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Corno, un portrait sensible signé Guy Édoin (PHOTOS)

Corno, un portrait sensible signé Guy Édoin (PHOTOS)
Courtoisie

Pour son premier documentaire titré Corno, Guy Édoin s'est penché sur une artiste québécoise exilée à New York qui ne fait pas l'unanimité dans le milieu artistique. Pourtant, en dressant son portrait, le cinéaste de Marécages réalise une œuvre honnête et inspirée qui s'attarde sur la solitude et les doutes d'une femme en plein questionnement existentiel.

Existerait-il un malentendu entre l'art contemporain et Joanne Corneau alias Corno ? L'artiste pop de 60 ans qui vend ses tableaux à des prix dépassant souvent les dizaines de milliers de dollars reste néanmoins boudée par les critiques d'art aussi bien à l'international qu'au Québec. «Je ne sais pas pourquoi les gens se mettent à regarder les autres de haut, mais c'est quelque chose qui a toujours existé dans le milieu artistique», déclare-t-elle en entrevue.

Un tantinet résignée, Corno pense que cela fait en quelque sorte partie du jeu. «Si tu décides de t'exposer, alors faut que tu t'attendes à recevoir des roches. J'en ai reçu et j'en reçois toujours. Ce sont des choses qui ne s'arrêtent vraiment jamais. En vieillissant, tu choisis tes batailles. De toute façon, j'ai toujours voulu être peintre, qu'importent les critiques», poursuit-elle un peu amer tout de même.

Alors, on se demande si la sortie en salles aujourd'hui du documentaire de Guy Édoin n'arrive pas à un bon moment, comme une occasion de se refaire une autre image. «Pas du tout ! Je ne suis pas dans ce film pour régler mes comptes», répond-elle.

En fait, si l'on en croit l'artiste, l'idée d'un tel documentaire vient surtout d'une envie, celle de faire partager son travail. «Le but de ce projet, c'était de permettre de montrer ce qui se cache derrière mes peintures, montrer mon processus créatif. Je voulais aussi dire aux jeunes artistes qui voudraient percer que malgré les difficultés, et bien c'est possible de réussir avec beaucoup de persévérance et de patience», affirme-t-elle.

Mais renter dans l'intimité de Corno n'a pas été aussi simple. Lorsque Guy Édoin et son équipe de tournage sont venus l'approcher, elle avoue s'être tout de suite braquée. «À l'époque, je préparais une exposition importante à New York où je réside maintenant depuis 20 ans. Voir toutes ces caméras s'incruster dans ma vie jusqu'à mon atelier de travail, alors là, j'ai dit pas question ! L'approche de la productrice Fabienne Larouche a été pour beaucoup dans cette histoire. Elle a su aller chercher un réalisateur respectueux qui a pu me mettre à l'aise», dit-elle.

Guy Édoin a donc posé sa caméra avant tout sur une artiste en pleine création. «On a commencé à faire les extraits dans le studio. Les membres de l'équipe de Guy ont utilisé la discrétion. À un moment donné, je les ai même oubliés. J'arrivais à entrer dans ma bulle... Je ne savais plus que j'étais filmé», dit-elle.

Plus que les peintures de l'artiste, le film retrace également le parcours d'une femme très tôt inspirée par sa passion. De sa jeunesse à Chicoutimi jusqu'à New York, en passant par Montréal où elle connaît ses premiers succès dans les années 80, le documentaire raconte en somme l'histoire d'une fille de chez nous qui n'a pas eu peur d'aller confronter la jungle new-yorkaise. «En tant qu'artiste, la raison pour laquelle je vis dans une ville comme New York, c'est que je suis avant tout habitée par son énergie. C'est une ville fantastique qui n'a pas de commencement ni de fin. Elle t'apprend constamment à vivre le moment présent. Mais, il faut faire attention. New York, c'est une machine qui peut vous détruire», explique-t-elle.

Le documentaire Corno nous montre cette réalité plus sombre, l'autre côté de la médaille. «Ce qui m'a plus impressionné quand j'ai pu enfin voir le film, c'est de voir à quel point je travaille. J'ai eu cette impression étrange qu'on parlait de quelqu'un d'autre», raconte-t-elle.

Ainsi, au fil de l'œuvre, on découvre les regrets d'une artiste qui a sacrifié une partie de sa vie pour permettre à son art d'exister. «J'ai tout donné à la peinture. Je n'ai pas de regret, mais ce n'est pas toujours facile à gérer. Quand on est artiste-peintre, on est tout seul face à ses œuvres», dit-elle.

«Pour m'en sortir, je crois qu'il faut vraiment être habité par une sorte de feu sacré. À travers mes expériences de vie, j'ai construit à l'intérieur de moi une place de bonheur où je peux retourner quand ça ne va pas. L'important, c'est de se focaliser sur l'optimisme».

Corno - Aetios Distribution - Documentaire - 78 minutes - Sortie en salles le 29 février 2013 - Canada, Québec.

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