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Survivre, au Théâtre de Quat'Sous : Sylvie Drapeau goûte à la vie de bureau

Survivre, au Théâtre de Quat'Sous : Sylvie Drapeau goûte à la vie de bureau
Courtoisie

Ces jours-ci, Sylvie Drapeau, connue pour ses rôles souvent majeurs au théâtre et au cinéma, vit pleinement la réalité du « 9 à 5 » et les aléas de la vie de bureau. C'est que la dame est l'une des têtes d'affiche de la pièce Survivre, qui se déploie au Théâtre de Quat'Sous jusqu'au 18 mai. Écrite par Olivier Kemeid, nouvelle sensation du milieu théâtral québécois, et Éric Jean, et mise en scène par ce dernier, l'œuvre dresse un portrait à la fois surréaliste, absurde, mordant et un tantinet déprimant d'un quotidien si répétitif qu'il en devient presque destructeur.

« On est dans le domaine de l'abstraction, de l'inexplicable, lance d'entrée de jeu la comédienne, embêtée de détailler la trame de Survivre sans en dévoiler les surprises. Ça se passe dans un univers assez morne, fait d'ennui, dans un bureau. Tout à coup, un jeune homme arrive d'on ne sait où. Et il bouleversera l'ordre établi. Est-il réellement là, ou existe-t-il seulement dans leur fantasmagorie ? On ne le saura jamais, et ce n'est pas très important. Mais, à partir de son entrée dans les lieux, les gens ne seront plus les mêmes. Ils voudront exister aux yeux de ce garçon, obtenir son attention, son exclusivité. C'est le bal des egos qui débute. »

Outre Sylvie Drapeau, André Robitaille, Anne Casabonne, Laurie Gagné, Martine-Marie Lalande et Olivia Palacci incarnent ces êtres prêts à tout pour soutirer un regard, un sourire, une parole au bel étranger, personnifié par Renaud Lacelle-Bourdon. Parce que, s'ils ne parviennent pas à s'attirer les faveurs de celui-ci, ils demeureront prisonniers de la platitude de leur destinée, et que, « la routine, ce n'est pas la vie », comme le mentionne Sylvie Drapeau. Joli paradoxe, lorsqu'on considère que l'existence de la presque totalité de la population nord-américaine s'articule autour du train-train « métro - boulot- dodo ».

« Exactement, acquiesce Sylvie Drapeau avec enthousiasme. En début de pièce, c'est ce que le titre veut dire. La routine, ce n'est pas la vie, c'est de la survie. Ce n'est pas vrai qu'on est venus sur terre pour le "métro - boulot - dodo" et le "9 à 5". Ce n'est pas possible ! Il y a quelque chose d'autre qui nous amène ici, une dimension plus grande, plus profonde. Mais, au fil de l'histoire, une férocité se développe. Chacun veut prendre sa place dans ce fameux bureau, et une bataille terrible se joue entre les collègues. Ça joue du coude, ça joue dur, violent, cruel. Ce n'est pas un tableau joli. Il y a une esthétique, une beauté, mais le constat final n'est pas joyeux. »

À plusieurs reprises pendant l'entrevue, l'actrice s'emballera sur les méthodes de travail d'Éric Jean et sa manière particulière de diriger les interprètes qui, soutient-elle, s'apparente à celle d'un peintre qui élabore un tableau. Pour Survivre, le créateur a misé sur l'improvisation pour mener à bien les répétitions.

« Il nous a mis dans un bureau et nous a regardé improviser. Il fallait avoir en lui une confiance absolue. Ça nous a demandé un abandon complet. Il ne fallait pas essayer de comprendre où on s'en allait. Au bout du compte, ce n'est pas le bureau qui est important, mais plutôt toutes ces personnes "pognées" ensemble, à essayer de survivre. On ne sait d'ailleurs pas c'est un bureau de quoi. »

30 vies l'an prochain ?

La saison prochaine, Sylvie Drapeau sera encore très présente sur les planches montréalaises. Elle jouera d'abord dans La cerisaie, d'Anton Tchekhov, au Théâtre du Rideau Vert, du 24 septembre au 19 octobre. Elle retrouvera alors un grand complice, le metteur en scène Alexandre Marine, ainsi que ses collègues acteurs Paul Ahmarani, Marc Béland, Catherine De Léan, Danny Gilmore, Karyne Lemieux, Jean Marchand, Marc Paquet et quelques autres.

Puis, en janvier, on l'applaudira au Théâtre d'Aujourd'hui, alors qu'elle récitera un texte de Jennifer Tremblay, Le carrousel. Cette création fait suite à La liste, de la même auteure, que Sylvie Drapeau avait porté à bout de bras en 2010. « C'est une trilogie, et Le carrousel en est le deuxième volet, précise-t-elle. Autant la robe de La liste était grise, parce que le personnage était dans le remords et la culpabilité, autant, cette fois, elle sera rouge, parce qu'on versera dans l'amour et l'érotisme. L'amour d'un homme, oui, mais aussi des enfants. C'est un retour aux sources de l'enfance. C'est tellement beau! On redécouvrira la même femme, mais sous un nouvel angle. »

On ne voit que rarement Sylvie Drapeau à la télévision. Est-ce un choix de sa part de se consacrer à la scène et de ne pas se faire voir au petit écran? Pas nécessairement.

« Ce sont toujours les gens de théâtre qui m'appellent, laisse-t-elle tomber sans amertume. C'est comme ça. Récemment, on m'a proposé un rôle dans 30 vies, mais j'étais trop occupée avec Survivre et Le carrousel. Alors, c'était impossible. Mais je l'aurais fait si j'avais été disponible. Peut-être l'an prochain. On ne sait jamais! (rires) »

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