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La famille de Marc Ouellet craint de ne plus vivre des moments d'intimité avec lui s'il devient pape

Sa famille se prononce sur sa possible nomination

LA MOTTE, Que. - Un cardinal québécois perçu comme un favori à la papauté est également connu pour aimer manger de l'orignal en famille, piquer le dessert de l'assiette d'un frère ou d'une soeur et pour son plaisir à faire vrombir le moteur du tracteur de son oncle jusqu'à celui-ci ne brise.

Cependant, si le cardinal Marc Ouellet est élu pape, sa famille s'attend à ne plus jamais revivre de tels moments d'intimité.

«C'est certain que ça va être terminé, a affirmé son frère cadet Roch, dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne dans leur village natal de La Motte, en Abitibi. Nous sommes très francs dans la famille — nous préférons un vrai frère.»

Ça fait des décennies que le cardinal Ouellet ne vit plus dans ce village rural, situé à quelque 600 kilomètres au nord-ouest de Montréal. Mais il y effectue des séjours réguliers, habituellement deux fois par année, pour revoir ses frères et soeurs et sa mère, Graziella, âgée de 90 ans.

Le cardinal de 68 ans, troisième d'une famille comptant six garçons et deux filles, détient maintenant l'une des fonctions les plus influentes au sein de l'Église catholique romaine. Il est responsable du processus international de nomination des évêques, et consulte régulièrement le pape.

Depuis que le nom du cardinal québécois a circulé en 2005, malgré les faibles probabilités, au moment du choix du successeur de Jean Paul II, sa famille sait qu'il pourrait être appelé à porter les traditionnelles chaussures rouges.

«Ça fait partie des risques — qu'un jour d'être sollicité pour devenir peut-être le chef de l'Église», concède Roch, 63 ans, alors qu'il était assis dans la vieille église de La Motte, bâtie avec l'aide du paternel et des deux grands-pères de la famille.

«Mais son chemin, sa voie, ça lui appartient. Et on la respecte au plus haut point.»

Cette route vers Rome a pris naissance à la ferme familiale à La Motte.

Roch se souvient de son frère à bien des égards : comme d'un excellent étudiant, un pêcheur talentueux et un chasseur de perdrix, qui ne refusait jamais la viande d'orignal offerte par ceux qui réalisaient ces imposantes prises.

Il avait aussi un grand appétit, ajoute Roch, racontant que son frère mangeait le dessert directement des assiettes des autres si ceux-ci ne s'y attaquaient pas suffisamment vite.

Au travail, Marc avait tendance à être impatient parfois, un adolescent qui tentait d'en faire plus que ce qu'on lui demandait — et plus rapidement. Selon Roch, Marc brisait fréquemment des morceaux du tracteur de leur oncle, Wilfrid, parce qu'il poussait l'engin au maximum de ses capacités.

Marc est également l'enfant qui a failli mettre le feu à la grange.

Le bâtiment a pris feu lorsque Marc s'amusait avec des allumettes, selon Roch. L'incendie a été maîtrisé et la grange a pu être sauvée grâce à la rapide réaction d'un voisin alerte.

«C'est un peu un geste innocent de jeunes qui ne pensent pas aux conséquences comme tel», a excusé Roch.

«Ce n'était pas un ange», a-t-il toutefois affirmé, par ailleurs.

Mais si Marc n'a pas toujours été un ange, il a joué le rôle, un jour, d'ange-gardien, s'est rappelé Roch.

Marc et Roch pêchaient au lac La Motte, situé tout près, lorsqu'un violent orage a éclaté. Roch avait environ sept ans à l'époque et Marc devait être âgé de 13 ans.

Après un coup de tonnerre particulièrement bruyant, les frangins ont laissé tomber leur canne à pêche et ont chuté au sol. Roch se souvient que son frère aîné s'est rapidement relevé et a s'est dirigé vers la résidence familiale, amenant Roch avec lui.

«Il est resté en contrôle.»

«Il avait probablement aussi peur que moi, mais j'ai senti que, là, j'avais un protecteur, quelqu'un sur qui je pouvais me fier.»

Au cours des dernières semaines, alors qu'il se trouve à des milliers de kilomètres, à Rome, Marc est devenu le protecteur d'une autre personne qui lui est chère : sa mère.

Le mois dernier, peu de temps après l'annonce de la démission du pape Benoît XVI, il a envoyé un message à sa famille à La Motte.

Il leur a demandé de penser, avant toute chose, au bien-être de leur mère durant une période qui, anticipait-il, se transformerait en tourbillon médiatique.

«Il nous a dit : 'Soyez polis, soyez vigilants, et l'essentiel est de protéger notre mère. N'ouvrez pas la maison à tout le monde..», a relaté Roch en parlant de Marc, qui a eu de la difficulté, dans le passé, à contenir ses émotions lorsqu'il a eu à parler de sa mère à des journalistes.

L'amour du cardinal pour sa famille a par ailleurs été mis à rude épreuve au cours des dernières années.

Son frère Paul Ouellet a été reconnu coupable, il y a quelques années, de deux accusations à caractère sexuel, impliquant deux adolescentes, des incidents survenus durant les années 80.

Marc, qui était l'archevêque de Québec à l'époque, a refusé de commenter sur le dossier impliquant son frère cadet, qui a acheté des pages publicitaires dans des journaux pour donner sa version des événements.

Mais selon Roch, Marc et Paul se parlent régulièrement.

«Ce sont deux frères qui se parlent beaucoup. Ils se sont toujours parlés, ils ne se sont jamais perdus de vue», souligne Roch, tout en ajoutant que la famille affiche le même degré d'affection pour tous les membres du noyau familial. «L'amour fraternel a été pas mal plus fort que toutes les histoires qui sont autour et, que de toute façon, les gens ne connaissent pas.»

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