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Commission Charbonneau : Marcil donnait des informations privilégiées à Trépanier

Marcil donnait des informations privilégiées à Trépanier
QMI

Bernard Trépanier a admis jeudi devant la commission Charbonneau que Robert Marcil lui fournissait des informations privilégiées. L'ex-directeur de la réalisation des travaux à la Ville de Montréal, a-t-il dit, l'informait aussi bien des projets à venir à la Ville que du résultat des comités de sélection.

L'ex-solliciteur de fonds d'Union Montréal transmettait ses informations aux firmes de génie-conseil, firmes qu'il sollicitait pour obtenir du financement pour le parti du maire Gérald Tremblay. Il assure cependant qu'il n'était pas au courant des budgets prévus pour ces projets.

« Je savais qu'il y avait un projet qui s'en venait vers à peu près telle date, mais c'est tout. Je ne savais pas les montants. » — Bernard Trépanier

« Cette information-là que vous donnez aux ingénieurs, c'est pour que ces gens-là continuent à financer Union Montréal? », lui a demandé le procureur en chef adjoint Denis Gallant, qui mène l'interrogatoire.

« C'est sûr », a répondu le témoin.

Bernard Trépanier a précisé qu'il était informé des projets à venir deux ou trois semaines avant que les appels d'offres ne soient lancés. Il a tenté de minimiser l'affaire en disant que cela donnait tout juste un peu plus de temps aux firmes de génie pour préparer leurs consortiums.

Le procureur Gallant a demandé au témoin pourquoi il appelait Rosaire Sauriol de Dessau ou Michel Lalonde de Genius pour les informer des résultats d'appels d'offres que lui transmettait Robert Marcil. Bernard Trépanier a dit qu'il pouvait les appeler, mais qu'il ne le faisait pas nécessairement.

« Si c'était un autre bureau d'ingénieurs qui l'obtenait [le contrat], je n'avais pas besoin d'appeler Lalonde, Sauriol. [...] J'appelais surtout celui qui avait gagné le projet. » — Bernard Trépanier

M. Trépanier précise que les informations qu'il obtenait de Marcil concernaient toujours des contrats de la ville-centre, jamais ceux des arrondissements.Ces informations lui étaient données de façon « volontaire et gratuite », a-t-il assuré. Il n'a pu dire si Robert Marcil recevait de l'argent de quelqu'un d'autre pour agir de la sorte.

En après-midi, le procureur Gallant a montré que Bernard Trépanier était en communication constante avec l'ex-directeur de la réalisation des travaux, Robert Marcil, lorsque celui-ci siégeait à des comités de sélection. Dans tous les cas, les deux hommes se parlaient dans les heures, voire les minutes suivant la fin des travaux du comité.

Bernard Trépanier appelait aussi souvent Michel Lalonde, Rosaire Sauriol, et même Frank Zampino pour des appels le plus souvent très courts.

En février, Robert Marcil avait affirmé qu'il parlait surtout de politique avec Bernard Trépanier, qu'il avait décrit comme un « ami ». Il n'avait pu dire s'il avait transmis des résultats de comités de sélection à Bernard Trépanier : « Si je me souviens pas, je ne peux pas affirmer oui, je ne peux pas affirmer non. [...] Je ne veux pas me compromettre [...] Je suis dans l'incertitude. »

La commissaire Charbonneau était alors sortie de ses gonds en lui demandant s'il était « imbécile ou incompétent ».

Le témoignage de Bernard Trépanier a été suspendu vers 15 h 30 pour laisser place à un débat opposant les procureurs des médias et l'avocate de la Directrice des poursuites criminelles et pénales. Ce débat porte sur la pertinence de lever en tout ou en partie l'ordonnance de non-publication partielle et préventive qui frappe le témoignage que le trésorier d'Union Montréal, Marc Deschamps, a livré au sujet du dossier Faubourg Contrecoeur.

Ce débat se déroule sous ordonnance de non-publication.

Bernard Trépanier sera de retour à la barre des témoins le 15 avril, puisque les audiences publiques de la commission font relâche pour les deux prochaines semaines. Il doit lui aussi être interrogé en ordonnance de non-publication au sujet du dossier Faubourg Contrecoeur. M. Trépanier est accusé de complot, d'abus de confiance, de fraude et de fraude envers le gouvernement dans cette affaire.

Des registres téléphoniques présentés mercredi par le procureur Gallant ont montré que Bernard Trépanier a parlé:

  • 1808 fois avec Frank Zampino entre janvier 2005 et janvier 2011;
  • 984 fois à Michel Lalonde entre janvier 2005 et mai 2010;
  • 775 fois à Rosaire Sauriol entre janvier 2005 et novembre 2009;
  • 195 fois à Robert Marcil entre janvier 2006 et juillet 2009.

La commission a déjà établi que Robert Marcil a participé à 17 comités de sélection entre août 2007 et juin 2009, un phénomène intriguant dans la mesure où ses responsabilités à la Ville venaient d'augmenter. Elle l'avait d'ailleurs longuement interrogé sur les nombreux appels qu'il effectuait à Bernard Trépanier ou à Michel Lalonde à cette occasion.

Michel Lalonde a expliqué à la commission en janvier qu'il avait coordonné un système de collusion en vertu duquel toutes les grandes firmes de génie-conseil se répartissaient les grands contrats publics de la Ville en échange d'une ristourne de 3 % versée à Union Montréal par l'entremise de Bernard Trépanier. L'existence de ce système a été par la suite confirmée par quatre hauts dirigeants de firmes de génie qui ont témoigné devant la commission.

Le directeur du financement a formellement nié mercredi que ce système ait existé.

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Tony Accurso

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