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Une autre planète: Réal Béland devrait redescendre sur terre (VIDÉO)

Une autre planète: Réal Béland devrait redescendre sur terre

Avec un titre comme Une autre planète, on attendait du nouveau spectacle de Réal Béland qu’il soit complètement déjanté, loufoque, flyé. Après tout, on connaît le personnage et sa capacité de jouer dans les zones les plus absurdes. Or, après la première médiatique de jeudi soir, au Théâtre Saint-Denis, on est forcé de reconnaître que l’humoriste ne s’est pas aventuré tellement haut dans son exploration des galaxies. Ses textes volent au contraire généralement bas, au ras des pâquerettes, dans un style qui ne convient plus tout à fait au jeune quadragénaire qu’il est.

Sympathique et généreux, Réal Béland l’est. Énormément. Il interagit sans arrêt avec son public, qui répond spontanément et avec beaucoup d’enthousiasme à ses gentilles provocations. Et c’est ce filon de « gars du peuple », tout ce qu’il y a de plus terrien, que le gaillard aux cheveux hirsutes semblait vouloir exploiter en début de piste, avec un numéro de stand up on ne peut plus conventionnel. Écorchant d’abord la chaîne Tim Hortons de quelques blagues éditoriales (« Ils sont comme la mafia, ils s’infiltrent partout! »), le comique a ensuite enchaîné avec un portrait plutôt grinçant de sa famille, qui compte quatre filles, dont deux petites asiatiques. On voyait évidemment venir de loin le gag où il dit redouter le moment où elles auront toutes leurs règles en même temps, de même que les plaisanteries de dépanneur lorsqu’il parle de sa fillette vietnamienne. Pas tout à fait grandiose, cette entrée en matière laissait présager une prestation sans grandes surprises, au mieux divertissante, sans plus.

S’en est suivi un segment amusant – mais un peu long -, où Réal, se définissant comme « le Gregory Charles des thèmes d’émission de télévision », a enjoint la foule de lui lancer des titres musicaux à fredonner. Dallas, Les sentinelles de l’air, Goldorak, Skippy, Des dames de cœur, Symphorien, tous les rendez-vous cultes d’hier y sont passés. L’homme a toutefois gâché sa propre sauce en se risquant à mimer certaines expressions québécoises populaires – et vulgaires –, en imaginant les cris de jouissance des artistes d’ici et en se moquant allègrement des femmes-fontaines. Ces idées n’étaient pas nécessaires, mais alors là, pas du tout.

Personnages sans mordant

Le reste de cette visite guidée dans l’univers parallèle de Réal Béland s’est effectué en slalom entre les personnages qui ont fait la renommée du fils du défunt Ti-Gus. Un nouveau venu, Steve O’djick, ancien joueur de hockey devenu « conférencier cérébral » suite à ses nombreuses blessures à la tête, a été redondant avec ses jeux de mots et écarts de langage sans originalité. On s’est réjoui de voir arriver sur scène le célébrissime King des ados, pensant que la caricature avait peut-être évolué au fil des ans; après tout, on nous l’a introduit comme s’il était devenu un jeune adulte, prospère agent d’immeubles. Mais le subterfuge a été de courte durée : la tuque a vite repris ses droits, tout comme le pantalon trop large et les farces de premier degré. Messkurtz, sorte d’hybride entre Messmer et Gary Kurtz, n’a pas épaté avec ses tours, même si Béland imite à la perfection la voix grave et le ton posé de ces as de l’illusion. Seul Monsieur Latreille est parvenu à illuminer un peu la deuxième partie avec ses légendaires coups de téléphone. Son passage a certainement été le plus gros succès auprès des spectateurs. Quant à la portion de la fausse émission Le sexe est dans l’enveloppe, les allusions au bas de la ceinture n’y ont été ni fines, ni subtiles, ni hilarantes. Heureusement pour lui, Réal Béland se produisait, jeudi, devant un parterre conquis d’avance, qui lui a réservé un accueil plus que chaleureux.

On avait fait grand cas de l’implication de la firme Moment Factory dans ce troisième one man show de Réal Béland. L’apport de la compagnie montréalaise, minime, consistait à créer une application permettant à l’assistance de participer à la performance. C’est ainsi que les gens ont pu communiquer, avant le lever du rideau, à l’aide de leur téléphone intelligent, des suggestions de blagues et de personnes à contacter pour Monsieur Latreille, et choisir l’image d’arrière-scène parmi cinq options proposées.

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