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Des Innus poursuivent IOC, filiale de Rio Tinto, pour 900 millions $

Poursuite de 900 millions $ contre Rio Tinto
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MONTRÉAL - Se disant incapables de négocier une entente avec l'Iron Ore of Canada (IOC), deux communautés innues de la Côte-Nord intentent une poursuite de 900 millions $ contre la minière, filiale du géant australo-britannique Rio Tinto.

Dans une requête déposée lundi en Cour supérieure à Montréal, les Innus de Uashat, Mani-Utenam et Matimekush-Lac John soutiennent que les vastes installations d'IOC et de sa filiale de transport, la Compagnie de chemin de fer du littoral nord de Québec et du Labrador, construites à partir de 1950, violent leurs droits ancestraux.

Les Innus allèguent que le complexe a été construit «illégalement» et qu'il équivaut à «une colonisation et une dépossession» de leur territoire traditionnel.

«Il n'est pas vrai que Rio Tinto est un citoyen corporatif modèle. Au contraire, IOC et Rio Tinto sont des modèles d'entreprises délinquantes», a lancé mercredi Mike McKenzie, vice-chef d'Uashat Mak Mani-Utenam, en conférence de presse à Montréal.

La somme de 900 millions $ représente les profits qu'IOC a tirés de ces installations depuis 1954, d'après les calculs des Innus. Le complexe a récemment été agrandi au coût de 732 millions $. Deux autres phases d'expansion sont prévues.

Les autochtones demandent également au tribunal de rendre une ordonnance d'injonction permanente forçant l'entreprise à cesser ses activités.

Réal McKenzie, chef de Matimekush-Lac John, a rappelé mercredi que la fermeture de la ville de Shefferville par IOC, en 1982, constituait encore aujourd'hui une «blessure profonde» pour les Innus. D'où la méfiance que plusieurs d'entre eux éprouvent à l'égard des minières, a-t-il noté.

«C'est 18 trous de mines (abandonnés) que nous a laissés IOC. Ça se compense, ça. Ça se négocie», a affirmé Réal McKenzie.

«Je suis pour le développement, mais pas à n'importe quel prix», a-t-il ajouté.

Les Innus disent avoir participé à une vingtaine de rencontres de négociation avec IOC pendant deux ans sans pouvoir en arriver à un accord.

Les communautés ont pourtant réussi à s'entendre avec les minières ArcelorMittal, Cliffs Natural Resources, Tata Steel, New Millenium Iron et Labrador Iron Mines. Certains de ces accords prévoient des indemnités financières pour compenser les répercussions des activités minières sur les Innus.

Réal McKenzie a fait remarquer que Rio Tinto s'est «réconcilié» avec les autochtones en Australie.

«Qu'est-ce qui fait que ça ne peut pas être le cas ici? On ne comprend pas», a-t-il dit.

Pas moins de 26 entreprises effectuent actuellement de la prospection minière sur le territoire des Innus de la Côte-Nord.

IOC, qui est le plus important producteur de minerai de fer au Canada, compte trois actionnaires: Rio Tinto (participation de 58,7 pour cent), Mitsubishi (26,2 pour cent) et Labrador Iron Ore Royalty Corporation (15,1 pour cent).

L'agence de presse Reuters a rapporté plus tôt ce mois-ci que Rio Tinto avait mandaté les banques CIBC et Credit Suisse pour vendre ses intérêts dans IOC. Rio Tinto n'a pas voulu confirmer cette information.

Il a été impossible mercredi de joindre un porte-parole d'IOC.

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