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Assurance-emploi: l'incertitude plane dans l'industrie touristique

Assurance-emploi: l'incertitude plane dans l'industrie touristique
Radio-Canada.ca

Des entreprises touristiques appréhendent déjà les effets négatifs des modifications apportées au régime d'assurance-emploi sur la prochaine saison.

Certains employeurs craignent déjà de ne pouvoir retenir leur main d'oeuvre, cet été. Au mois d'avril, les hôteliers et les restaurateurs du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, dont plusieurs ouvrent sur une base saisonnière, s'affairent à préparer la prochaine saison.

Québec le sait bien. Le ministre du Tourisme, Pascal Bérubé, vient d'annoncer coup sur coup deux fonds d'aide pour aider les entreprises touristiques. « On a voulu, explique le ministre, poser un geste pour la première fois de l'histoire en ayant des fonds disponibles spécifiques pour les entreprises touristiques, pour les plus petits projets de 25 000 $ à 250 000 $. Pour les plus gros projets, j'ai lancé un fonds il y a quelques semaines avec la première ministre. » Effectivement, des prêts garantis seront désormais disponibles pour soutenir les entrepreneurs de l'industrie. Même les restaurateurs et les hôteliers iront droit, assure le ministre.

Toutefois, les propriétaires de restaurants, de gîtes ou d'auberge ont bien d'autres chats à fouetter cette année. En raison de la réforme de l'assurance-emploi, plusieurs travailleurs leur ont fait savoir qu'ils ne seraient pas de retour pour la saison estivale.

Aubergistes à Métis depuis 18 ans, Marie-Josée Fradette et son conjoint embauchent une douzaine de personnes, principalement de la main-d'uvre locale. L'inquiétude est palpable, selon Mme Fradette. « Tu sens, dit-elle, que les gens ont peur. Ils se disent "on ne pourra plus faire d'emplois saisonniers, il faut trouver quelque chose à l'année. » Quelques kilomètres plus loin, au Bistro de l'Anse-aux-Coques, Suzanne D'Anjou amorcera en mai sa 24e saison. Elle s'interroge aussi sur les impacts de la réforme sur son commerce. « Ça fait longtemps, indique Mme D'Anjou, que j'ai compris que la force d'un restaurant, c'est la régularité de présentation, de cuisson, de proportions et de goûts et ça on l'atteint avec une équipe, des gens qui reviennent d'année en année. »

La rétention de la main-d'uvre est un enjeu d'autant plus crucial que la saison est courte. « Le plus difficile pour nous, raconte Marie-Josée Fradette, étant donné la longueur de la saison, c'est de retrouver une équipe de travail, cette année, on a perdu notre cuisinier, il faut retrouver des cuisiniers, dans la région il n'y en a pas, il faut aller en ville. »

Malgré la création d'une commission québécoise sur la réforme de l'assurance-emploi, le ministre Bérubé ne peut pas nier les impacts sur la main-d'uvre touristique. « Essentiellement, constate le ministre, cela crée de l'incertitude face aux métiers du tourisme. Les gens se disent, si on n'a pas accès à l'assurance-emploi, pourquoi on continuerait dans le tourisme même si on n'aime ça. Alors, ça crée un effet psychologique important. »

Suzanne D'Anjou relève que les effets ont des conséquences sonnantes et trébuchantes. « C'est difficile et pas juste pour moi, note la restauratrice, je parle à plusieurs gens sur le bord de la côte, qui ont des restaurants, des auberges et tout ça. On vit tous la même chose et on se demande où on s'en va avec ça. »

Malgré les conséquences pour l'économie régionale, le gouvernement conservateur a clairement indiqué qu'il n'entendait pas assouplir sa réforme de l'assurance-emploi.

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