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Claude Patry du NPD passe au Bloc québécois (VIDÉO)

Claude Patry du NPD passe au Bloc québécois (VIDÉO)

OTTAWA - Le Nouveau Parti démocratique (NPD) perd un député: Claude Patry, qui représente Jonquière-Alma, s'est joint jeudi au Bloc québécois.

Et même si son ancien chef, Thomas Mulcair, le somme de démissionner de son siège et de faire face aux électeurs, M. Patry a été sans équivoque: «je ne démissionnerai pas», a-t-il affirmé.

Pour justifier son changement de parti, M. Patry a cité deux positions du NPD avec lesquelles il est en désaccord. D'abord, celle sur la clarté référendaire ainsi que l'appui néo-démocrate à la décision du fédéral d'offrir une garantie de prêt à Terre-Neuve pour le projet hydro-électrique du Bas-Churchill. La vente d'électricité de cette province sera en concurrence avec celle du Québec, qui n'a pas reçu d'aide financière d'Ottawa.

M. Patry a dit jeudi qu'il refusait de «se mettre à genoux».

Le nouveau député bloquiste, qui a voté en faveur de la séparation du Québec lors des deux référendums, a affirmé s'être joint au NPD en 2011 parce qu'il croyait que le parti allait incarner le changement.

«Je pensais qu'on pouvait faire les choses autrement», a déclaré M. Patry, nerveux, lors d'un point de presse à Ottawa, pour justifier sa décision d'avoir joint les rangs d'un parti fédéraliste.

«Comme beaucoup de Québécois en 2011, j’ai cru que le NPD agirait différemment des libéraux et des conservateurs et qu’il reconnaîtrait véritablement les aspirations de la nation québécoise», a-t-il poursuivi.

Mais ce n'est pas le cas, a-t-il conclu, presque deux ans après l'élection.

Et si ceux qui l'ont élu ne sont pas satisfaits d'être dorénavant représentés par un parti souverainiste, «les élections sont bientôt, en 2015», a-t-il rétorqué.

En conférence de presse, entouré des quatre députés de sa nouvelle famille politique et de son nouveau chef, Daniel Paillé, M. Patry a insisté pour dire que certaines choses ne sont pas négociables.

La loi sur la clarté référendaire était une initiative de Stéphane Dion du Parti libéral qui définit les modalités en cas de sécession d'une province. Elle visait particulièrement le Québec et a été adoptée dans la foulée du référendum de 1995.

Le Bloc a déposé un projet de loi visant à l'abolir mais le NPD a répliqué en déposant un projet de son cru. Il prévoit un rôle pour le gouvernement du Canada: dans l'éventualité où il jugerait la question posée aux Québécois trop floue, il devrait en aviser Québec ainsi que la Cour d’appel du Québec. La Cour aurait alors 60 jours pour rendre sa décision.

«Depuis le début du débat sur l’abrogation de la loi sur la clarté, j’ai été secoué par la réaction des députés fédéralistes en cette Chambre, a dit M. Patry. Cela m’a amené à amorcer une réflexion. J’ai consulté mes proches, et j’en suis venu à la conclusion que la reconnaissance de la nation québécoise est incompatible avec le maintien d’une loi qui impose des conditions au Québec. Or, la proposition du NPD, tout comme l’actuelle loi sur la clarté, va à l’encontre de ce principe fondamental.

«Je ne veux pas voter contre mon monde, contre ma province, contre le Saguenay-Lac-Saint-Jean», a indiqué le nouveau député du Bloc au sujet du projet de loi bloquiste qui vise à abolir la loi sur la clarté. Il estime qu'il revient à Québec de déterminer les conditions d'un prochain référendum.

Le chef néo-démocrate, Thomas Mulcair, croit que M. Patry doit maintenant démissionner.

Il a fait valoir que les positions de son parti avaient été endossées par tous lors de la dernière campagne électorale. La plateforme était connue, tout comme la nature «fédéraliste» du parti et M. Patry ne pouvait pas l'ignorer, a-t-il souligné.

Il a aussi rappelé que Claude Patry avait voté en faveur d'une motion du NPD qui visait à interdire les transfuges d'un parti à l'autre. Si cela devait se produire, la motion prévoyait que le député devait démissionner et faire face à ses électeurs dans une élection partielle.

«Si M. Patry a le courage de ses convictions, il doit démissionner, a insisté M. Mulcair. Il ne cesse de dire qu'il a consulté beaucoup de monde, mais il n'a pas consulté ses électeurs», a-t-il fait valoir.

«M. Mulcair n'est plus mon chef», a répliqué M. Patry après les semonces de ce dernier.

«Je vais aller voir mes gens, je vais leur expliquer», a-t-il indiqué. Il n'a pas semblé faire grand cas de son vote sur la motion des «transfuges», laissant entendre qu'il n'avait pas le choix car tout le caucus a voté en faveur. «C'est un irritant qui fait partie de la politique», a-t-il fait valoir.

Thomas Mulcair maintient que le caucus néo-démocrate est uni, et que si M. Patry se présente sous la bannière du Bloc, il sera défait. En 2011, lors des dernières élections, le Bloc n'avait obtenu que 18 pour cent des votes dans cette circonscription.

M. Paillé, le chef du Bloc, a de son côté présenté le geste de M. Patry comme un pas vers les prochaines élections fédérales.

«Ça sent bon pour 2015», a pour sa part lancé le député bloquiste Louis Plamondon, tout sourire.

Le premier ministre Stephen Harper semble aussi se réjouir de la tournure des événements qui met le NPD, son opposition officielle au Parlement, sur la défensive. Il a ajouté son grain de sel.

«Ce n'est pas une grande surprise. Il y a une ambiguïté au caucus NPD au Québec sur l'unité canadienne. Il y a beaucoup de liens entre le caucus québécois du NPD et Québec solidaire et moi je ne suis pas surpris quand je vois un tel développement avec le soi-disant 'bloc orange'», a répondu M. Harper lors d'un point de presse à Rivière-du-Loup.

M. Patry n'a pas voulu dire si d'autres députés du NPD du Québec partagent son malaise au sujet de la loi sur la clarté.

«S'ils ont un peu de fierté québécoise, ça doit les fatiguer un peu», a toutefois relevé M. Plamondon.

Le Bloc québécois compte désormais cinq députés aux Communes.

Le NPD avait aussi perdu l'an dernier une députée, Lise St-Denis, cette fois-là au profit du Parti libéral du Canada.

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