honte à vous!» poursuit-elle.

«Quand mon contrat sera terminé dans un mois, je m'en vais», écrit un autre client mécontent, Blaine Christian.

Verizon s'est défendue dans une note aux employés transmise jeudi, qui a rapidement été relayée à une multitude de médias.

L'avocat général de l'entreprise affirme dans la note que même si «Verizon prend continuellement des mesures pour protéger la vie privée de ses clients», elle doit remettre des informations quand un tribunal fédéral lui ordonne de le faire.

Verizon ne serait pas le seul opérateur téléphonique qui a dû remettre ses registres d'appels au gouvernement au cours des sept dernières années.

L'American Civil Liberties Union a appelé à la fin immédiate du programme de surveillance et à une enquête du Congrès.

Le programme est en vigueur depuis 2006 en tant que composante clé du programme de surveillance sans mandat judiciaire du président George W. Bush. Il s'appuierait sur une disposition du très critiqué Patriot Act, qui permet au gouvernement de collecter de telles informations dans le cadre de ses enquêtes antiterroristes.

Lors d'une conférence de presse impromptue sur la colline du Capitole, Dianne Feinstein a déclaré que l'ordonnance judiciaire avait une validité de trois mois renouvelables, et qu'elle avait été renouvelée continuellement depuis sept ans.

Elle a précisé que l'ordonnance avait été décidée par la Foreign Intelligence Surveillance Court et qu'elle était donc parfaitement légale. Le Congrès a été informé des détails du programme, a-t-elle dit.

«Cela s'appelle protéger l'Amérique. Les gens veulent que leur pays soit sûr», a-t-elle dit.

Le sénateur républicain Lindsay Graham a abondé dans son sens.

«Je suis un client de Verizon et ça ne me dérange pas que Verizon remette ses registres d'appels au gouvernement», a-t-il dit sur Fox News.

Un autre sénateur républicain, Saxby Chambliss, a déclaré qu'il n'y avait «rien de nouveau» et que le programme existait depuis sept ans.

«Tous les membres du Sénat des États-Unis ont été mis au courant», a-t-il déclaré. «À ma connaissance, aucun citoyen n'a porté plainte.»

Il a précisé que le programme avait été efficace parce qu'il avait permis d'obtenir des informations significatives sur «de mauvaises personnes, et seulement de mauvaises personnes», au fil des ans.

Le président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, le républicain Mike Rogers, a quant à lui affirmé que cette surveillance avait permis de déjouer un attentat terroriste aux États-Unis dans les dernières années.

Le document obtenu par le «Guardian» montre pour la première fois que sous l'administration Obama, les registres de communications de millions de citoyens américains sont collectés en vrac et sans distinction, que les gens soient soupçonnés ou non d'un quelconque méfait. Le contenu des conversations comme telles n'est pas couvert par l'ordonnance, selon le «Guardian».

Barack Obama avait lui-même critiqué ces méthodes de surveillance en 2007, alors qu'il faisait campagne pour la présidence.

«Je vais fournir à nos agences de renseignement et d'application de la loi les outils dont elles ont besoin pour débusquer les terroristes sans contrevenir à notre Constitution et à nos libertés», avait-il promis dans un discours.

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