Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Louxor: la photo d'un graffiti fait par un ado crée la polémique en Chine (PHOTOS)

Un ado chinois vandalise Louxor et devient l'ennemi public n°1 (PHOTOS)

Un adolescent est au cœur d'un débat national en Chine sur les mauvaises manières des jeunes riches et des touristes à l'étranger. Qu'a-t-il fait pour s'attirer les foudres de ses compatriotes? Ce jeune de 15 ans a vandalisé le célèbre site de Louxor en Egypte en laissant un graffiti dans un temple. Une "bêtise" qui a fait le tour du web chinois avant que le vandale ne soit identifié par les internautes et montré du doigt par son pays.

Lors d'un voyage en Egypte -un luxe que ne peuvent s'offrir que les Chinois les plus aisés- l'adolescent a effectivement dégradé un temple de l'ancienne cité pharaonique. "Ding Jinhao a visité cet endroit", a-t-il écrit sur un bas relief représentant le dieu Amon, le "Saint des saints" du temps d'Amenhotep III, un sanctuaire restauré et décoré par Alexandre le Grand.

Le graffiti de cet adolescent aurait pu passer inaperçu si un autre touriste chinois n'avait pas pris une photo de cette dégradation pour la publier sur Internet et dire sa "honte" et sa "tristesse". Voici la photo publiée sur le réseau social chinois Weibo:

En quelques jours, ce cliché a été partagé près de 100.000 fois sur le réseau social et le graffiti a fini par faire la Une de la presse chinoise.

Une chasse au "vandale"

Le vandale de Louxor est alors devenu l'ennemi public numéro 1. Cette simple photo a déclenché une traque menée par les internautes -une pratique controversée mais pas rare en Chine- pour retrouver la famille de l'adolescent. Les parents de l'enfant n'ont pas tardé à être identifiés: il s'agit d'un couple aisé de Nankin qui a présenté, ce 26 mai, des excuses dans un quotidien de cette ville de l'est de la Chine.

Malgré ces excuses, l'affaire est devenue l'une des plus commentées le Web chinois. De nombreuses personnes regrettent la stigmatisation du jeune Ding, mais pour la majorité des internautes, le comportement du jeune homme est inacceptable.

Ce dernier a "fait perdre la face à la nation chinoise", a dénoncé un internaute, sous le pseudonyme de VVliangjiazu_xianer. "L'attitude de Ding Jinhao ruine la réputation de la Chine, il mérite toutes les critiques", a écrit un certain Yichuangeyaonixi.

Dénoncer les nouveaux riches

Pour Renaud de Spens, sinologue et expert de l'Egypte interrogé par l'AFP, cette controverse illustre le "regard des Chinois sur eux-mêmes". "C'est un Chinois qui a dénoncé (l'adolescent). C'est intéressant. C'est un symbole du fu er dai", a-t-il souligné en utilisant l'expression par laquelle sont désignés en Chine les nouveaux riches de deuxième génération, réputés pour leur arrogance et leur impolitesse. Ce geste donne selon lui "une occasion pour les Chinois de dénoncer le comportement de leurs élites". La nomenklatura du régime communiste est accusée de bénéficier d'une vie dorée et de nombreux privilèges.

Certains ont rapproché cette affaire du cas du fils d'un général de l'armée qui avait agressé un couple, alors qu'il roulait à Pékin dans un coupé BMW à l'âge de 15 ans. Ou bien encore celui du fils d'un haut responsable policier qui, en état d'ébriété, avait écrasé deux étudiantes en 2010.

"On est en plein paradoxe: parmi les Chinois qui ont la chance d'aller à l'étranger, il y a ceux qui ne sont pas touchés par l'ouverture d'esprit que devrait provoquer le voyage, ils sont là pour consommer et marquer leur place, et il y a ceux qui vont à l'étranger pour découvrir, avec une attitude plus sensible", a ajouté Renaud de Spens. Selon lui, dans leurs réactions "les Chinois insistent tous sur le fait que ce site a 3500 ans d'existence, alors qu'eux-mêmes sont abreuvés depuis l'enfance par un discours officiel insistant sur les 5000 ans d'histoire de la culture chinoise, mais qu'aucun site chinois de cette ampleur et de cette époque n'a pu survivre jusqu'à aujourd'hui".

De plus, cette triste histoire est "récupérée par la propagande, avec le message: attention les Chinois, quand vous êtes à l'étranger vous représentez la Chine. Soyez loyaux!"

Les Chinois ont été 83 millions à partir en vacances l'an dernier à l'étranger, mais ils s'y voient parfois reprocher des comportements bruyants ou indisciplinés. Mi mai, un vice-Premier ministre chinois, Wang Yang, avait vilipendé les actes de certains touristes de son pays tels que "parler trop fort dans des lieux publics, traverser hors des clous, cracher, ou graver des caractères chinois dans des sites touristiques".

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.