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Adoption gai: les enfants vont aussi bien voire mieux que les autres

Les enfants adoptés par les couples homosexuels vont très bien
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ADOPTION - Selon une nouvelle étude du Centre sur les recherches familiales de l'Université de Cambridge, les enfants adoptés par des couples homosexuels vont aussi bien - voire mieux pour les enfants vivant avec des couples homosexuels masculins - que les enfants adoptés qui grandissent au sein de couples hétérosexuels.

Si cette étude n'a porté que sur 130 familles adoptives, ce qui est un échantillon faible, elle se distingue par le détail avec lequel les chercheurs ont évalué et mesuré le bien être des enfants. C'est du reste la première du genre puisque la Grande-Bretagne autorise l'adoption par des couples homosexuels depuis 2005. Outre-Manche, environ soixante enfants sont adoptés chaque année par des couples homosexuels.

Ces enfants font-ils face à de plus grandes difficultés que les enfants adoptés par des couples hétérosexuels? Sont-ils davantage marginalisés? Éprouvent-ils de plus grandes difficultés à se construire? Pour le savoir, les chercheurs ont tout simplement comparé leur bien être à celui d'enfants adoptés par des familles hétérosexuelles.

Parmi les 130 familles qui ont donc participé à cette étude, 41 avaient un couple de pères homosexuels à leur tête, 40 étaient composées d'un enfant et de deux mères lesbiennes et les 49 autres familles étant composées de parents hétérosexuels.

Ni perturbés ni marginalisés

L'un des principaux buts de cette recherche était d'évaluer l'impact de l'adoption par des couples homosexuels sur la construction de l'identité de l'enfant, mais aussi sur leur insertion sociale, notamment vis-à-vis des autres enfants. Deux points importants sur lesquels de fortes réserves avaient été émises avant que la loi autorisant l'adoption par des couples homosexuels ne soit votée en 2005.

Pour savoir si ces craintes étaient justifiées, les chercheurs ont donc recueilli la parole des enfants et des parents, notamment en leur rendant visite, mais aussi en les invitant à répondre à des questions écrites. Il en est allé de même avec l'entourage de ces enfants, et en particulier de leurs enseignants à l'école. Dernier élément du procédé, les chercheurs ont enregistré des scènes de vie entre parents et enfants qu'ils ont analysées par la suite.

Malgré le nombre nécessairement limité des participants à cette étude, les chercheurs ont tenté d'éliminer tous les biais possibles en terme de profil des familles étudiées. Le Professeur Susan Golombok qui a dirigé la publication explique:

"Nous avons travaillé avec près de 70 agences d'adoption à travers la Grande-Bretagne pour trouver les familles participantes. Celles-ci partageaient les mêmes caractéristiques en termes d'origine ethnique, de statut socio-économique et de niveau d'éducation."

Bilan: au regard des réponses apportées par les enfants, les parents et les enseignants, l'identité et l'acceptation de ces enfants par les autres n'ont pas semblé poser de problème particulier. Lors des conversations, certains parents ont émis quelques inquiétudes qui concernaient l'avenir, et notamment l'âge de l'adolescence.

Lors des entretiens, les enfants qui étaient en âge de s'exprimer et qui ont souhaité le faire ont tous rapporté que leurs parents abordaient ouvertement la question de l'adoption et reconnaissaient l'importance pour l'enfant de maintenir une forme de contact avec leurs parents biologiques. En Grande-Bretagne, de nombreux enfants sont en effet adoptés après que les services sociaux les aient retirés à leur familles, ce qui a parfois mené à des abus dénoncés par la presse.

Des pères homosexuels plus heureux

"Nous avons trouvé bien plus de similarités que de différences parmi ces familles," résume Susan Golombok. Les différences qui ont émergé, explique l'étude, concernaient surtout le niveau de symptômes dépressifs parmi les parents, sensiblement moins élevés parmi les pères homosexuels. Néanmoins, le niveau de symptômes dépressifs évalués parmi les mères lesbiennes et les parents hétérosexuels étaient en-dessous de ce qui était globalement observé en Grande-Bretagne.

Une autre grande différence avait trait aux parcours vers l'adoption. Si celle-ci constituait un choix de seconde main pour la majorité des couples hétérosexuels, mais aussi quelques couples lesbiens, elle était évidemment le seul choix possible pour les couples homosexuels masculins. La majorité des couples hétérosexuels et lesbiens avaient en effet adopté à la suite de problèmes de fertilité alors que seul un couple homosexuel avait tenté de concevoir un enfant à l'aide d'une mère porteuse, sans succès.

Le processus d'adoption s'est néanmoins déroulé "positivement" pour la majorité des familles, même si quelques couples homosexuels ont ressenti un manque d'expérience du côté des agences d'adoption, un des hommes s'étant vu raccroché à la figure par un responsable administratif après avoir indiqué que son partenaire était du même sexe.

"Être adopté rend les enfants différents au regard de leurs pairs, être adopté par des couples de même sexe pourrait ajouter un degré de plus à ce sentiment. Les entretiens avec les parents ont montré qu'ils étaient parfaitement conscients de ces enjeux supplémentaires auxquels eux et leurs enfants font face," conclut l'étude.

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