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Procès en Égypte: nouvelles tensions au Caire et à Port-Saïd après un verdict qui ne satisfait personne

Nouvelles tensions en Égypte
Egyptian protesters shout anti-Mohammed Morsi slogans before clashes in front of the presidential palace in Cairo, Egypt, Friday, Feb. 1, 2013. Thousands of Egyptians marched across the country, chanting against the rule of the Islamist President Mohammed Morsi, in a fresh wave of protests Friday, even as cracks appeared in the ranks of the opposition after its political leaders met for the first time with the rival Muslim Brotherhood. (AP Photo/Amr Nabil)
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Egyptian protesters shout anti-Mohammed Morsi slogans before clashes in front of the presidential palace in Cairo, Egypt, Friday, Feb. 1, 2013. Thousands of Egyptians marched across the country, chanting against the rule of the Islamist President Mohammed Morsi, in a fresh wave of protests Friday, even as cracks appeared in the ranks of the opposition after its political leaders met for the first time with the rival Muslim Brotherhood. (AP Photo/Amr Nabil)

Deux manifestants sont morts samedi 9 mars au Caire lors de heurts avec la police. Plus tôt, le siège de la Fédération égyptienne de football et des bâtiments appartenant à un club de foot de la police ont été incendiés dans la capitale égyptienne. Des violences commises par des supporteurs du club de football cairote al-Ahly, mécontents après une décision de justice qu'ils jugent trop clémente et l'acquittement de plusieurs policiers.

La justice égyptienne avait prononcé dans la matinée des peines de prison et confirmé des condamnations à mort contre des personnes jugées pour un drame survenu en février 2012. 74 personne avaient trouvé la mort, dont une majorité de supporteurs d'al-Ahly, à l'issue d'un match à Port-Saïd (nord-est de l'Égypte) contre l'équipe locale, le club al-Masry. Ce drame -le plus meurtrier du football égyptien- s'était produit après la victoire des locaux.

"À la fin du match, raconte Le Monde, les supporteurs du Masry de Port-Saïd ont envahi la pelouse à la poursuite des joueurs de l'équipe adverse. Assaillis à coups de jets de pierres, de bouteilles et de fusées de feux d'artifice, ces derniers ont fui vers les vestiaires. Leurs propres supporteurs sont descendus à leur tour sur le terrain, provoquant une mêlée meurtrière de près d'une heure au cours de laquelle des dizaines de personnes sont mortes écrasées, atteintes par des projectiles ou étouffées entre la pelouse du stade et les couloirs de l'édifice".

Regardez les images du drame :

Samedi, le tribunal du Caire a confirmé les peines de mort prononcées en janvier dernier contre 21 personnes jugées dans cette affaire, qui concerne au total 73 inculpés. Parmi les 52 personnes restantes jugées samedi, 24 -dont deux policiers- ont été condamnées à des peines allant de un an de prison jusqu'à la réclusion à perpétuité. Les 28 autres -dont sept membres de la police- ont été acquittées.

Les supporters d'al-Ahly avaient menacé de semer le "chaos" dans la capitale si les accusés, notamment les policiers, étaient acquittés.

En début d'après-midi, les pompiers tentaient d'éteindre le feu qui s'est propagé dans le bâtiment de la fédération, situé dans le même quartier que le club de la police.

Des supporteurs d'al-Ahly ont envahi le complexe situé sur une île au milieu du Nil et y ont mis le feu, a indiqué un responsable des services de sécurité. Des résidents du quartier utilisaient des tuyaux d'arrosage pour tenter d'éteindre les flammes. D'autres bâtiments ont eu leurs vitres brisées.

Des centaines d'Ultras se dirigeaient également vers le ministère de l'Intérieur, proche de la place Tahrir, dans le centre-ville, a rapporté la télévision d'Etat.

Violences aussi à Port-Saïd

Les condamnations à la peine capitale prononcés en janvier avaient provoqué des violences meurtrières ces dernières semaines à Port-Saïd. Les manifestants avaient notamment attaqué les bâtiments des forces de sécurité et des heurts avec la police avaient fait plus de 40 morts, poussant le président islamiste Mohamed Morsi à déployer l'armée pour soutenir la police.

La tension, toujours émaillée d'affrontements parfois meurtriers avec la police, s'est accrue depuis une semaine après l'annonce du transfert hors de la ville de prisonniers inculpés dans le cadre de ce procès.

Samedi, le verdict a ravivé les violences aux bords du canal de Suez, des centaines de manifestants bloquant le trafic des ferries qui permettent à la population de se rendre sur la rive opposée. Ils ont incendié des pneus et déployé une banderole réclamant "l'indépendance pour Port-Saïd" et scandé "invalides, invalides!" pour qualifier les jugements de la cour.

Au-delà du football

Nombre d'Egyptiens pensent que l'affaire a été fomentée par d'anciens partisans du président Hosni Moubarak, renversé début 2011, afin d'attiser les tensions dans le pays. La police avait d'ailleurs été mise en cause pour sa passivité.

"Ces verdicts ne touchent pas ceux qui ont réellement perpétré le crime, les chefs du ministère de l'Intérieur et les membres du conseil militaire" au pouvoir au moment de l'affaire, a estimé le Mouvement du 6-Avril, une organisation de jeunes pro-démocratie.

Ces violences ont alourdi le climat en Egypte, qui connaît une transition politique chaotique jalonnée de violences, deux ans après la chute de Hosni Moubarak et près de neuf mois après l'élection de Mohamed Morsi, fortement contesté par une partie de la population.

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