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«Jadis, si je me souviens bien...», de Georges-Hébert Germain: un devoir de mémoire

«Jadis, si je me souviens bien...», de Georges-Hébert Germain: un devoir de mémoire
Julien Faugère

L’an dernier, à 67 ans, Georges-Hébert Germain est devenu grand-papa pour la première fois. Source intarissable de grandes et de très grandes joies, la petite Élizabeth (Zaza pour les intimes), bébé de sa fille, l’auteure Rafaële Germain, a non seulement amené l’écrivain à découvrir une toute nouvelle forme d’amour filial, mais aussi à s’interroger sur le temps qui passe, la mémoire, la famille, la fraternité et le legs qui se transmet d’une génération à l’autre. Le fruit de ses réflexions est aujourd’hui condensé dans le récit Jadis, si je me souviens bien…, un témoignage à travers lequel il revisite sa propre enfance et livre ses pensées sur l’évolution de la société des soixante dernières années. Ce 20e ouvrage, actuellement en librairies, est dédié, bien sûr, à Zaza.

«Le fait de devenir grand-père à 67 ans n’est pas une prouesse; on peut l’être à 37», réfléchit Georges-Hébert Germain à voix haute. «Mais moi, ça m’a fait réaliser que j’avais l’âge exact de mon père quand il est mort. Ça porte à réfléchir.»

Sans vouloir écrire sa biographie, le narrateur a pigé dans les anecdotes de son passé de deuxième d’un clan de 14 rejetons pour comparer les bambins d’hier et d’aujourd’hui, en s’appuyant sur des images concrètes. La plume du sexagénaire s’est attardée autant aux valeurs fondamentales qui guident notre existence qu’aux petits riens amusants du quotidien. En somme, Georges-Hébert Germain use de ses souvenirs de petit garçon pour offrir sa conception du monde tel qu’il est désormais.

«Par exemple, pour les enfants uniques, la notion de fraternité est un concept abstrait, peut-être même un peu vintage. À travers mes souvenirs d’enfance, je tente de voir les différences qu’il y a entre les enfants de 1950 et ceux de 2013. Aujourd’hui, plus rien n’est pareil: l’alimentation, le divertissement, le rapport à la nature… Maintenant, les tout-petits connaissent les animaux virtuels, en peluche ou sur un écran, avant d’être en contact avec de vraies bêtes. Alors que nous, on vivait dans l’intimité des grands animaux, les vaches, les cochons, les chevaux…», illustre le communicateur.

Qui dit regard en arrière aurait pu vouloir dire conflits et malaises entre Georges-Hébert Germain et ses frères et sœurs, qui se retrouvent ainsi, avec ou contre leur gré, les vedettes d’un bouquin qui passera entre plusieurs mains. Or, il semble que l’idée n’a pas créé de remous dans l’entourage du créateur. Aucun nom n’a été modifié, et les lieux décrits dans l’histoire sont bel et bien ceux où se sont déroulés les événements.

«Je me suis senti libre de raconter plein de choses qui impliquaient mes frères et sœurs. Je savais que ça allait en choquer certains, mais qu’ils allaient comprendre que c’est mon point de vue. On se connait suffisamment, on est assez proches. On a eu une enfance commune, mais notre perception est très différente. Moi, en étant le deuxième de la famille, j’ai connu mon père jeune et actif, tandis que les plus jeunes ont vu un homme fatigué, amer, aigri. Notre vision n’est pas la même.»

Un été de liberté

À constater la désinvolture et l’enthousiasme avec lesquels Georges-Hébert Germain parle de l’expérience Jadis, si je me souviens bien…, on devine que l’exercice ne s’est pas avéré particulièrement tortueux pour lui.

«Ça n’a pas été difficile du tout, du tout, confirme le principal intéressé. Même qu’à un moment donné, je me disais que ça ne serait pas bon, parce que ça me semblait trop facile. J’avais trop de plaisir. Et, puisque je suis judéo-chrétien, j’ai toujours tendance à penser qu’il faut souffrir pour que ça soit bon. Tout ce que j’avais fait jusqu’à maintenant exigeait beaucoup de recherches; des romans historiques, des biographies… Cette fois, j’étais seul avec moi-même, dans un monde où j’étais très libre.»

Libre, l’homme de mots se promet de l’être au moins jusqu’à l’automne. Le blitz de promotion de Jadis, si je me souviens bien… terminé, hormis la rédaction de quelques chroniques pour des publications comme L’Actualité et le Journal de Montréal, Georges-Hébert Germain compte profiter de la belle saison pour s’éloigner un brin de son ordinateur et se reposer.

«Je veux passer un été très campagnard et j’espère qu’aucun sujet de livre ne se jettera sur moi avant la mi-août ou le début septembre», lance le nouveau vacancier, sourire taquin aux commissures des lèvres. «C’est très contraignant, un livre; ça occupe son homme ou sa femme!» Sans compter le fait que l’adorable Zaza risque d’accaparer toute son attention…

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