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Trépanier s'estime diffamé par des menteurs

Trépanier contre-interrogé
CEIC

Le témoignage de Bernard Trépanier est terminé. Il sera suivi, mercredi, à la barre de la commission Charbonneau par Frank Zampino.

Plus tôt cet après-midi, l'ex-solliciteur d'Union Montréal a été interrogé sous ordonnance de non-publication au sujet du scandale immobilier Faubourg Contrecoeur, dans lequel il est accusé de complot, de fraude et d'abus de confiance, à l'instar de l'ex-président du comité exécutif Frank Zampino et de l'entrepreneur en constructionPaolo Catania.

L'ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Frank Zampino, sera interrogé par la procureure en chef, Me Sonia Lebel. Il n'a rencontré ni les procureurs, ni les enquêteurs, pour préparer son témoignage.

En contre-interrogatoire, mardi avant-midi, Bernard Trépanier a nié une fois de plus la version des faits des hauts dirigeants des firmes de génie venus témoigner devant la commission de l'existence d'un système de partage des contrats publics de la Ville en échange de contributions politiques en argent comptant pour Union Montréal.

Tous ont montré du doigt Bernard Trépanier comme étant un rouage central de ce système.

L'ex-argentier d'Union Montréal maintient cependant qu'il a vendu des billets pour des activités de financement du parti et reconnaît tout au plus qu'il ajustait le nombre de billets à acheter en fonction des contrats obtenus par une firme. Le procureur Gallant et les commissaires ont tenté d'en savoir plus sur les notes qu'il conservait à ce sujet, mais en vain.

Pourquoi alors, demande Me Houle de l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ), des ingénieurs seraient-ils venus s'incriminer en expliquant leur propre rôle dans un système occulte qu'il aurait, selon eux, géré avec Frank Zampino? M. Trépanier n'a pas de réponse, mais soulève que, peut-être, on veut lui mettre sur le dos des choses qu'il n'a pas faites.

Notons que trois des hauts dirigeants de firmes de génie-conseil venus témoigner ont démissionné dans la foulée de leur passage devant la commission.

« Ce que vous avez dit, c'est que M. Perreault est un menteur, M. Meunier est un menteur, M. Sauriol est un menteur, M. Lavallée est un menteur, M. Lalonde est un menteur, M. Cadotte est un menteur, mais vous vous n'en êtes pas un. Pourquoi ces six personnes viennent dire ça sur vous [...] pourquoi tous ces gens-là vous en veulent tant? J'ai aucune idée, je ne peux pas vous dire... » — Échange entre le commissaire Renaud Lachance et Bernard Trépanier.

Bernard Trépanier a par ailleurs insisté plus d'une fois sur le fait que Frank Zampino n'avait rien fait ni su quoi que ce soit et s'est même emporté devant l'insistance de Me Houle à mentionner le nom de son ami devant la commission. « Je ne vois pas pourquoi vous revenez avec M Zampino. Avez-vous une dent contre Zampino ? », lui a-t-il lancé.

Il soutient avoir toujours été fidèle au maire Gérald Tremblay et à Union Montréal : « J'ai jamais eu Zampino comme patron ».

M. Trépanier a par ailleurs expliqué que c'est de sa maison qu'il a poursuivi ses activités de financement pour Union Montréal, après avoir perdu son poste officiel de directeur du financement en 2006. Bien que plusieurs témoins ont dit lui avoir rendu visite dans d'autres locaux par la suite, Bernard Trépanier dit avoir loué un local pendant deux ou trois semaines dans la foulée de son départ d'Union Montréal, sans plus.

Bernard Trépanier entouré d'amis lors de son 70e anniversaire

En début de journée, Bernard Trépanier a remis à la commission 72 photos numériques prises lors de son 70e anniversaire de naissance, comme le lui avait demandé Daniel Rochefort de l'Association de la construction du Québec. Après avoir étudié le tout, la commission en a finalement dévoilé six. On peut notamment y voir :

- l'ex-député libéral Michel Bissonnette, alors président de l'Assemblée nationale;

- l'ex-président du comité exécutif de la Ville, Frank Zampino;

- l'ex-maire de l'arrondissement Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles Cosmo Maciocia;

- l'ex-vice-président du comité exécutif Sammy Forcillo, aujourd'hui président de la commission sur les finances et l'administration;

- l'ex-vice-président de Dessau Rosaire Sauriol;

- le président de Génius Conseil, Michel Lalonde.

La commission avait déjà déposé en preuve un chèque-cadeau que Bernard Trépanier a reçu de Rosaire Sauriol de Dessau à l'occasion de son 70e anniversaire. Le témoin a lui-même révélé lundi que quatre autres personnes avaient payé une partie de ce cadeau, dont son ami Frank Zampino, l'entrepreneur en construction Tony Accurso et le bras droit de ce dernier, Frank Minicucci.

Valse-hésitation sur l'argent comptant

En fin d'avant-midi, Bernard Trépanier s'est de nouveau embourbé dans ses contradictions, au sujet de la somme de 40 000 $ en argent comptant qu'il admet avoir reçue d'Yves Cadotte de SNC-Lavalin en 2005 ou 2006. Interrogé par Me Michel Dorval, d'Union Montréal, le témoin s'est défendu de s'être fait discret au sujet de ce paiement. Il a reconnu que le montant était « exorbitant », mais a assuré qu'il croyait que c'était légal.

Le commissaire Renaud Lachance a saisi l'occasion pour souligner que Bernard Trépanier s'était pourtant toujours défendu d'avoir demandé de l'argent comptant aux firmes de génie-conseil pour des billets d'activités de financement. Le témoin n'a pas répondu directement à cette remarque. Il s'est contenté de souligner que ce n'était pas lui qui récoltait l'argent comptant que pouvaient verser des contributeurs lors des activités de financement. Il avait précédemment dit l'avoir fait.

Les questions de Me Dorval ont aussi permis de révéler que Bernard Trépanier a acheté un bateau d'une valeur de 110 000 $ en 2005 et qu'il allait parfois au casino, sans pour autant être un joueur compulsif.

L'avocat du Parti libéral du Québec, Michel Décary, a aussi fait répéter au témoin qu'il n'avait jamais amassé d'argent pour le Parti libéral, et qu'il ne détenait d'ailleurs pas de certificat de solliciteur du parti.

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