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"Stoker" (Nicole Kidman) : thriller implacable autour d'une famille en eaux troubles

"Stoker" (Nicole Kidman) : thriller implacable autour d'une famille en eaux troubles

Avec "Stoker", thriller implacable au puissant lyrisme visuel, le cinéaste coréen Park Chan-Wook réalise son premier long métrage américain, avec Nicole Kidman, mêlant une esthétique et une violence éclatantes à une très forte tension émotionnelle.

Aux côtés de la star australienne, le réalisateur, grand prix du jury du festival de Cannes 2003 pour "Old Boy" et prix du jury en 2009 pour "Thirst, ceci est mon sang", a fait appel à sa jeune compatriote Mia Wasikowska ("Jane Eyre", "Alice au pays des merveilles", "Restless"), star montante du grand écran, et à l'acteur britannique Matthew Goode ("Esprit libre", "A Single Man", "Watchmen - les gardiens", "Match Point").

Et le film est porté par ses acteurs qui forment un trio familial mystérieux, érotique, aussi désarmant que diabolique, les Stoker. Leurs liens, troubles, vont être révélés et éprouvés tout au long d'un espace-temps compressé dans lequel le réalisateur trompe sans cesse le spectateur, l'amenant dans la part la plus sombre de ses protagonistes, imprévisibles.

A la mort de son père, décédé dans un étrange accident de voiture, India (Mia Wasikowska), une adolescente issue d'un milieu intellectuel, assiste au retour de son oncle Charlie (Matthew Goode), un homme mystérieux dont elle ignorait l'existence, et qui s'installe avec elle et sa mère Evie (Nicole Kidman), sous prétexte de les soutenir dans cette épreuve.

India, solitaire et plongée dans l'introspection, soupçonne rapidement cet homme charmeur dont les motivations restent troubles, mais elle ne tarde pas aussi à ressentir pour lui des sentiments mêlés de méfiance et d'attirance.

Poésie, cruauté

Tous deux ont une perception démultipliée de l'univers et de toute chose, notamment de la musique - le compositeur américain Philip Glass a composé l'un des morceaux qu'ils interprètent au piano - . Ils sont perspicaces, brillants, voient et sentent des choses que le commun des mortels ignorent et sont obsédés par leur instinct de conservation, ne laissant personne s'opposer à leurs besoins...

L'économie des dialogues, le nombre de décors restreints au sein d'une maison retirée à la lisière de la forêt, à l'élégance à la fois désuète et moderne, contribuent à créer une atmosphère psychologique suffocante, chère à Park Chan-Wook, grand admirateur de "Sueurs froides" d'Alfred Hitchcock, de David Lynch, David Cronenberg et de l'écrivain Edgar Allan Poe.

Araignée, coquilles d'oeufs, plancher tâché de sang humain, arbres, terre, eau, vin, fumée, chaussures... S'appuyant sur des détails filmés par une caméra omnisciente, des scènes d'une poésie visuelle et sonore extrêmes, parfois fantastiques, succèdent à d'autres d'une grande violence et d'une féroce cruauté.

Park Chan-Wook a travaillé avec son acolyte Chung-hoon Chung, l'un des maîtres de la photographie du cinéma coréen contemporain. Il explique avoir construit "Stoker" "comme on construit une maison", en composant chaque scène par rapport à la psychologie de ses personnages mais aussi "comme un tableau, des photos ou des images" en référence à d'autres oeuvres cinématographiques.

Le film emprunte son titre au nom de l'auteur culte de "Dracula", Bram Stoker, révolutionnaire en son temps et qui, rappelle la production, "traitait davantage de l'emprise exercée par un opportuniste sur des innocents que de l'univers surnaturel des vampires". Il doit son scénario à l'acteur de la série "Prison Break", Wentworth Miller, qui l'a proposé sous un pseudonyme et a mis huit ans à l'écrire.

ls/fa/jag

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