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«Dead Man Walking» à l'Opéra de Montréal: pour ou contre la peine de mort? (ENTREVUES/VIDÉO)

«Dead Man Walking» à l’Opéra de Montréal: pour ou contre la peine de mort? (ENTREVUES/VIDÉO)
Courtoisie

Véritable plaidoyer contre la peine de mort, l’histoire de Sœur Helen Prejean a inspiré le film La Dernière Marche, avec Susan Sarandon et Sean Penn, en 1995. Presque 20 ans plus tard, le metteur en scène Alain Gauthier est celui à qui l’Opéra de Montréal a confié la destinée de Dead Man Walking, qui sera présenté du 9 au 16 mars à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Lorsqu’elle a commencé à exercer un ministère en prison en 1981, Sœur Prejean a rencontré Patrick Sonnier, condamné à mort pour le meurtre de deux adolescents. Elle accompagnera l’homme pendant trois ans, jusqu’à son exécution sur la chaise électrique en 1984. Au cours des trois dernières qui ont suivi, cette femme de cœur a accompagné six autres condamnés à mort.

Toujours aussi convaincue de la justesse de sa cause, Sœur Prejean ne cessera jamais de se battre contre la peine de mort. «Il faut continuer d’éduquer la population à ce sujet», dit-elle. Je comprends tout à fait que les gens soient furieux lorsque des crimes ignobles sont commis, mais ils doivent comprendre à quel point le processus de condamnation est incongru. Les statistiques démontrent que les pauvres et les personnes de couleur sont plus souvent ciblés par les condamnations à mort. Plusieurs d’entre eux n’ont pas les moyens d’être défendus par de bons avocats. Depuis 40 ans, 149 condamnés à mort ont été innocentés.»

Bien que le Parlement canadien ait interdit la peine de mort en 1976, Sœur Prejean se dit particulièrement concernée par les sondages d’opinion favorables aux sentences mortelles au pays. «Si les gens savaient ce qui se produit lors d’une condamnation, ils changeraient d’avis. Lorsque j’ai assisté à une électrocution pour la première fois, je me rappelle être sortie de la prison, en plein milieu de la nuit, après avoir vu un être humain se faire tuer sous mes yeux. Je m’étais alors demandé ce que vivaient les gardiens qui se chargeaient de l’exécution, ceux qui doivent escorter le condamné, l’attacher et le tuer. C’est complètement inhumain. Les gens doivent comprendre qu’on peut se protéger autrement qu’avec la peine de mort.»

Après avoir vu son histoire portée au grand écran, Sœur Prejean se dit enchantée de voir l’opéra s’en emparer. «La musique et le drame vont plonger les spectateurs au cœur du conflit. L’opéra est le parfait véhicule pour toucher l’âme des gens et leur faire comprendre comment fonctionne le système de justice.»

Le Québécois Alain Gauthier est celui à qui revient la tâche de mettre en scène ce drame tragique. «Dead Man Walking est un opéra sans flafla où l’on doit porter une grande attention aux détails», explique-t-il. «J’avais le défi de maintenir l’équilibre entre la grandiloquence théâtrale du drame et la vérité de l’histoire qui se déroule sous nos yeux. Le spectacle se concentre sur les personnages et le drame humain, sans pour autant créer un documentaire. C’est très intéressant pour le public.»

En plus de laisser place à une écriture symphonique et moderne, Dead Man Walking intègre plusieurs styles musicaux issus du sud des États-Unis, où l’histoire originale s’est produite. «On retrouve des passages de jazz, de gospel et de music-halls américains. Nos musiciens vont même jouer un peu de rock. C’est une partition musicale absolument réussie qui contient des moments plus récitatifs et de grands chœurs tout-puissants. La tension entre les deux types d’émotions est très forte.»

Heureux de pouvoir mettre en scène son premier opéra contemporain, Alain Gauthier était également ravi de retrouver le baryton Étienne Dupuis, qui tient le rôle principal. «Étienne, c’est mon idole. C’est un jeune chanteur tellement talentueux qui sait intégrer plusieurs notions musicales et dramatiques à son art. On a une relation très ouverte au niveau artistique. On se dit tout. On est comme un couple qui fonctionne bien.»

Le premier rôle féminin sera quant à lui défendu par la Canadienne Allyson McHardy, qu’a pu rencontrer Sœur Helen Prejean cette semaine. «Son rôle la pousse dans des extrêmes fascinants. Quand on la voit rencontrer la famille de la victime et ressentir toute leur souffrance, on ne peut qu’être en faveur de la peine de mort. Ensuite, elle rencontre le condamné et sa mère, qui tente de le faire épargner. Sa situation est déchirante. Elle sera dans mes souliers, dans mon cœur et dans ma tête. Ce sera un grand moment.»

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