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Gilles Cloutier vraisemblablement contre-interrogé par l'avocat de Guy Chevrette

Gilles Cloutier vraisemblablement contre-interrogé par l'avocat de Guy Chevrette
CEIC

Gilles Cloutier a confessé ce matin avoir menti à la commission sur un des aspects de son témoignage. L'ex-vice-président au développement des affaires de la firme de génie-conseil Roche reconnaît ne pas avoir été propriétaire, mais seulement locataire de la maison de Charlevoix où il recevait des politiciens, au nom et aux frais de Roche.

Un texte de François Messier et Bernard Leduc

Il soutient avoir fait ce mensonge par « orgueil » et se dit « triste » de l'avoir fait. Il a donc dû admettre dans la foulée à l'avocate du PQ, Me Estelle Tremblay n'avoir donc pas acheté cette demeure à 200 000 $ devant notaire ni encore l'avoir vendue, par la suite, à 400 000 $.

« Je le disais à tout le monde qui m'entourait que j'étais propriétaire », a-t-il expliqué. « Psychologiquement, j'étais comme propriétaire. »

Notons par ailleurs que si M. Cloutier a ainsi menti aux enquêteurs de la commission et lors des audiences publiques sur ce fait, jusqu'à cette rectification, il avait cependant dit à la journaliste d'Enquête, Marie-Maude Denis, être locataire de cette maison. M.Cloutier nie par ailleurs qu'il avoue son mensonge parce que le Journal de Montréal l'a entre-temps démasqué, ces derniers jours : « article ou par article, je l'aurais fait ce matin ».

Gilles Cloutier maintient notamment ne pas avoir menti sur le rôle qu'aurait joué l'ex-ministre des Transports Guy Chevrette dans le contrat de la construction de la route 125 entre Saint-Donat et Lac-Supérieur, dans Lanaudière.

Il maintient aussi avoir bel et bien organisé un cocktail de financement, début 2000, pour la députée péquiste de Prévost, en présence du ministre Chevrette, et ramassé alors 15 000 $ pour le PQ, en chèque ou en argent comptant. Or, soutient Me Tremblay, non seulement le PQ n'a pas touché cet argent, mais l'événement n'aurait jamais eu lieu, selon les souvenirs des gens qui y auraient été.

Les échanges entre Gilles Cloutier et Me Tremblay ont souvent été acerbes. Le témoin s'est montré agacé par les questions de l'avocate du PQ, qui lui semblaient répétitives, notamment au sujet de dates précises entourant l'entente qu'il aurait prise avec Gilles Beaulieu au sujet du paiement de 100 000 $ pour la route dans Lanaudière et de la date du cocktail de financement dans Prévost. « Vous faites perdre du temps à tout le monde », lui a-t-il lancé à une occasion.

La demande de l'ex-ministre Chevrette en délibéré

L'arrivée à la barre de M. Cloutier a été précédée par l'exposé des requêtes de Me Éric Vallières et de Me Jean Lozeau, les avocats de l'ex-ministre des Transports Guy Chevrette et de Gilles Beaulieu. Ils souhaitent obtenir le droit de contre-interroger l'ex-vice-président au développement des affaires de la firme de génie-conseil Roche au sujet des allégations qu'il a faites à leur endroit.

La commissaire Charbonneau a pris leurs requêtes en délibéré et rendra une décision, dit-elle, « en temps opportun ».

Gilles Cloutier a accusé Guy Chevrette d'avoir fait de « la magouille » en 2001 dans le dossier du prolongement de la route 125 entre Saint-Donat et Lac-Supérieur, avec la complicité de son ami Gilles Beaulieu. Il allègue notamment que le ministre lui a dit qu'il « aimerait » que Pavages Desjardins obtienne le contrat de construction dans ce dossier.

Selon lui, Roche, qui avait le contrat pour les plans et devis dans ce projet, a effectivement aidé une filiale de Pavages Desjardins, JL Campeau, à décrocher le contrat, en lui indiquant comment trafiquer son bordereau de soumission de manière à être le plus bas soumissionnaire conforme.

Gilles Cloutier dit avoir versé une somme de 25 000 $ à un ami de Guy Chevrette, Gilles Beaulieu, dans le cadre de ce contrat. Il soutient qu'un de ses collègues de Roche, Yves Lortie, devait remettre 75 000 $ supplémentaires à M. Beaulieu.

Le témoin a aussi allégué que Guy Chevrette a déjà séjourné aux frais de Roche dans une maison centenaire de Pointe-au-Pic, dans Charlevoix. Selon le témoignage de M. Cloutier, M. Chevrette y aurait été en 2003-2004, soit alors qu'il n'était plus ministre. En contre-interrogatoire, il estime que c'était des années plus tôt, finalement, et que M. Chevrette était bel et bien ministre.

Dans un communiqué publié peu après le 2 mai dernier, Guy Chevrette a soutenu que les affirmations de Gilles Cloutier à son endroit « sont totalement fausses et diffamatoires ».

Me Denis Houle, de l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ), et Me Michel Décary, du Parti libéral du Québec, ont aussi annoncé qu'ils auront des questions à poser au témoin.

Au terme des trois contre-interrogatoires prévus en début de journée, la procureure en chef Sonia Lebel reprendra son interrogatoire, mais sous ordonnance de non-publication. Gilles Cloutier sera alors interrogé sur l'opération Fiche, portant sur la Ville de Boisbriand.

Prochaine étape : Laval

Le directeur général de la Ville de Laval, Gaétan Turbide, succédera à Gilles Cloutier à la barre des témoins. Son témoignage risque fort d'être frappé lui aussi d'un interdit de publication, dans la foulée de l'opération policière visant l'ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt.

Dans les heures qui ont suivi l'opération Honorer, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a en effet demandé que l'ensemble du témoignage de M. Turbide ne soit pas rapporté par les médias, afin de ne pas nuire à un éventuel procès devant jury des 37 individus arrêtés jeudi par l'UPAC, dont l'ex-maire Gilles Vaillancourt.

Les avocats des médias ont cependant contesté l'étendue de cette requête, de sorte que la commissaire France Charbonneau a pris l'affaire en délibéré. Sa décision devrait être rendue publique au cours des prochaines heures.

Gaétan Turbide doit être suivi à la barre des témoins par son adjoint, Jean Roberge. Les deux hommes ont été suspendus de leurs fonctions lundi dernier par le conseil municipal de Laval, en raison des témoignages qu'ils s'apprêtent à livrer à la commission.

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