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Tournage du film «Le temps des roses»: ceci n'est pas un film sur Geneviève Jeanson (PHOTOS)

Tournage du film «Le temps des roses»: ceci n'est pas un film sur Geneviève Jeanson (PHOTOS)
Ismaël Houdassine

En cette vraie belle journée d’été, le rendez-vous est donné aux médias dans le Vieux-Montréal. C’est là qu’Alexis Durand-Brault (Ma fille, mon ange) entame la troisième phase du tournage de son prochain film, Le temps des roses. Après l’Europe et les États-Unis, le réalisateur filme au Québec les nouvelles scènes de son long métrage sur Geneviève Jeanson. L’œuvre met en vedette Patrice Robitaille, Denis Bouchard, Josée Deschênes et Laurence Lebœuf dans le rôle de la cycliste québécoise.

«Ce n’est pas un long métrage sur Geneviève Jeanson !», lance le réalisateur un peu excédé. Ah bon? «Non, je le répète, je ne peux pas dire que c’est sur Geneviève Jeanson sinon je serais un menteur. Même si le film est librement inspiré de son expérience, c’est surtout mon interprétation émotive et celles des auteurs qui y sont exprimées. Ce que Geneviève nous a transmis, ce sont ses états d’âme. Il y a une certaine vérité dans l’émotion, mais on ne peut pas dire que c’est exactement ce qui s’est passé», déclare-t-il.

N’empêche que, pour les besoins du film, le réalisateur Alexis Durand-Brault, les scénaristes Sophie Lorain et Catherine Léger, ainsi que le producteur Richard Lalonde, ont bel et bien rencontré Geneviève Jeanson. C’était en 2008, quelque temps après les révélations fracassantes de la cycliste qui avouait à la télévision avoir consommé de l’EPO. «Quand je l’ai vu pour la première fois à Las Vegas, je ne voulais pas qu’elle me parle de tous ces détails factuels. Cela ne m’intéressait pas, car je savais déjà que ne voulait pas faire une reconstitution historique. Je voulais plutôt savoir ce qui l’avait poussé à rentrer dans un tel engrenage», raconte le réalisateur.

Le Temps des roses, qui n’est ni un biopic, ni une enquête, mais plutôt un film qui s’attarde sur les quelques semaines vécues par une sportive nommée Julie Arseneau, une vedette du cyclisme. Elle est à deux courses de remporter la Coupe du monde. Encouragée par son entraineur qui s’appelle JP et son médecin Paul C. Henri, la jeune femme se dope depuis l’âge de 14 ans.

«En fait, je voulais faire ce film d’abord parce que je trouve qu’on est vraiment dur envers nos athlètes. Je ne veux pas excuser ce que Geneviève a fait. D’accord, elle a menti à tout le monde et je ne veux pas en faire une victime. Toutefois, je crois que ce qu’elle a vécu peut expliquer bien des choses».

D’après le réalisateur, sous la figure hypermédiatisée de la cycliste se cachent les fantasmes d’un public qui exige de ses héros qu’ils réalisent l’impossible. «Comme tout le monde, j’aimais aussi voir Geneviève courir. Elle était belle et pétillante. On a tous aimé ça et maintenant, on est fâché parce qu’on a projeté sur elle nos ambitions. C’est vrai qu’elle a inventé toute une histoire, mais il nous faut regarder un peu plus loin que ça. Il faut se poser les vraies questions. Pourquoi y a-t-il autant d’athlètes qui tombent dans la dope? Mon travail de réalisateur, c’est d’essayer de comprendre sans jugement».

D’ailleurs, la scène que Durand-Brault est en train de tourner montre l’athlète après avoir remporté une course. On la retrouve assise dans un restaurant bondé, entourée de tous les membres de son équipe. L’objectif de la caméra est dirigé tout droit sur sa table. On lève les verres à champagne, pendant qu’on félicite la cycliste de son exploit. «C’est un film sur le prix à payer pour réussir. Quel que soit le milieu, c’est toujours difficile».

Une relation malsaine

Derrière chaque athlète existe un entraîneur et, là aussi, l’acteur Patrice Robitaille insiste, entre deux prises de vue, pour dire que son interprétation n’a rien à voir avec l’homme qui a côtoyé la cycliste dans la réalité. «J’interprète un entraîneur qui s’appelle dans le film JP et qui n’a pas beaucoup de points communs avec l’entraîneur de Geneviève Jeanson. Je me base sur le scénario et non sur personne réelle. Je préfère aller chercher dans ce que je suis et dans mes propres expériences plutôt que d’aller rencontrer quelqu’un».

«Ce qui m’intéresse, c'est d’examiner à quel point le sport peut nous rendre un peu débiles. J’en sais quelque chose. Je regarde le hockey et, sérieusement, je suis comme un animal devant mon téléviseur. J’ai transposé cela à mon personnage en me disant qu’il était tombé en amour avec la personne, mais aussi avec la machine qui est cette athlète. Il y a quelque chose de Frankenstein dans cette relation fascinante composée d’amour et de haine».

De son côté, Laurence Lebœuf avoue que son rôle est, en soi, un vrai défi à la foi physique et psychologique. «Depuis un an, je suis embarquée sur un vélo. J’ai découvert ce sport grâce au film et je peux vous dire que c’est un vrai coup de cœur».

L’actrice, qui se dit «raquée», a énormément travaillé son personnage afin de jouer avec le plus d’équilibre possible. «Mon rôle est très sombre. J’ai beaucoup parlé avec le réalisateur. On a travaillé ensemble pour trouver la balance parfaite. Les méandres que traverse mon personnage sont vraiment absorbants. En rentrant dans l’envers du décor, j’ai été touchée par les sacrifices que doivent accomplir les athlètes de haut niveau».

Le tournage devrait se terminer d’ici la mi-juin. Doté d’un budget de cinq millions de dollars, Le Temps des roses prendra l’affiche au courant de l’année 2014. Le film est distribué par Les Films Christal (sous-distribution de Les Films Séville).

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