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Centre Bell de Montréal : le monde selon Muse

Critique : le monde selon Muse
Agence QMI

MONTRÉAL - Le trio britannique Muse, qui connaît une popularité planétaire surdimensionnée depuis quelques années, était sur la scène du Centre Bell pour proposer son rock mélodico-orchestral de fin du monde. Armés de plusieurs morceaux de leur récent album The 2nd Law, paru en octobre, le chanteur Matthew Bellamy, le batteur Dominic Howard et le bassiste Christopher Wolstenholme ont offert leur concert grand déploiement avec cet élan de paranoïa sophistiquée qui caractérise leur travail.

Un rayonnement international qui croît depuis plus d’une bonne décennie (intensifié par le troisième disque Absolution sortie en 2003), quelque 15 millions de disques vendus, une célébrité amplifiée par la vie amoureuse du chanteur avec l’actrice hollywoodienne Kate Hudson, le groupe est devenu une grosse machine, comme en font foi les deux concerts qui seront produits à Montréal en deux jours consécutifs.

Mais Muse, c’est bien plus qu’un effet de mode. Sa musique chargée, torturée, théâtrale, dramatique, technoïde, parfois plus posée (pensons à la chanson Madness), a su d’abord convaincre les mélomanes et les critiques, pour ensuite se propager à la masse. Énigmatique et original, ce projet a réussi là où beaucoup d’autres artistes ont échoué. Pas évident de populariser ce genre musical qui transgresse la logique des étiquettes rock, alternatif, classique, électro, métal ou tecno.

Cela dit, Muse est en tournée nord-américaine et rien ne semble arrêter le croiseur interstellaire anglais.

L’atterrissage

Aux premières notes de l’instrumentale Isolated System (du dernier album), une sorte de vaisseau en forme pyramidale descend des hauteurs de l’amphithéâtre pour se poser sur la scène : il projette une multitude de lumières et est garni d’une vingtaine d’écrans. Soudain, la masse repart en sens inverse pour laisser apparaître les musiciens (un quatrième membre se joint à eux pour la tournée et s’occupent essentiellement de l’échantillonnage et des consoles numériques) sur la vaste scène. Vraiment, rien n’est ménagé pour en mettre plein la vue aux 16 002 spectateurs. La superproduction se fait déjà super.

Ceinturés (demi-cercle) ensuite de quelques dizaines d’écrans d’environ un mètre de hauteurs, les gars envoient la pesante Supremacy, un autre cru du disque The 2nd Law. Les trois instruments de prédilection (la guitare électrique, l’impressionnante batterie et la basse) sont rageurs et complices d’un capharnaüm de bruitages technoïdes. C’est hallucinatoire. Pour le meilleur et pour le pire. Dans la même veine arrivent ensuite les Supermassive Black Hole, Panic Station (sorte de disco rock funky plus ou moins dansante) ou encore Resistance. La plupart du temps, l’urgence et l’inquiétude sont au cœur des thèmes. La plupart du temps aussi, l’emballage (lasers, fumée, projections, montages visuels, effets sonores) désamorcent passablement la tragique atmosphère qui filtre les paroles.

Un peu plus tard, à Explorers, la musique voyage de manière étrange dans le Centre Bell avec son piano à queue mélancolique (Matthew Bellamy y reviendra de façon ponctuelle durant la soirée) et la voix douce (mais toujours de tête ou falsetto) du chanteur qui traduit le désœuvrement. Un moment de répit. En plus, ce n’est pas mauvais.

Le contraste

Quand le groupe enchaîne avec Follow Me et ses rythmes techno, on comprend plus que jamais le contraste entre la célébrité envahissante et la nature brute de la formation : à genoux devant la scène, Bellamy incarne davantage la pop star édulcorée que le véritable rockeur. Ici, une sorte de faux-vrai se dégage de son interprétation un peu trop racoleuse.

Mais bon, il semble qu’on lui pardonne assez aisément ce côté sucré et exagéré, l’audience étant en majorité subjuguée par la proposition générale du groupe qui ne ménage pas son énergie, bien au contraire. Durant deux heures, les spectateurs en ont carrément plein la gueule. Hormis Undisclosed Desires, qui est tombée un peu à plat, les pièces Knights of Cydonia, Liquid State, Time Is Running Out et Stockholm Syndrome ont gagné les Montréalais qui ont chanté et suivi la cadence tout le long du concert.

Et que dire des excellentes interprétations (approche techno-rock-métal) de The 2nd Law :Unsustainable puis Up Rising offertes à la fin de ce spectacle qui fera toujours autant d’adeptes que de détracteurs.

Grandiloquent, dense, onirique, sombre, ampoulé, unique, aliénant, énergique, étouffant, extravagant, le monde de Muse c’est tout ça en même temps.

Un deuxième concert aura lieu ce soir, mercredi, au Centre Bell.

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