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La ville de Montréal est ingouvernable, et il y a urgence d'agir, dit François Legault

La ville de Montréal est ingouvernable, dit Legault
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MONTRÉAL - À moins de six mois des élections municipales, la Coalition avenir Québec (CAQ) revient à la charge en proposant de revoir en profondeur les structures montréalaises. La suggestion a été accueillie avec scepticisme par le ministre Jean-François Lisée et qualifiée de «populiste» par le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron.

François Legault s'était déjà attaqué, en campagne électorale, au nombre d'élus de la métropole, qu'il jugeait nettement trop élevé. Le voilà qui propose, en plus, de faire passer de 19 à 12 le nombre d'arrondissements sur l'île de Montréal.

La CAQ suggère également de remplacer les maires d'arrondissements par des présidents élus par les cinq conseillers de leur arrondissement, histoire de mettre fin à la «fragmentation (qui) alourdit la prise de décision au conseil de ville». Cette mesure, a plaidé M. Legault, permettra de réaliser des économies de «quelques millions de dollars».

Le chef caquiste a également mis de l'avant l'idée de faire passer de 103 à 61 — en incluant le poste de maire — le nombre d'élus montréalais.

«Je pense qu'il y a un consensus actuellement pour dire qu'il y a trop d'arrondissements, il y a trop de pouvoirs aux arrondissements et il y a aussi trop d'élus. Cent trois élus, c'est vraiment exceptionnel, hors de proportion», a-t-il lancé dans les bureaux montréalais du parti.

Et il est hors de question de laisser traîner ces dossiers, soutient la CAQ, qui espère faire adopter ces mesures, qualifiées de «non partisanes», à la cinquième vitesse à l'Assemblée nationale. Jean-François Del Torchio, attaché de presse du leader caquiste, a signalé que la formation politique espérait entamer des discussions avec les élus pour en arriver à un consensus en vue du dépôt d'un projet de loi.

«On croit que c'est possible, au début de la prochaine semaine, de revoir la structure de Montréal pour être capable d'avoir cette structure applicable lors de l'élection du mois de novembre. On pense qu'il y a une fenêtre d'opportunité», a fait valoir M. Legault.

Mais de son côté, le ministre responsable de la région de Montréal, Jean-François Lisée, ne voit pas la nécessité de réserver au dossier de la gouvernance montréalaise un traitement accéléré à l'Assemblée nationale. De fait, le Parti québécois (PQ) dirait «non» si un projet de loi était déposé en ce sens au Salon bleu, a tranché le député de Rosemont.

«On va dire à nos amis de la CAQ qu'ils peuvent participer au débat, mais nous allons attendre le verdict des électeurs montréalais. Le pouvoir, il est là.»

M. Lisée s'est par ailleurs dit embêté que «l'on demande au gouvernement du Québec de se substituer au débat démocratique qui va avoir lieu à Montréal» d'ici le scrutin municipal du 3 novembre.

Même son de cloche du côté de M. Bergeron. En fait, le chef de Projet Montréal en ajoute une couche, taxant la CAQ de «populiste».

«C'est un sujet assez superficiel. C'est bien la raison, d'ailleurs, pour laquelle tous les politiciens s'y intéressent: c'est tellement facile de dire qu'il y a trop d'élus (...) C'est la maladie de la 'structurite' qui est la maladie de tout le monde politique», s'est exclamé le leader municipal en entrevue téléphonique.

«Ça ne peut pas être 'opérationnalisable' pour la prochaine élection, a-t-il poursuivi. C'est un petit coup de dés politique de sa part parce que ça fait bien, ça fait faire la manchette, c'est dans l'air du temps.»

La leader de Vision Montréal, Louise Harel, a pour sa part tenu à saluer le «courage» de la CAQ et s'est réjouie de voir la formation remettre en question le statut quo.

Reste que dans les faits, procéder à de telles modifications à moins de six mois du prochain scrutin est utopique, laisse entendre Mme Harel.

«Il y a une certaine précipitation. On ne peut pas décider ça maintenant, parce que l'élection ne pourrait pas avoir lieu. Vous comprenez que ça met quelques mois à modifier l'aménagement des districts électoraux, a-t-elle analysé. Ce qui urge, à Québec, c'est de voter que c'est au conseil de ville, et non pas à chacun des arrondissements, d'en décider (des questions de gouvernance).»

Pierre Arcand, qui représente la circonscription de Mont-Royal pour le Parti libéral du Québec, n'a pas voulu commenter le dossier pour l'instant.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain a réagi à l'annonce par voie de communiqué, estimant que la proposition de réforme «va dans l'intérêt du renforcement de la ville centre et de la métropole».

Mais comment les principaux intéressés — les citoyens — recevront-ils, pour leur part, la proposition de fusionner les arrondissements, après la saga que l'on a connue entre les fusions péquistes et les défusions rendues possibles sous la houlette des libéraux?

«À l'époque, c'était des fusions pour savoir si on s'inclut à une autre ville ou non. Ces arrondissements font déjà partie de la ville de Montréal (...) On a essayé différentes formules, on a eu la fusion, la défusion, on se rend compte là, actuellement, qu'il faut essayer une nouvelle formule et on pense que c'est la bonne», a résumé M. Legault.

Lorsque le chef caquiste avait discuté des lacunes en matière de gouvernance à Montréal l'été dernier, le maire Gérald Tremblay avait répliqué qu'il s'agissait d'un «faux débat» et reproché à M. Legault de «dénigrer Montréal». Quant à la chef du PQ, Pauline Marois, elle s'était montrée peu intéressée à se lancer dans un débat de structures, ce que M. Lisée a réitéré lundi à l'autre bout du fil.

Cette sortie du chef de la CAQ survient à quelques jours d'une annonce de Denis Coderre, qui devrait confirmer jeudi son intention de se lancer dans la course à la mairie de Montréal.

Le porte-parole caquiste pour la région de Montréal, Stéphane Le Bouyonnec, a d'ailleurs contacté l'actuel député libéral de Bourassa pour avoir un son de cloche.

Invité à commenter la candidature de M. Coderre, M. Legault s'est montré prudent, se contentant d'affirmer que la décision revenait aux électeurs de la métropole.

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