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La Lettonie compte sur un "effet Bilbao" pour son musée Rothko

La Lettonie compte sur un "effet Bilbao" pour son musée Rothko

L'ouverture d'un musée dédié au grand peintre américain Mark Rothko a éveillé dans sa ville natale de Daugavpils, en Lettonie, l'espoir d'attirer des milliers de touristes et de relancer l'économie locale.

Les autorités espèrent que le Mark Rothko Art Centre jouera un "effet Bilbao" - un terme utilisé pour décrire l'impact du musée Guggenheim sur la relance de la petite ville basque en déprime.

"Le musée sera à la fois la perle et la marque de notre ville, et du pays entier", a déclaré Zanna Kulakova, la mairesse de Daugavpils lors de l'inauguration en avril du musée, aménagé dans un ancien arsenal.

Mark Rothko, est né Marcus Rothkowitz en 1903, à Dvinsk, l'ancien nom de Daugavpils au temps de l'empire russe. Émigré à l'âge de 10 ans aux États-Unis, il devint un géant de l'art moderne grâce à son style caractéristique: une juxtaposition, simple, mais saisissante, de blocs de couleurs vives. Il est décédé en 1970 à New York.

À côté de créations datant de la fameuse période abstraite de l'artiste, la collection de Daugavpils comprend aussi des oeuvres figuratives d'une époque antérieure, marquée par des expériences avec la couleur.

Les amateurs de son oeuvre doivent pourtant s'armer de patience avant de pouvoir contempler ses chefs-d'oeuvre à Daugavpils.

Partant de Riga, ils ont le choix entre trois heures de voiture sur une mauvaise route de 230 km et un trajet en train encore plus long. L'aéroport de Daugavpils, un vestige militaire de l'ère soviétique, est fermé au trafic de passagers.

Sur place, le visiteur devra encore retrouver le chemin du musée au milieu d'un site labyrinthique de forteresses de l'époque tsariste, entouré de bâtiments en ruine et d'immeubles délabrés.

Selon Inna Steinbuka, chef de la représentation de la Commission européenne en Lettonie, le musée "donnera un nouvel élan à la ville".

"Nous pouvons observer les exemples de Bilbao et peut-être de Metz en France. À Metz, la branche du centre Pompidou a rendu la ville plus attractive. Daugavpils a aussi besoin d'avoir cette visibilité et sa propre marque", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Transformer l'ancien arsenal en galerie d'art a coûté 5,7 millions d'euros, dont 85% ont été financés par l'UE.

Le musée sera promu comme une des attractions en 2014 quand Riga deviendra l'une des deux capitales européennes de la culture, a indiqué Armands Slokenbergs, chef de l'agence lettonne de Développement du tourisme.

"J'espère que cela va donner une impulsion à d'autres investissements, concernant par exemple l'aéroport de Daugavpils", a ajouté Ojars Sparitis, professeur à l'Académie lettone des Arts.

Les prix allant jusqu'à 86,9 millions de dollars pour une oeuvre de Rothko contrastent avec le piètre état de sa ville natale qui se trouve dans l'une des régions les plus pauvres de l'UE.

Le salaire mensuel moyen brut dans cette région de Latgale est de 500 euros, bien en dessous de la moyenne nationale de 732 euros. Le taux de chômage y atteint 21%.

Le jour de l'ouverture du musée, le quartier était en état d'urgence suite aux débordements de la rivière Daugava, le clapotis des vagues retentissant à un jet de pierre de l'escalier du centre d'art fraîchement repeint.

Son bébé dans une poussette, une jeune maman, Liga de son prénom, attend de voir quel effet va produire le musée sur la ville.

"Les routes autour du musée ont été réparées, mais les autres restent mauvaises", dit-elle.

"Qu'est-ce qu'il y a à faire en dehors du musée? Les gens vont regarder les peintures et puis ils retourneront à Riga", ajoute-t-elle.

Les autorités comptent attirer 90.000 visiteurs par an à Daugavpils, une ville de 100.000 habitants.

Apprenant l'ouverture du musée, le Suisse Jean-Paul Herzog, ancien dirigeant d'un grand groupe hôtelier, a aussitôt décidé de le visiter en juin.

"Je vais aller à Daugavpils, exprès pour le musée Rothko", a-t-il déclaré à l'AFP.

Admirateur de Rothko depuis les années 1970, Herzog se dit inspiré par le "calme radieux" de ses oeuvres - une forme de récompense après la longue route cahoteuse de Daugavpils.

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