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Morrow dément avoir été payé par SNC-Lavalin pour services rendus à Union Montréal

Morrow dément avoir été payé par SNC-Lavalin pour services rendus à Union Montréal

Un texte de Bernard Leduc

Le président de Morrow Communications, André Morrow, dément avoir été payé par la firme de génie-conseil SNC-Lavalin pour des services rendus en fait à Union Montréal lors de la campagne électorale de 2005, comme l'a affirmé le vice-président de cette firme, Yves Cadotte. L'ex-directeur du financement d'Union Montréal, Bernard Trépanier, poursuit son témoignage.

La semaine dernière, le vice-président principal de SNC-Lavalin avait déclaré qu'il avait versé 75 000 $ à Union Montréal en payant une facture de Morrow communications. Selon Yves Cadotte, l'ex-argentier d'Union Montréal avait demandé à sa firme de payer une facture de Morrow Communications à Union Montréal afin de s'acquitter d'une partie du montant de 200 000 $ qu'il exigeait en vue de la campagne de 2005.

Mais M. Deschamps a soutenu que cette facture ne concernait en rien Union Montréal et que le parti avait lui-même payé tout ce qu'il devait à Morrow Communications. Puis, ce matin, peu après le témoignage de M. Morrow, M.Trépanier a nié avoir demandé à SNC-Lavalin de payer cette facture, mais il dit se rappelle que M. Cadotte lui a dit, en septembre ou octobre 2005, alors qu'il lui remettait 40 000 $ pour les élections, qu'il avait justement une facture de 75 000 $ à payer à M. Morrow.

M. Morrow reconnaît avoir signé une entente de gré à gré, en novembre 2005, selon laquelle SNC-Lavalin retenait ses services pour des projets à venir. L'entente a été conclue avec Pierre Anctil, un ancien directeur général du PLQ et qui était alors un des vice-présidents de la firme. Les deux hommes se connaissent depuis une trentaine d'années, alors qu'ils militaient ensemble au parti.

L'entente est survenue peu après la fin de la campagne municipale de 2005, lors de laquelle Morrow Communications avait travaillé aux côtés de Gérald Tremblay.

La commission est intriguée par le fait que la lettre d'entente était anti-datée de neuf mois, soit en février 2005, mais M. Morrow dit qu'à l'époque il n'en a pas fait cas. Il soutient que Pierre Anctil lui avait demandé de faire cela, et il a cru alors que cela pouvait s'expliquer par des raisons budgétaires ou fiscales.

Le montant de l'entente de 75 000 $ lui a été payé par SNC-Lavalin le 15 novembre. La somme a été encaissée par sa compagnie et n'a jamais servi à autre chose, soutient-il. M. Morrow dit qu'il n'a pas été étonné d'être payé pour des services qu'il n'avait pas encore rendus et qu'il faisait confiance à SNC-Lavalin, avec laquelle il voulait développer des relations d'affaires.

« J'ai fait peu ou presque pas de choses à l'intérieur de ce mandat-là », a-t-il cependant précisé. Par la suite, il n'a pas remboursé SNC-Lavalin. L'argent, dit-il, est resté dans le compte de Morrow Communications.

« Si j'avais su qu'il y avait une possibilité que ce soit lié à Union Montréal, je me serais levé, j'aurais refusé, et je serais parti », a-t-il dit de son entente avec SNC-Lavalin.

M. Morrow est un habitué des milieux politiques. Il a uvré au sein du Parti libéral sous Robert Bourrassa, puis a poursuivi jusque sous Jean Charest. Il a aussi été impliqué au Parti libéral du Canada.

C'est en 2001 qu'il s'associe à Gérald Tremblay, ex-ministre libéral, pour se lancer à l'assaut de la mairie de Montréal. Il sera de nouveau à ses côtés lors de la campagne de 2005 pour s'occuper de la publicité : affiches, pancartes, site Internet...

M. Morrow explique qu'il ne s'occupe que de communication pour le maire, jamais de financement ni d'organisation.

Il a cependant croisé, lors de la campagne, M. Trépanier, qui s'enquérait parfois du matériel de communication produit. La commission fait d'ailleurs état de quelques échanges téléphoniques.

Saga pour une facture

La commission a montré qu'une facture de Morrow Communications avait bel et bien été envoyée à Pierre Anctil de SNC-Lavalin à la fin de 2005. Yves Cadotte assure qu'il s'agissait d'une fausse facture, les services facturés n'ayant pas été rendus à sa firme.

Bernard Trépanier a nié hier avoir demandé une telle chose à Yves Cadotte. Il a cependant admis que le vice-président de SNC-Lavalin lu avait parlé de cette facture.

Le trésorier d'Union Montréal, Marc Deschamps, a reconnu lundi qu'Union Montréal a fait appel aux services de Morrow Communications en 2005, mais a assuré que le parti « a payé toutes les heures facturées par Morrow Communications ».

Marc Deschamps a d'ailleurs révélé avoir parlé à André Morrow la semaine dernière. Il a soutenu que le président de la firme de communications lui a assuré « que cette facture-là n'avait pas trait à la campagne électorale ».

Le fait que M. Deschamps ait parlé à André Morrow au milieu de son témoignage n'avait pas manqué d'intriguer la commission.

Un texte de Bernard Leduc et François Messier