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Québec interdira totalement le tabagisme dans les prisons

Fini le tabagisme dans les prisons
Flickr: Craig Myran Photography

QUÉBEC - Le gouvernement Marois s'attaque au dernier carré d'irréductibles: il interdira totalement le tabagisme dans les prisons québécoises, même si cela générera des «tensions supplémentaires».

Le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, en a fait l'annonce, vendredi. Ce faisant le Québec «se met à la page», a-t-il dit, car c'est la seule province à permettre encore la consommation de tabac dans les enceintes.

Même le gouvernement Charest n'avait pas osé aller aussi loin: il avait mis en place une telle mesure le 5 février 2008, pour revenir en arrière trois jours plus tard, devant le tollé.

Des détenus s'étaient même insurgés dans un centre de détention de Québec en prétextant les tensions causées par les nouvelles règles. Le tabagisme avait alors été permis dans les cours extérieures des établissements.

M. Bergeron impose désormais l'interdiction totale, mais graduelle, en un an.

«On ne fera pas comme les libéraux, l'annoncer et le retirer trois jours plus tard, a déclaré le ministre lors d'une interpellation en Chambre qui portait sur un tout autre enjeu, les problèmes de surpopulation carcérale. On va aller de l'avant».

À compter de juin, l'interdiction à l'intérieur sera donc étendue au périmètre extérieur, à l'ombre des murs d'enceinte, dans les prisons de Sept-îles et de Percé. Toutefois, au printemps de 2014, tous les établissements du Québec seront assujettis aux nouvelles règles antitabac.

«Nous n'avons pas eu peur de prendre cette décision, qui est conséquente avec la législation existante en la matière et qui est d'ailleurs appuyée par tous les intervenants du milieu, tous les syndicats des établissements correctionnels.»

Lors d'une interpellation en Chambre, le ministre a indiqué que l'interdiction totale du tabagisme dans les centres de détention visait notamment à protéger la santé du personnel correctionnel.

«C'était une demande aussi de nombreux détenus, qui trouvent que l'air est devenu irrespirable», a-t-il ajouté en point de presse.

Le tabagisme est en effet très répandu dans la population carcérale. En 2010, une étude de l'Institut national de la santé publique démontrait entre autres que pas moins de 80 pour cent des détenus des établissements relevant du Québec étaient fumeurs.

Plus encore, 93 pour cent d'entre eux avouaient bafouer le règlement antitabac et fumer à l'intérieur de la prison.

Les détenus fumeurs perdront ainsi une de leurs dernières libertés et pourraient mal réagir, comme en 2008, le ministre en convient. Plusieurs centres de détentions québécois débordent déjà et des incidents ont été rapportés au cours des derniers mois, en raison de la difficulté des conditions de vie.

«C'est sûr que ce sera certainement un élément de tension supplémentaire», a-t-il dit.

Cependant, il a indiqué qu'un projet pilote d'interdiction totale est en cours à la prison de Saguenay et que les résultats sont positifs.

«Partout où cela a été mis en place, cela s'est révélé plutôt positif.»

Des mesures d'accompagnement seront mises en place pour inciter les détenus à abandonner le tabac.

Pour sa part, le porte-parole libéral en matière de Sécurité publique, Robert Poëti, n'a rien contre l'imposition des nouvelles règles antitabac. Par contre, le débat sur des problèmes plus sérieux s'en trouve détourné, selon lui.

Il déplore la multiplication des heurts dans les établissements, en raison de la surpopulation, ainsi que l'entrée clandestine de téléphones cellulaires et d'alcool.

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