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Kathleen Fortin : Briller... dans l'ombre de la lumière (ENTREVUE)

Kathleen Fortin : Briller… dans l’ombre de la lumière
Yanick Macdonald

On la connaît sans la connaître. Une grande partie du public québécois l'a découverte dans Les Invincibles, d'autres l'ont aperçue dans la comédie Un sur 2 ou encore dans le film L'affaire Dumont, sorti en salles l'automne dernier. Mais très peu de gens savent l'identifier au premier coup d'œil et sont au courant des hauts faits de sa feuille de route.

Et pourtant, Kathleen Fortin roule sa bosse en tant que comédienne depuis déjà une quinzaine d'années. Si sa chevelure rousse et son regard perçant ne nous sont pas davantage familiers, c'est que la dame évolue surtout sur les planches depuis sa graduation de l'École nationale de théâtre, en 1997. Et ce relatif anonymat la comble totalement.

« Au Québec, on a la malchance que les gens n'aillent pas beaucoup au théâtre, déplore l'actrice, qui a joué dans plus ou moins 40 productions au fil des ans. Mais moi, je suis très contente de mon parcours. Je ne l'échangerais pas pour tout l'or du monde. J'ai choisi ce métier par passion, pas du tout pour être reconnue dans la rue. En fait, ça m'intimide quand ça m'arrive. Ça me fait plaisir, les gens sont gentils, mais je suis un peu sauvage et ça me plait qu'on ne me reconnaisse pas nécessairement. »

Le métier étant ce qu'il est, Kathleen a également été régulièrement forcée de décliner des offres qui atterrissaient sur sa table de travail en raison de conflits d'horaire. Un « beau problème », que la principale intéressée a l'humilité d'apprécier pleinement.

« Les saisons, au théâtre, se planifient deux ou trois ans à l'avance. Souvent, quand mon agenda était déjà rempli, j'ai dû refuser des rôles à la télévision parce que je n'étais pas disponible. C'est aussi pour cette raison qu'on m'a moins vue au petit écran et au cinéma. Puisque le théâtre est ma première passion et que c'est là que je me sens chez moi, j'accepte toujours les projets. »

« C'est sûr qu'il faut travailler fort, poursuit la sympathique femme. C'est exigeant, mais je suis vraiment privilégie et j'en suis consciente. J'ai plein d'amis acteurs extraordinaires qui ne travaillent pas, et ça me rend folle. Mais en même temps, on est tellement nombreux... C'est complètement fou! »

Besoin de chanter

Qui plus est, ce penchant pour la scène permet à Kathleen Fortin de s'adonner à son autre dada, le chant. La belle a eu l'opportunité de se commettre dans plusieurs comédies musicales (Belles-Sœurs, Les Misérables, Chicago, Nelligan, avec l'Orchestre symphonique de Montréal, et quantité d'autres titres) et considère vitale cette seconde facette de l'artiste qu'elle est.

« Quand ça fait trop longtemps que je ne chante pas, je m'ennuie, illustre-t-elle. Et je ressentirais probablement la même chose avec le jeu si j'étais un long moment sans le pratiquer. J'ai vraiment besoin de ces deux sphères, dans ma vie. Je trouve que chanter est encore plus impudique que jouer mais, en même temps, ça me rapproche beaucoup de ce que je suis. »

Dans les prochains mois, Kathleen remontera en selle pour d'autres belles propositions théâtrales. Elle célébrera notamment, avec ses camarades de Belles-Sœurs, la 200e représentation du classique revisité de Michel Tremblay. Elle tournera en outre quelques segments du deuxième volet de Un sur 2, qu'on pourra apprécier en septembre. Toutefois, avant de se lancer dans ces nouvelles aventures, l'interprète terminera, ce samedi, le marathon d'un mois des Morb(y)des, au Théâtre de Quat'Sous, une pièce-choc de Sébastien David mettant en opposition deux sœurs obèses du quartier Hochelaga, dont l'une s'enfonce dans l'inertie et l'autre lutte pour réchapper sa peau de la décrépitude.

« L'histoire parle de solitude et de notre rapport à l'autre, relève celle qui prête vie à Sa Sœur, l'aînée des deux frangines, la plus inactive du tandem. C'est un texte cru et direct, mais à la fois plein de poésie et d'humour grinçant. L'obésité n'est qu'un prétexte. On dépeint une partie de la société à qui on ne donne pas souvent la parole, mais qui demeure universelle. »

« Et mon personnage est à l'opposé de ce que je suis, conclut Kathleen. On m'a beaucoup enlaidie à l'aide des costumes et du maquillage. Certaines actrices auraient du mal à s'enlaidir de la sorte, mais moi, je prends un malin plaisir à me transformer et à aller là-dedans à fond la caisse. »

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